Les cosmologies du capitalisme, Marshall Sahlins, 2002, cultures indigènes, anthropologie, contacts culturels, globalisation, mode de vie occidental
Poser la question des contacts culturels dans le contexte de la globalisation n'est jamais aisé, car celle-ci apparaît toujours comme le fruit d'une hégémonie du mode de vie occidental, si bien qu'il s'agit d'un topos de beaucoup d'écrits anthropologiques que de déplorer son extension tentaculaire finissant par étouffer les dernières cultures indigènes « authentiques » qui avaient résisté au contact avec l'homme blanc et son capitalist way of life. Dans cet article de 2002 intitulé « Les cosmologies du capitalisme. Le "Système-Monde" vu du Pacifique », Marshall Sahlins s'attelle à cette question aujourd'hui d'actualité dans l'ensemble des travaux ethnologiques, et qui éclipse depuis toujours dans les études de Culture Contacts les autres types de contacts, au profit d'une focalisation sur la seule influence de la culture occidentale.
[...] D'abord, en montrant que l'ordre mondial moderne a été profondément modelé par les soi-disant peuples périphériques, par les diverses façons dont ceux-ci ont assimilé culturellement ce qui leur arrivait. En attestant, ensuite, que bien qu'ayant subi de terribles pertes la diversité n'est pas morte. Elle subsiste dans le sillage de la domination occidentale (p. 167). La question n'est donc jamais le degré de pureté ou de contamination d'une pratique culturelle par une autre, mais l'intérêt des choix effectués par une société dans son ensemble ou par chacun de ses individus, et des resémantisations effectuées. [...]
[...] Bien que de très bons clients, ces hawaïens n'avaient donc, aux yeux des commerciaux européens, pas mieux compris ni intégré le principe du capitalisme que les Chinois en fait, on pourrait dire qu'ils l'avaient intégré mieux que personne, suivant la pensée de Sahlins : intégré, inséré dans leur propre schème culturel. Cette remarque vaut aussi pour le christianisme, que les îles Fidji étudiées ailleurs par Sahlins Other times, other customs 1983) adoptent d'une manière très particulière, avec le principe du cujus regio, ejus religio (qui était en vigueur en Europe de la Renaissance mais n'avait plus cours depuis), puisque bien que tous concédassent aux missionnaires que la religion chrétienne était sans doute vraie, chaque homme du commun attendait le signal de son chef pour se convertir selon un principe local ancestral que Sahlins nomme heroic history : precisely, in these heroic polities, the king is the condition of the possibility of community. [...]
[...] This proves that in the mathematics of Fijian history, 8870-850 = 1. The statistical difference was Thakombau [the ruling chief of the great Mbau confederacy] Other times, other customs p. 518). Enfin, la dernière étude de cas concerne le potlatch chez les Indiens Kwakiutl. Leur position géographique, au milieu du territoire américain, pourrait en faire un peuple d'autant plus exposé à l'exploitation économique et à l'assimilation culturelle. [...]
[...] Les éléments se modifient, mais la structure demeure : n'est-ce pas là tout l'intérêt du structuralisme et le présupposé qui permet la généralisation et donc la théorisation ? mais en même temps, n'est-ce pas là aussi, bien que Sahlins s'en défende, toute sa limite, puisqu'il n'envisage pas que la structure puisse être modifiée de façon brutale et les éléments qui en constituent le contenu de manière lente ? PARLER DE LA DEFENSE DE LA NOTION DE CULTURE OU COSMOLOGIE (ici identiques) CONTRE L'IDEE DE THE INVENTION OF CULTURE, par exemple pour les Sumos : exploitation selon des motifs véniels bien humains et selon le mode de production capitaliste, il est vrai, mais aussi adaptée à ce qu'on pourrait appeler l'infra-infra structure Conclusion Le présupposé culturaliste est essentiel, jusque dans le nom de cette discipline, lorsque l'on parle d'études de contacts culturels. [...]
[...] Cependant, et malgré sa défense ardue du culturalisme, Marshall Sahlins semble largement s'orienter vers la question des cosmologies dans cet article : présentant la façon dont les Chinois conçoivent le monde et donc la place des Européens dans celui-ci, il explique la cohérence de cette pensée qui n'est au fond pas moins logique que celle du lord anglais venu négocier un traité commercial. En évoquant la façon dont toutes les interactions chinoises avec les barbares extérieurs sont réductibles à un même schéma de mépris bienveillant dû à la supériorité intrinsèque de l'Empereur céleste, mais en même temps à une nécessité de les englober comme faisant partie de la multiplicité du monde, il fait écho aux théories plus récentes développées par Philippe Descola et notamment l'ontologie du nom d'analogiste, qui ordonne un monde considéré comme peuplé de kyrielles d'entités diverses entre 2 ou 4 pôles classificatoires. [...]
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