« La notion d'obstacle épistémologique »
Ce § forme un tout. Il ne s'interroge pas seulement sur l'opinion en général, ou sur la science, voire leur opposition, mais avant tout sur la formation de l'esprit : l'enjeu est de former une pensée : apprendre à penser et cela, plus précisément, en science. Bachelard parle du point de vue scientifique, non dans l'absolu.
En quoi l'opinion peut-elle constituer un obstacle à la formation de l'esprit scientifique ?
Il y a 2 parties dans ce §. D'abord, ce qui caractérise l'opinion, mais à travers ce qu'elle fait. Ensuite, il caractérise l'esprit scientifique à travers sa démarche et ce qui en est la marque distinctive.
[...] Or, il se trouve que le premier usage, utilitaire, risque de nuire au second et de sombrer lui- même dans le calcul habituel & l'opinion, qui ne fait plus problème, qui ne fait plus question. Si bien qu'à nouveau l'esprit doit revenir à son espace initial et son lieu de formation : le questionnement, sans quoi l'activité spirituelle se bloque et, avec elle, toute éducation vraie (paideia). La possibilité de connaître scientifiquement, en un mot la science dépend donc de la force du questionnement. [...]
[...] On en arrive ainsi à la démarcation de l'esprit scientifique. (2. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et ( ) les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est ( ) ce sens du problème qui donne la marque ( ) scientifique. Non poser les bonnes questions ou les vrais problèmes, car les problèmes n'existent pas en soi, mais seulement en relation à un esprit qui les pose. L'esprit est le problème et le problème est l'esprit lui-même en train de s'exercer. [...]
[...] L'opposition entre les deux est radicale. Ni le but ni le point de départ ne correspondent. Il y a désaccord sur les principes & les fins. La différence est totale et sur toute la ligne. Qu'est-ce donc qui pourrait faire de l'opinion un obstacle si les deux sont aussi étrangères l'une à l'autre ? En effet, l'obstacle ne suppose-t-il pas que les deux se rencontrent au moins sur un point ? Lequel ? Bachelard développe une rencontre possible. S'agit-il alors d'une concession ? [...]
[...] Détruire en effet doit se comprendre surtout pour moi, car c'est en moi que ce premier obstacle est à surmonter et non chez l'autre. La vraie fondation est donc subjective mais au sens de volontaire. Ce n'est pas par sentiment ou affection que je me mets à penser, moins encore par habitude, puisqu'il me faut sans cesse reconquérir cet effort et surmonter des tendances. Je puis rectifier ma pensée, mais de l'opinion que faire d'autre que de l'opinion ? Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. [...]
[...] Mais elle peut être parfaitement claire et être vide. Valéry disait que la clarté est une obscurité consentie. C'est qu'il ne faut pas oublier que nous sommes dans la science et non à côté. Où Socrate est- il mort ? Cela n'est pas confus. Il ne s'agit donc, pour Bachelard, que des questions d'ordre scientifique, formulées en vue de répondre à des difficultés entrevues dans une théorie qui a été construite. Ainsi, pour tester la validité d'un ensemble de procédures, la formulation doit être contrôlable. [...]
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