"Qu'est-ce que l'intégration?", Dominique Schnapper, politiques d'intégration, acculturation, assimilation, discriminations, Durkheim, intégration normative, immigrés
Le débat autour de l'intégration commence autour du terme même. En effet, le sens politique du mot rend son emploi délicat: les « politiques d'intégration » sont souvent mal perçues car elles s'adressent à une population spécifique qui se sent alors stigmatisée. Cette connotation réduit la portée heuristique des études sociologiques qui ne peuvent se passer de l'utilisation de ce terme, même détérioré par son usage dans les débats publics.
[...] En 2004 est créée une Haute Autorité de lutte contre les discriminations (HALDE). S'il ne faut pas confondre l'intégration comme résultat recherché ou proclamé des politiques publiques et l'intégration en tant que processus social spontané survenant à travers les interactions entre majorité et groupe minoritaires, l'interrogation fondamentale reste la même : Quel est le sens de l'“intégration républicaine”, principe ou philosophie de l'intégration sociale dans les sociétés de citoyens ? (P.25.) I/La tradition de pensée sociologique Comment maintenir les liens sociaux dans une société de plus en plus fondée sur la souveraineté de l'individu lorsque même la tradition et la religion reculent ? [...]
[...] Ce n'est pas la faible intégration qui explique la délinquance, mais la contradiction entre la forte intégration des individus au sous-groupe délinquant combiné à leur faible intégration à la société globale (p.47). Albert Cohen montre alors l'existence d'une sous-culture qui est la négation de la culture dominante et qui répond ainsi aux frustrations sociales d'une classe populaire qui n'a pas les moyens pour s'adapter à un monde dont les valeurs sont celles de la middle class. C'est une conséquence des échecs de l'intégration sociale. [...]
[...] Chaque fois que l'on interroge la population sur ce qui distingue le national de l'étranger, c'est le droit de voter qui est immédiatement invoqué. La dignité de l'homme moderne repose également sur son activité de producteur et le travail reste le grand intégrateur de la société (Yves Barel Le grand intégrateur), même si certains se basent sur la diminution du temps de travail, celle de la durée de la vie active et l'augmentation du nombre des statuts précaires pour contester ce paradigme. [...]
[...] De plus, une telle institutionnalisation des groupes culturels contribue à les faire exister de manière permanente alors qu'ils sont destinés à évoluer avec la société. Leur reconnaissance publique risquerait donc de consacrer et de cristalliser les particularismes aux dépens de ce unit les citoyens, d'organiser les replis des individus. Les penseurs d'un multiculturalisme modéré tiennent compte de ces risques et posent des conditions à la mise en œuvre d'une politique de ce type : les individus ne peuvent pas être forcés d'appartenir à un groupe particulier, on ne doit reconnaître que des cultures qui ne comportent pas de traits incompatibles avec les droits de l'homme et les groupes doivent être égaux. [...]
[...] Mauss adopte la même définition que Durkheim : l‘intensité des relations entre les individus est une condition de l‘intégration sociale et nationale. La nation moderne est intégrée par ses institutions : un État central, des frontières d'une race, d'une civilisation, d'une langue, d'une morale, en un mot d'un caractère national et, surtout, l'absence de corps intermédiaires, la citoyenneté et la réciprocité des prestations Halbwachs parle de foyer où agissent les individus les plus convaincus qui assurent l'intégration des différents groupes en entretenant les relations entre leurs membres et les valeurs qui les lient les uns aux autres. [...]
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