Bien que son appartenance à l'école durkheimienne ne fait aucun doute, Maurice Halbwachs entreprend d'explorer des domaines novateurs, ou jusqu'alors proscrits par ce courant sociologique, très dominant au début du XXe siècle. Ainsi, cette tradition sociologique avait tendance à considérer la mémoire comme relevant de l'étude psychologique. Or, dans cet ouvrage, Halbwachs tente de démontrer en quoi la mémoire est un phénomène généré par le social.
D'une part, à travers l'étude de la mémoire familiale, Halbwachs montre dans cet extrait de quelle façon la mémoire collective subordonne la mémoire individuelle. En effet, les pensées individuelles n'ont du sens qu'agrégées, lorsqu'elles constituent la pensée collective. A l'instar d'Emile Durkheim, c'est une approche holiste de la société et, en l'occurrence de la famille, que nous présente l'auteur.
[...] Page 146 de notre extrait. Page 149. Ibidem. Page 151. Page 151. Page 152. [...]
[...] Extrait de : Maurice Halbwachs, "Les Cadres sociaux de la mémoire", Albin Michel, Paris pages 146-152 Bien que son appartenance à l'école durkheimienne ne fait aucun doute, Maurice Halbwachs entreprend d'explorer des domaines novateurs, ou jusqu'alors proscrits par ce courant sociologique, très dominant au début du XXe siècle. Ainsi, cette tradition sociologique avait tendance à considérer la mémoire comme relevant de l'étude psychologique. Or, dans cet ouvrage, Halbwachs tente de démontrer en quoi la mémoire est un phénomène généré par le social. [...]
[...] Halbwachs met ainsi l'accent sur l'importance des représentations collectives qui déterminent les pensées individuelles : De tels sentiments, si spontanés soient-ils, suivent des chemins tracés d'avance, et qui ne dépendent point de nous, mais dont la société a pris soin d'arrêter la direction.[2] Bref, la hiérarchisation dans la famille, les rapports de forces, et l'armature du groupe familial sont codifiés et régulés par ces pensées collectives : L'expression des sentiments ne s'en règle pas moins sur la structure de la famille : or c'est ce qui importe, sinon pour l'individu, du moins pour que le groupe conserve son autorité et sa cohésion.[3] D'autre part, quels sont les déterminants de cette structure familiale ? Et comment s'effectue sa perpétuation ? Halbwachs élabore une comparaison entre groupes familiaux à travers les époques et les cultures. Ce qu'il en retient est que la mémoire est socialement conditionnée, car chaque culture établit des cadres sociaux délimitant son exercice. Les règles d'une société influent sur les codes familiaux, qui eux-mêmes cadrent l'individu. [...]
[...] [Ce cadre] participe de la nature de ces notions collectives qui ne se placent ni en un lieu, ni à un moment défini, et qui semblent dominer le cours du temps.[6] Finalement, certains éléments dans cet extrait nous permettent d'appréhender certaines ruptures intellectuelles et méthodologiques entre la sociologie durkheimienne et celle de Halbwachs. Celui-ci apparaît comme étant moins catégorique que Durkheim concernant les théories qu'il avance : le doute semble possible. De plus, on peut rapprocher l'idée des modèles familiaux - développés ici - des théories interpsychologiques de Gabriel Tarde, pourtant grand opposant des études durkheimiennes. La notion de classe sociale, développée par Halbwachs notamment dans La classe ouvrière et les niveaux de vie, n'a pratiquement jamais été évoquée par Durkheim, et paraît aussi très éloignée de ses préoccupations théoriques. [...]
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