Sociologue et considéré comme le père de l'ethnologie, Marcel Mauss (1872-1950) est l'auteur d'un essai considéré comme l'un des fondements de l'ethnologie, "Essai sur le don, formes et raisons de l'échange dans les sociétés archaïques publié en 1925. Cet essai regroupe les textes les plus célèbres et les plus pertinents de l'ethnologie, tel Malinowski ou encore Boas autour du thème du don.
Mais plus qu'un essai ethnologique, on constate que Marcel Mauss y décrit aussi les bases de son projet politique, soit le système coopératif. Militant communiste au côté de Jean Jaurès, le neveu de Durkheim donne dans son ouvrage une véritable alternative au bolchévisme et au libéralisme économique en posant le don, et sa morale comme fondement de la société.
[...] Dans le juste milieu, tout est affaire de dosage, de rythme, de circonstances, d'empathie, de personnes, d'étiquette Par delà l'étude des sociétés primitive, Mauss affirme ici un aspect important des coopératives : thésauriser pour mieux rendre intrinsèquement lié au juste milieu. En effet, le don ne doit pas être total, car il doit pouvoir être remboursé. Lors de la création d'une coopérative, chacun des participants donnant une somme, pas nécessairement égale, pour la gestion de l'entreprise et pour les dépenses collectives. Ce don, ne doit pas être dépensé entièrement par le conseil d'administration, mais doit servir à aider, à combler une dépense non prévue, pour rendre le bien du gageur. [...]
[...] Les dons se transmettent et font participer une communauté entière. En décrivant le potlach, Mauss explique bien que la dimension coercitive de la circulation du bien donné est essentielle pour le bien de la communauté, au risque de perdre sa légitimité, son rang. «perdre le prestige, c'est bien perdre l'âme : c'est vraiment la face c'est le masque de danse, le droit d'incarner un esprit, de porter un blason, un totem, c'est vraiment la persona, qui sont ainsi mis en jeu, qu'on perde au potlatch, au jeu des dons, comme on peut les perdre à la guerre ou par une faute rituelle Mauss illustre ici, la dépendance de la solidarité et du bien-fondé des alliances utiles pour la pérennité des coopératives. [...]
[...] Ainsi, par le biais des deux valeurs principales de la morale du don nécessaire à la compréhension du projet politique de Mauss que l'on retrouve dans son Essai, soit le Juste Milieu et la lutte contre l'accaparement d'un seul, le principe de communauté, l'auteur nous donnent les bases du mouvement coopératif qui se place comme une véritable alternative entre un libéralisme de masse et au communisme bolchévique. Nous allons voir maintenant dans quelle perspective nous pouvons dire que le projet politique de Marcel Mauss peut se développer en France aujourd'hui. [...]
[...] Au travers des sociétés primitives, et notamment du Potlach, système de dons/contre-dons dans le cadre d'échanges non marchands des tribus amérindiennes, il explique la notion fondamentale du juste milieu dans le don. Et en érigeant comme roc de morale universel le «juste milieu il propose une alternative et une base aux coopératives. En effet, si les coopérateurs mettent en commun nous explique Mauss, ce don doit être dosé. Un excès, soit trop donner soit donner trop peu nuit à l'esprit et créé des conflits. [...]
[...] Ainsi au terme de cette analyse non exhaustive de la pertinence du projet politique de Marcel Mauss aujourd'hui en France, nous avons pu démontrer que la morale du don, avec notamment le juste milieu et l'alliance contre l'ultralibéralisme, qui se développe dans son essai se pose en base d'un mouvement qui va se prolonger et évoluer jusqu'à aujourd'hui, la coopérative économique. Nous avons vu par ailleurs que les grandes firmes actuelles trouvent leurs origines dans l'entreprise coopérative, mise en avant comme modèle économique en 1920 par Mauss, et que leurs évolutions ne les distinguent plus des grandes entreprises libérales. [...]
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