Rémy Leveau est un spécialiste du monde arabe. Catherine Wihtol de Wenden est une politologue et une juriste française. Dans ce texte ils s'intéressent tous deux à ce qu'ils nomment la « deuxième génération », notion qui semble apparaître face à un problème auquel sont confrontés de jeunes Maghrébins : celui de l'intégration à la société française. Ils s'intéressent à cette question de l'intégration et étudient ce phénomène sous différents angles : en tant que mouvement social, en tant que lobby ethnique et enfin en tant que nouveaux citoyens.
L'hétérogénéité de ce groupe est sans doute ce qui le rend difficile à définir : il inclut à la fois les jeunes dont les parents sont d'origine étrangère (pays du Maghreb), de culture musulmane et qui ont immigré pour des raisons économiques. Mais aussi les enfants qui sont issus de mariages mixtes franco-maghrébins, et également les fils de harkis quelles que soient leurs origines ethniques, nationales et leur pratique religieuse. Rémy Leveau et Catherine Wihtol de Wenden mettent donc en avant un problème de critères: ces derniers ne sont pas assez discriminants pour saisir une catégorie homogène et ils ne sont pas assez larges pour inclure tous les cas de figure. Cette notion de « seconde génération » semble donc peu précise et difficile à délimiter.
[...] Pour comprendre ce qu'est cette seconde génération il faut partir du contexte dans lequel cette notion apparaît : Elle semble apparaître face à un problème auquel sont confrontés les jeunes Maghrébins: celui de l'intégration dans la société française. Ces derniers semblent tiraillés entre différentes valeurs : celles que leur transmet leur famille et celles que leur impose la société par le biais des institutions, telles que l'école. Or ces valeurs semblent difficilement conciliables, ce qui peut poser un problème d'identité et par là même d'intégration. Rémy Leveau et Catherine Wihtol de Wenden se posent donc les questions suivantes : Qui sont ces jeunes pour la société et comment vont-ils réagir ? Sont-ils un mouvement social ? [...]
[...] Rémy Leveau et Catherine Wihtol de Wenden entreprennent alors de penser cette deuxième génération comme mouvement social. C'est en effet en tant que tel qu'ils semblent acquérir une certaine forme de visibilité, visibilité qui les distingue des couches précédentes de l'immigration. Nombre de ces jeunes ont choisi de participer à des mouvements sociaux. Dans ces mouvements ils s'approprient comme espace l'ensemble du territoire national et définissent comme interlocuteurs privilégiés les habitants de la France c'est-à-dire l'opinion publique française. Ils font apparaître un nouveau type d'action politique, qui refuse la violence et privilégie l'espace public français. [...]
[...] D'autant plus que par cette intégration Rémy Leveau et Catherine Wihtol nous explique qu'ils constituent maintenant tous ensemble, par la capacité d'action qu'ils ont développée, une force au nom de valeurs universelles. Dans leur intégration le mouvement associatif semble avoir joué un rôle non négligeable : il a permis l'émergence d'un mouvement social qui provient d'une mobilisation contre l'injustice de leur situation ici et maintenant. Cette mobilisation en vue de la défense de leurs intérêts est d'ailleurs ce qui apparaît comme le gage d'une vraie intégration, car elle témoigne d'une adhésion profonde au système démocratique. [...]
[...] Ou encore de nouveaux citoyens ? C'est ici qu'intervient cette notion de deuxième génération en tant qu'elle désigne ces jeunes concernés par ce problème d'intégration. Elle apparaît donc avant tout comme une représentation politique française ayant pour fondement le problème d'intégration de ces jeunes. La principale difficulté que présente la définition de cette notion semble être celle-ci : De qui s'agit-il ? De jeune d'origine étrangère ou immigrée ? De jeunes issus de l'immigration maghrébine ? De générations nouvelles issues de l'immigration maghrébine ? [...]
[...] L'addition de ces deux facteurs selon Rémy Leveau et Catherine Wihtol de Wenden, pour effet de freiner l'insertion sociale des nouvelles générations, ce qui dramatique leur présence et entraine des réactions de rejet. Toutefois paradoxalement ce sont ces réactions de rejet qui vont favoriser leur intégration par la culture et le jeu politique. En effet, cette réaction de la société française les fait entrer dans le champ politique, où ils deviennent rapidement un enjeu et un objet, ce qui entraine une prise en charge de leur situation par la société. [...]
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