Elie Guéraut se donne pour objectif d'analyser les pratiques de sociabilité dans la construction d'un collectif dans une ville moyenne en France. Il reprend la méthode classique de l'ethnologie française en adoptant une enquête multi-située dans le cadre d'espaces sociaux localisés. L'apparition des technologies de l'information et de la communication (TIC) n'a pas changé radicalement les pratiques de sociabilité. Les pratiques de sociabilité numériques prolongent plutôt les pratiques physiques qui participent à la construction d'un collectif.
[...] Elias prend des exemples : parle « nègre » pour les personnes de couleur, de « youpin » pour les Juifs, de « macaroni » pour les Italiens, de « gouine » pour les lesbiennes. La stigmatisation consiste à catégoriser une personne en lui attribuant les caractéristiques supposées de son groupe. Elle a pour effet le constitution d'une image dévalorisante de soi. Par exemple, le commérage est efficace pour humilier justement parce que les victimes elles-mêmes adhèrent, dans une certaine mesure, à l'image négative de leur propre groupe (et donc ne répondent pas). [...]
[...] La publication principale qui relate ces faits est soutenue massivement par les membres du milieu culturel, mais suscite aussi des contradictions et des interventions de personnes extérieures au milieu culturel, ce qui mène à sa suppression. De manière générale, Guéraut reprend la méthode d'Elias et Scotson (1965) sur le sujet : Elias et Scotson réalisent un travail ethnographique sur une banlieue industrielle du centre de l'Angleterre. Cette ville comporte, entre autres, deux quartiers : le village et le lotissement. Le village est le quartier le plus ancien, et le lotissement s'est peuplé pendant la Seconde Guerre mondiale en accueillant des réfugiés londoniens. [...]
[...] Ces quelques familles sont notamment celles qui monopolisent les postes dans les associations. Au contraire, l'image de tous les habitants du lotissement se résume aux quelques familles de délinquants qui y résident. Du coup, les habitants du village refusent les habitants du lotissement dans les pubs et les associations, et apprennent à leurs enfants qu'il ne faut pas jouer avec ceux du lotissement. Au moment où se peuple le lotissement, ceux qui étaient déjà installés ont vu d'un très mauvais oeil les réfugiés de guerre. [...]
[...] Guéraut E., « Quand les sociabilités numériques consolident les frontières sociales », Sociologie 2017, n°1, vol p. 39-56. Elie Guéraut se donne pour objectif d'analyser les pratiques de sociabilité dans la construction d'un collectif dans une ville moyenne en France. Il reprend la méthode classique de l'ethnologie française en adoptant une enquête multi-située dans le cadre d'espaces sociaux localisés. L'apparition des technologies de l'information et de la communication (TIC) n'a pas changé radicalement les pratiques de sociabilité. Les pratiques de sociabilité numériques prolongent plutôt les pratiques physiques qui participent à la construction d'un collectif. [...]
[...] Les sociabilités physique et numérique se complètent mutuellement, servant à définir le milieu culturel par le partage d'un certain goût légitime. Alors que les pratiques de sociabilité physiques permettent l'établissement et la discussion de normes et de valeurs pour le long terme, Facebook est bien plus le lieu de la mise en scène, où chacun se situe dans un temps court. Une différence importante est aussi que sur Facebook, le milieu culturel coexiste avec d'autres groupes alors que le café est en fait quasi exclusivement occupé par lui. [...]
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