Les concepts d'Emile DURKHEIM sont communément acceptés et repris par nombre de sociologues qui tentent, parfois avec succès, de les appliquer à de nouveaux champs d'étude. Il en va ainsi des sociologues des relations internationales, qui tentent par là de créer une sociologie durkheimienne. Néanmoins, quelle pensée Emile DURKHEIM lui-même nous a-t-il laissée concernant les relations internationales ? C'est la question que se pose Frédéric RAMEL, maître de conférence à l'université Jean Moulin (Lyon 3). Frédéric RAMEL montre depuis plusieurs années un intérêt prononcé pour la philosophie des relations internationales, il a écrit un ouvrage du même nom. Il s'est aussi penché sur l'œuvre de Jean-Jacques ROUSSEAU et à de nombreux fondateurs de la sociologie : Simmel, Weber, Mauss, etc.
Dans une note critique parue dans la revue française de sociologie, Frédéric RAMEL expose son analyse d'un ouvrage quelque peu oublié de DURKHEIM : L'Allemagne au-dessus de tout, la mentalité allemande et la guerre, publié en 1915, pendant la Première Guerre mondiale.
Le contexte historique est capital pour comprendre pourquoi l'ouvrage fut oublié voire rejeté car, perçu comme biaisé, sans valeur scientifique.
[...] Il en va ainsi des sociologues des relations internationales, qui tentent par là de créer une sociologie durkheimienne. Néanmoins, quelle pensée Emile Durkheim lui-même nous a-t-il laissée concernant les relations internationales ? C'est la question que se pose Frédéric Ramel, maître de conférences à l'université Jean Moulin (Lyon 3). Frédéric Ramel montre depuis plusieurs années un intérêt prononcé pour la philosophie des relations internationales, il a écrit un ouvrage du même nom. Il s'est aussi penché sur l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau (Rousseau et les relations internationales, l'Harmattan, 2001) et à de nombreux fondateurs de la sociologie : Simmel, Weber, Mauss, etc. [...]
[...] Durkheim Emile Allemagne au-dessus de tout, la mentalité allemande et la guerre (1915), ed. A. Colin La volonté étant la chose même en soi, le fond intime, l'essentiel de l'Univers, tandis que la vie, le monde visible, le phénomène n'est que le miroir de la volonté, la vie doit être comme la compagne inséparable de la volonté. Schopenhauer Arthur, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818. [...]
[...] Or, en 1915, on peut supposer qu'aussi visionnaire que puisse être Durkheim, on peut supposer qu'il lui eût été difficile de deviner l'ampleur que prendra une telle théorie appliquée aux relations internationales par la suite. Quant aux références qui n'ont, selon Ramel, pas été sollicitées, il faut noter que Durkheim aborde bien l'influence de Machiavel sur la pensée de Treitschke (p.38 même s'il ne l'évoque pas lorsqu'il parle de l'utilisation nécessaire de la force (dirigée vers l'extérieur) pour garantir l'unité d'un peuple. [...]
[...] Après avoir souligné l'originalité de l'approche de Durkheim concernant les relations internationales, Ramel émet trois critiques. Il déplore tout d'abord que Durkheim n'ait pas pris en compte l'influence de la théorie des nationalités sur la pensée de Treitschke. Puis il critique le fait que Durkheim n'évoque pas les auteurs qui ont influencé Treitschke comme Machiavel et Schopenhauer. Enfin, Ramel nous invite à prendre en compte la dimension théologique de l'œuvre de Treitschke, que Durkheim n'aurait, selon lui, pas mis en lumière dans son ouvrage. [...]
[...] Durkheim aurait beaucoup de raisons de coopérer avec la propagande : juif dans une France qui ne s'est pas tout à fait remise de sa période boulangiste et, surtout, des conséquences de l'affaire Dreyfus, il est connu pour avoir longtemps collaboré avec un auteur allemand, Simmel. Quel meilleur moyen d'effacer la suspicion que d'écrire quelques bonnes lignes à l'encontre d'un auteur ennemi ? Treitschke est le sujet idéal pour une critique acerbe de l'Allemagne expansionniste, belliqueuse et sûre d'elle-même. Le contexte, le choix délibéré d'un auteur controversé pour souligner la dangerosité de l'idéologie dominante en Allemagne à l'époque ne signifient pas pour autant que l'ouvrage de Durkheim n'ait pas d'intérêt philosophique, et c'est ce que Frédéric Ramel nous rappelle dans ses articles. [...]
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