Dans « Les rites d'interaction » (paru en 1974), Goffman utilise la métaphore religieuse comme cadre de réflexion sur les interactions humaines. C'est ainsi qu'il entend « explorer ici certaines des façons dont, dans notre monde urbain et séculier, la personne se voit impartir une espèce de sacralité qui se manifeste et se confirme au travers d'actes symboliques ». Il va ainsi démontrer qu'en utilisant des rites d'interaction, les individus vont pratiquer une religion visant non pas à adorer la société, mais l'individu lui-même. On retrouve donc chez Goffman des éléments communs avec la sociologie de Durkheim.
Pour étudier les rites d'interactions, Goffman étudie l'hôpital psychiatrique, milieu qu'il connaît déjà puisqu'il a dédié en 1968 l'ouvrage Asiles à l'étude de ces institutions totalitaires. Selon lui « … le lieu le plus indiqué logiquement pour rechercher les propriétés de la personne est celui où des personnes sont enfermées pour leur échec spectaculaire à les conserver. » C'est grâce à son immersion dans un milieu où les pratiques sociales semblent négligées que Goffman se demande en quoi les pratiques sociales cérémonielles fondatrices de la société peuvent-elles être regardées comme des rites célébrant la divinité de l'être humain.
[...] La tenue et la déférence : fondations de la société et célébration du Moi La tenue et la déférence ritualisent l'activité sociale, qui s'entoure de codes et de conventions. Elles permettent ainsi un lien social apaisé, et permettent aux hommes de se construire en temps que société. Mais on peut penser qu'elles sont aussi une sorte de culte à l'individu. A. La pratique cérémonielle est indispensable à la cohésion sociale Les règles cérémonielles : communication entre les êtres La tenue et la déférence sont des règles cérémonielles qui forment une communication entre l'individu et son entourage : elle force l'individu à se tourner vers les autres, pour se soumettre à leur regard ou leur montrer le jugement qu'il porte sur eux. [...]
[...] La pratique cérémonielle permet d'accorder à l'individu un caractère sacré Le respect et la reconnaissance du Moi et de l'autre. Par la tenue et la déférence, on reconnaît le caractère sacré de l'autre, on lui montre du respect. Cela est particulièrement visible dans le cas des rites d'évitement pratiqués dans le but de respecter l'intimité de l'autre ou bien soi même. (le rite d'évitement pour respecter l'intimité de l'autre signifie qu'on le reconnaît, le rite d'évitement pour éviter d'entrer en contact avec une personne ayant une mauvaise tenue permet de se préserver soi-même). [...]
[...] Les règles cérémonielles peuvent être rassemblées sous le nom d'étiquette C'est la règle cérémonielle qui intéresse Goffman, qu'il divise en deux composants essentiels : la tenue et la déférence. B. La tenue et la déférence La tenue Définition : la tenue est définie par Goffman de la façon suivante : j'appelle tenue tout élément du comportement cérémoniel qui se révèle typiquement à travers le maintien, le vêtement et l'allure, et qui sert à montrer à l'entourage que l'on est une personne douée de certaines qualités, favorables ou défavorables Explication : De façon générale, le concept de tenue renvoie à l'apparence physique des individus ainsi qu'à leur comportement. [...]
[...] Déférence et tenue se recoupent souvent car l'accord ou le refus de déférence est le moyen de montrer à un individu s'il a une bonne tenue ou non. Pour obtenir de la déférence, l'individu doit donc contrôler sa tenue, c'est-à-dire cacher les facettes de sa personnalité qu'il sait honteuses afin de se montrer convenable et recevoir en échange la déférence qui lui est due. En ce sens, on peut dire qu'il est inconvenant de réclamer qu'on nous accorde de la déférence. [...]
[...] Erving Goffman, Les rites d'interaction, Paris, Minuit p 43- 85, La tenue et la déférence» Erving Goffman (1922-1982) est un sociologue et linguiste ayant appartenu, dans les années 1940 à la Deuxième école de Chicago. Avec celle- ci, il avait pour but l'étude des institutions ou des milieux professionnels avec des méthodes basées sur une observation précise, proche de l'étude ethnologique. C'est donc cette méthode d'observation méticuleuse qu'il va appliquer dans tous ses ouvrages afin de comprendre les interactions sociales et surtout à leur caractère symbolique. [...]
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