La mixité sexuelle à l'école n'a pas apporté, malgré ce qu'on aurait pu croire, d'amélioration dans la relation entre les deux sexes. D'après Dominique Pasquier, ce serait même plutôt l'inverse. Le choix des filières et des orientations professionnelles permet de témoigner de cette infécondité. On peut également invoquer la grande disparité de traitement au sein des familles en ce qui concerne par exemple l'autorisation de sortie (les filles faisant toujours l'objet d'un contrôle bien plus fort).
Dans cet article publié en janvier 2010 dans la revue "Ethnologie française" intitulée "Nouvelles adolescences", Dominique Pasquier nous propose d'étudier les clivages entre les deux sexes durant la période de l'adolescence. Elle choisit pour angle d'attaque les pratiques de loisirs qui selon elle non seulement mettent clairement à jour les différences, mais de surcroit les renforcent. Pour mener cette analyse elle utilise deux enquêtes : la première concerne la manière dont les adolescents perçoivent les séries télévisuelles, et la seconde la manière dont s'est transformé le rapport des lycéens à la culture.
[...] Bien sûr d'autres qualités telles que la gentillesse ou encore le dévouement peuvent motiver le choix mais la dimension esthétique reste primordiale et même si cela est moins vrai chez les plus âgées, le fait d'afficher une attirance pour un personnage ou une série particulière reste moins compliqué pour les filles que pour les garçons. L'enquête menée par Dominique Pasquier se prolongeait par l'étude des courriers envoyés par les téléspectateurs aux héros de la série Hélène et les garçons. Ces courriers étaient pour la plupart (à le fait de jeunes filles. [...]
[...] Mais, la manière d'être ensemble est décrite différemment. Le jeu ne tolère pas le bavardage. Lorsqu'on joue, on joue, on ne parle pas et surtout, on ne parle pas de soi. Le jeu vidéo génère des émotions mais ces émotions ne font pas l'objet d'un déballage, il n'est pas question de se dévoiler. Le temps investi est grand et c'est justement ce qui semble rebuter les filles. Elles aussi jouent mais déplorent l'investissement temporel que cela demande. La nature des jeux est également différente selon les sexes. [...]
[...] Les filles ne pratiquent presque jamais les jeux de combat y préférant les jeux de plate-forme. Tout cela permet de comprendre qu'il existe une grande différence entre les filles et les garçons en ce qui concerne l'organisation sociale des passions. Les amitiés qui se forment chez les garçons ne reposent pas sur le principe de confidence, la part de dévoilement de soi y est moindre. Chez les filles, c'est l'inverse, ce qui consolide les liens, c'est cette part d'intimité partagée, confiée à l'autre. [...]
[...] Elles cherchent à en savoir le maximum sur la vie privée de cette dernière et aiment lire des articles concernant ce qui se passe en marge. Elles collectionnent plus facilement les posters, les photos, bref tous les renseignements qu'elles peuvent dégotter sur leur star préférée. Par ailleurs, les garçons accusent souvent les filles de préférer ce qui est ‘commercial'. On peut quasiment invoquer le passage d'un schéma d'opposition à la culture dominante à un schéma d'opposition à la culture populaire féminine. [...]
[...] Bibliographie DURU-BELLAT M Filles et garçons à l'école, approches sociologiques et psychosociales Revue française de pédagogie, 109 BOYER R Le temps libre des collégiens et lycéens in Yannick Lemel et Bernard Roudet, Filles et garçons jusqu'à l'adolescence. Socialisations différentielles, Paris, L'Harmattan L'enquête citée a fait l'objet d'une publication par Dominique Pasquier en 1999. La culture des sentiments. [...]
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