Dans cette première édition de 1990, l'auteure désire nous révéler par son approche des intérêts objectifs (c'est-à-dire extérieurs aux individus) derrière des choix présentés comme les plus personnels dans le cadre de ceux opérés par les filles dans leur cursus scolaire et après dans celui d'une profession mais aussi dans la division du travail entre les sexes.
La variable sexe n'a quasiment jamais un statut sociologique et c'est donc ce que souhaite nous montrer Marie Duru-Bellat : lui redonner une place même au sein de la sociologie et non plus une dimension seulement biologique. C'est ainsi que l'auteure va tenter dans son ouvrage de « rapprocher les bagages scolaires dont se dotent, aujourd'hui, les garçons et les filles et les rôles sociaux qui les attendent objectivement, que ce soit dans la vie professionnelle ou dans la vie familiale ».
[...] Ce genre de presse est là pour former et maintenir les femmes dans l'exercice de leur rôle social traditionnel. Les livres pour enfants participent également à cette distinction entre homme et femme et leurs stéréotypes respectifs comme nous l'avons déjà vu pour les livres d'école. La famille a tout de même un moyen d'influencer dans le bon sens (c'est-à- dire contre les stéréotypes) leurs filles. Le statut professionnel de la mère et son niveau d'instruction exercent une forte influence sur la façon dont les filles perçoivent les rôles féminins et masculins. [...]
[...] Se pourrait-il que cette opinion soit une sorte de généralité ? Les femmes ayant une certaine vision de l'enseignement et de la façon d'enseigner, les élèves comprendraient-ils mieux les cours réalisés par un enseignant du même sexe qu'eux ? Dans le domaine du travail, si plus de femmes vont travailler, ce n'est pas pour cela que les hommes vont alors plus s'investir dans le travail domestique. L'augmentation va se faire en moyenne, car plus d'hommes devront s'y mettre, mais ce n'est pas pour cela que le temps qui y sera consacré pour chaque homme augmentera significativement. [...]
[...] La famille affecte donc la rentabilisation du diplôme dans la vie professionnelle. Les femmes adapteraient leur investissement scolaire à ce qui les attend dans leur avenir professionnel. Cette vie professionnelle va être pour les femmes d'abord déterminée par leur bagage scolaire (avant d'avoir une famille) puis c'est la famille qui va devenir le facteur dominant. Ce n'est donc pas le fait être une femme qui constitue un handicap, mais essentiellement le fait d'être une femme mariée : ce n'est pas le sexe, mais la famille. [...]
[...] Ces rôles vont "s'ancrer" dans les individus par le biais de la socialisation. L'école, mais aussi la famille et les médias participent à la fabrication des intérêts et motivations et autres aptitudes et performances qui seront étiquetées comme masculins ou féminins. Dès la naissance, les comportements des parents et de la famille vont être différents selon le sexe de l'enfant que se soit dans les jouets offerts (les jouets des filles sont réduits au domestique ou au domaine maternel alors que ceux des garçons sont des jeux d'aventure, d'agression ou de mécanique) qui sont un instrument d'apprentissage des rôles sociaux ; ou dans le comportement même que les parents ont avec leurs filles ou leur fils. [...]
[...] Quelle formation pour quels rôles sociaux ? de Marie Duru-Bellat Marie Duru-Bellat est une sociologue spécialiste des questions d'éducation. Elle est également professeur à l'Université de Bourgogne et chercheur à l'Observatoire sociologique du Changement et à l'Institut de Recherche en Éducation (IREDU). Elle travaille sur les politiques éducatives et les inégalités sociales et sexuées dans le système scolaire. Elle conduit depuis 25 ans des travaux sur le fonctionnement du système éducatif et les inégalités sociales et sexuées afférentes. Elle remet notamment en cause la démocratisation du système éducatif français. [...]
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