Étudiants en fastfood: les usages sociaux d'un petit boulot - in travail et emploi (2000)

Résumé du document

L'article date de 2000 et est tiré de travail et emploi, revue de recherches en sciences sociales. Il s'intitule « Étudiant en fastfood: les usages sociaux d'un petit boulot ». Plusieurs auteurs ont coécrit cet article, il s'agit de Vanessa Pinto, Damien Cartron et Guillaume Burnod, tous trois alors étudiants. L'article s'appuie sur trois monographies réalisées indépendamment des autres et réalisés dans le cadre de leur formation.
Damien Cartron s'est immergé pendant trois mois dans un fastfood à Paris, il y mène une observation participante et étudie le lien entre organisation et intensité du travail. Vanessa Pinto et Guillaume Burnod se sont immergés dans deux restaurants d'enseignes concurrentes et ont effectué leur travail sur une base d'entretiens. Ils s'intéressent au travail d'équipier et cernent « les caractéristiques sociales et les trajectoires des employés ». Ce travail de terrain tire une analyse fine des ajustements entre les propriétés sociales des étudiants et le mode d'organisation du travail centré sur la polyvalence, la flexibilité et l'intensité.

Extraits

[...] Les villes étudiantes accueillant les fastfoods bénéficient d'une main d'œuvre dense et surqualifiée. De ce fait les entreprises profitent de la raréfaction de l'emploi pour embaucher des personnes hautement qualifiées. Estime de soi La distance avec le job étudiant est fortement marquée dans les esprits des étudiants qui aspirent à un vrai travail, qui par définition est un travail pour lequel on se tuerait à la tâche, on se montrerait intéressés et motivés et qui serait avant tout un travail valorisant puisque qualifié. [...]

[...] Perdurée dans un travail dit «provisoire» au début. Pour comprendre le faite qu'une partie des étudiantes restent relativement longtemps dans ces emplois (plus en tout cas qu'ils ne l'envisageaient au début). Il faut en dans un premier temps analyser les profils des différentes étudiantes. Il y a tout d'abord, les jeunes qui ont un réel besoin financiers, (à qui ce travail va procurer une rémunération et une autonomie financière) dont les parents touchent de modestes revenus, et ne peuvent financer des études universitaires qui représentent Sociologie du travail Page 10 un investissement à long terme et aux gratifications incertaines. [...]

[...] Il ne doit pas, durant son travail, montrer ses émotions. Le manager s'assure donc que le candidat pourra supporter la pression en lui posant certaines questions. Le jeune doit être de bonne humeur et ne pas laisser sa vie privée prendre le dessus sur ses tâches à effectuer. Il est également important qu'il soit autonome afin de ne pas avoir à attendre qu'on lui dise ce qu'il doit faire. Enfin, le manager peut, lors de l'entretien, lui demander de donner ses trois principaux défauts et qualités. [...]

[...] Toute les tache des équipiers sont codifier, un hamburger se fabrique de tel manière les machines se nettoient de tel manière. Les caisses des fast-foods étudiés sont des mini pc relié en réseau qui permettent de connaitre le chiffre d'affaires des salariés. Les employés des fast-foods sont gérés par une organisation marchande qui à pour but selon l'auteur de faire descendre à tous les niveaux hiérarchiques l'obligation de satisfaire le client. Intensité du travail Selon l'auteur c'est la conjonction des contraintes industrielle et marchande qui rend la pression sur le travailleur beaucoup plus forte que la présence d'une seul de ces deux contraintes C'est donc le système d'organisation du travail qui rend le travail des équipiers aussi intense. [...]

[...] Par ailleurs, le poste d'équipier véhicule une image peu glorieuse et est souvent Sociologie du travail Page 2 dénigrée. Les étudiants ont un statut particulier, le fastfood représente une situation de travail déqualifié, ces étudiants n'ont pas de réseaux professionnels et leurs formations sont celles dont on dit qu'elles sont dévalorisées ou floues. Il semble qu'ils se trouvent dans un entre deux, pris entre les aspirations entretenues par l'université et en même temps rattrapés par la réalité, celle de ne pas pouvoir accéder au métier de leur choix malgré le diplôme. [...]