Léry écrit ce livre pour nous faire découvrir une civilisation : les tupinambas, qui formaient à l'époque l'ethnie la plus importante. Il nous présente alors l'homme à l'état de nature, vivant de pêche, de cueillette et d'agriculture. Jusque là, rien de surprenant, du moins jusqu'au chapitre XV où on apprend de cette ethnie qu'elle est cannibale.
Comme le dit Claude Lévi Strauss en introduction, aux yeux de Léry, les Indiens n'ont aucune chance, ils sont définitivement perdus et ne retrouveront jamais leur humanité. Pas de salut pour eux. Pourtant, son double penchant est ce qui fait l'originalité de l'œuvre, et il s'exprime dans la fascination de Léry pour les Indiens : il voudrait être parmi eux. D'ailleurs, le parallèle final avec la cruauté exercée par les catholiques durant les massacres de la saint Barthélémy exprime bien cette volonté d'humanisation des Indiens.
[...] (L12-13) Pour tenter une autre fois d'atténuer les effets barbares du cannibalisme, lorsqu'il énumère les membres du corps mangés, des extrémités des orteils au sommet de la tête il exclut la cervelle à laquelle ils ne touchent point Même si l'on peut percevoir son ironie appuyée, il s'agit d'une exception qui semble vouloir les excuser : en excluant la cervelle, les Amérindiens ne touchent pas à ce qui différencie l'homme de l'animal : la pensée, l'intelligence. Cela prouve qu'ils ont un minimum de sens moral, de la dignité dans leur sauvagerie. 20) Léry explique aussi ce phénomène de cannibalisme par la dimension spirituelle de l'ethnie. En effet, il nous rappelle que cet acte d'anthropophagie fait partie intégrante des convictions de leur culture. Par exemple, il voit dans les flûtes et pipeaux fabriqués par les restes humains une association entre mort cruelle et musique. [...]
[...] Il s'approche d'elle et lui propose de prier Dieu, lui disant qu'il va intervenir pour la sauver. La femme se met alors à rire, déclarant que Dieu n'y était pour rien, que c'était son tour d'être mangée, et qu'elle espérait que sa viande serait bonne Jean de Léry termine : et, tout en riant, elle s'avança, fit un signe au bourreau et elle mourut ainsi Le paragraphe qui vient après le passage étudié montre que la haine de l'ennemi prévaut sur l'amour maternel, qui pourtant existe chez les Indiennes. [...]
[...] Ces événements sont relatés dans l'Histoire mémorable du siège de Sancerre, que Léry fait publier en 1574, et remettent en doute la moralité des humains civilisés, face au comportement similaire des Indiens, même si les motifs de cet acte ne sont pas les mêmes. L'argumentation pertinente de Léry excuse même partiellement les sauvages, qui eux ne pratiquent le cannibalisme que sur leurs ennemis, alors que les catholiques le font sur leurs concitoyens, leurs voisins. Cette défense suggérée des Indiens est peut-être due au caractère hésitant de Léry, partagé entre l'enthousiasme pour la générosité sans failles de ce peuple et son dégoût de la pratique cannibale qu'ils exercent. [...]
[...] Les tupinambas veulent tous leurs ennemis, en plus grand nombre possible. (L.2) On en donne l'image d'une meute autour d'un morceau de viande, ils perdent de leur humanité sous la plume de Léry, qui les décrit Réjouis à l'entour des boucans Léry exagère leur dimension animale avec les termes œillades et regards furibonds On pourrait presque y voir une personnification des Indiens en loups. On les imagine même en avoir l'eau à la bouche. Theodoro de Bry (1590/1634), Banquete antropofágico Léry met en valeur l'admiration, l'engouement des Indiens face à la pratique du cannibalisme, ils louent leur prise à la manière d'un chasseur sur son gibier. [...]
[...] Histoire d'un voyage faict en la Terre du Brésil - Jean de Léry - Extrait P.365- Luís Teixeira 1574 Extrait Léry P.365-369 Léry écrit ce livre pour nous faire découvrir une civilisation : les tupinambas, qui formaient à l'époque l'ethnie la plus importante. Il nous présente alors l'homme à l'état de nature, vivant de pêche, de cueillette et d'agriculture. Jusque là, rien de surprenant, du moins jusqu'au chapitre XV où on apprend de cette ethnie qu'elle est cannibale. Comme le dit Claude Lévis Strauss en introduction, aux yeux de Léry, les Indiens n'ont aucune chance, ils sont définitivement perdus et ne retrouveront jamais leur humanité. [...]
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