L’Ecologisme des pauvres, vingt ans après : Inde, Mexique et Pérou

Résumé du document

Ce document est un commentaire de texte complet et entièrement rédigé sur l'article « L'écologisme des pauvres, vingt ans après : Inde, Mexique et Pérou », Ecologie & politique, vol. 45, no. 2, 2012, pp. 93-116.

Le commentaire s'interroge sur la manière dont la critique écologique apparaît être une logique plurielle qui démontre les contradictions exogènes du capitalisme autant que les limites extrinsèques de son application. Pour y parvenir, nous reviendrons sur les conditions sociales de production, d'application et de justification du capitalisme afin d'y opposer les pensées contestataires où l'écologie a eu une position mineure (notamment dans le contexte marxiste) mais a bel et bien existé dans des situations contextualisées et transnationales. Enfin, nous reviendrons sur les différentes mobilisations locales et les répertoires d'action mobilisés afin de situer l'espace social de l'usage des ressources naturelles.

Extraits

[...] L'articulation entre la critique économique et la sociologie des acteurs contestataires apparaît centrale dans ce texte. En reprenant la thèse du grand partage développé par l'anthropologue Philippe Descola dans son œuvre, spécifiant le rapport historique de l'Occident dans l'opposition systématique entre Nature et Culture, Joan Martinez Alier nourrit les réflexions sur les modes de mobilisation et d'intégration. Tout cela nous conduit à interroger la manière dont la critique écologique apparaît être une logique plurielle qui démontre les contradictions exogènes du capitalisme autant que les limites extrinsèques de son application. [...]

[...] C'est notamment le cas de l'eau ou du bois forestier au Mexique et au nord de l'Inde. La mise en place de monopole d'Etat ou l'ouverture à la concurrence rend possible une exploitation continue des ressources jusqu'à leur épuisement au nom de la liberté d'entreprise. Cela est particulièrement visible dans les politiques contemporaines où les partisans du néolibéralisme conservateur dépossèdent les autochtones des droits qu'ils avaient difficilement acquis : Jair Bolsonaro vis-à-vis des cultures amazoniennes en fait l'exemple le plus saillant. [...]

[...] L'Ecologisme des pauvres, vingt ans après : Inde, Mexique et Pérou L'article publié dans Ecologie & Politique en 2012, édité par les Presses de Sciences Po est le fruit d'une traduction de la réflexion menée par l'économiste Joan Martinez Alier depuis maintenant plusieurs décennies. Depuis les années 2000 et la publication de l'ouvrage El ecologismo de los pobres, l'auteur s'attache à montrer les limites du capitalisme et du néo-libéralisme au sein de l'écosystème. A travers la notion de dette écologique, il tente de recentrer le débat académique sur la croissance dans une perspective holiste où les externalités environnementales seraient entièrement prises en compte. [...]

[...] En ce sens, le capitalisme bouleverse aussi les formes sociales qu'entretiennent les organisations entre elles. L'institutionnalisation des inégalités a des conséquences sur les causes de l'engagement mais aussi sur les formes de celui-ci. Cet engagement précède presque toujours d'une expérience d'injustice et de dépossession au profit d'entreprises ou de projets politiques sur les territoires. Souvent invisibilisés, les mouvements de lutte doivent alors mettre en place des stratégies de médiatisation et de participation pour non seulement faire connaître leur cause mais surtout provoquer l'indignation des populations qui ne sont pas directement concernées par les projets. [...]

[...] Ces pensées politiques sont dominées dans l'espace de la décision politique. Représentées par des individus minoritaires dans l'espace, c'est l'expérience des inégalités qui pousserait à la mobilisation. En ce sens, l'écologie ne suivrait pas une réflexion a priori mais servirait d'outils pour combattre les effets du capitalisme sur les territoires. On peut regretter l'absence d'une réflexion sur les impacts des territoires sur la mobilisation et, se faisant, d'une focale beaucoup trop matérialiste - c'est l'Homme qui agit sur la Nature et non l'inverse - alors que de nombreuses études tendent à mettre dans une interdépendance ces deux variables. [...]