Le développement du capitalisme s'est accompagné du développement de sociétés fondées sur le travail. Tout au long des XIXe et XXe siècles, le rapport d'exploitation capitaliste s'étend à l'ensemble des sociétés, et conduit à la forme contemporaine de « société salariale ». Robert Castel dans son ouvrage Les métamorphoses de la question sociale propose une généalogie du salariat en prenant pour perspective le statut des populations marginales au sein de la vie sociale. Pour Castel, ces individus sont dans une situation de « désaffiliation ». Il s'intéresse au processus par lequel ces individus sont exclus des protections mises en place dans la société. Castel refuse les analyses qui annoncent la fin du travail et montre comment ce dernier constitue encore le mode dominant d'insertion sociale actuellement. Pour Robert Castel, la lutte contre le chômage et la précarité devrait être envisagée en tant qu'ils ont lieu alors que la société salariale connaît des transformations depuis quelques décennies.
[...] La perspective critique de Gorz trouve un écho dans l'analyse conduite par Charles-Albert Michalet. L'enjeu fondamental de la vision socialiste proposée par André Gorz est en effet de mettre fin de la domination de la rationalité économique. Cette domination aboutit à une situation sociale intenable, ce que soulignent ses travaux sur les conséquences du développement du capitalisme, au sein des sociétés occidentales : La scission de la société en des classes hyperactives dans la sphère économique, d'une part, et une masse exclue ou marginalisée par rapport à cette sphère, d'autre part [qui] permet le développement d'un sous-système au sein duquel l'élite économique achète des loisirs en faisant travailler des tiers à sa place, à bas prix, pour son avantage privé.[43] Ce phénomène de précarisation du travail et de l'emploi qui a pour effet d'altérer les représentations sociales de l'individu intégré et citoyen, fait l'objet de nombreux travaux[44], mais la critique de Gorz se situe au- delà de la plupart des analyses. [...]
[...] Avec le développement de l'industrialisation, le rapport salarial se transforme. Selon Castel, le capitalisme peut en effet abriter diverses configurations du rapport salarial. Pour dépasser le rapport salarial propre à la condition prolétarienne et arriver au rapport salarial de type fordiste, cinq conditions se sont avérées nécessaires. La première consiste en la définition statutaire des actifs versus les inactifs. Deux autres conditions relèvent de paramètres propres à la sociologie et la rationalisation du travail, la quatrième concerne l'accès à la propriété sociale et aux services publics. [...]
[...] Le courant de pensée sur le travail et l'entreprise hérité de la thèse marxiste part d'un constat fondamental : le rapport salarial entre employeurs et travailleurs est par définition antagonique. L'organisation du travail au sein de l'entreprise capitaliste repose sur une séparation fondamentale : celle entre les salariés obligés de vendre leur force de travail, et les moyens de production, propriété des capitalistes. Les formes d'organisation du travail capitalistes sont la conséquence historiquement déterminée de la confrontation entre ces deux classes sociales. [...]
[...] Celle-ci est donc déterminée par les besoins de production. L'excédent de la production familiale est vendu afin de se procurer le numéraire nécessaire à cette consommation. L'industrialisation a provoqué un démantèlement de la famille, et des formes d'habitat restreintes comme le village, dont l'unité reposait sur sa fonction d'assurer la survie des membres, et pour lesquels elle constituait la principale source d'accès aux biens nécessaires[17]. L'autonomie individuelle apportée par le salaire n'oblige plus les individus à se rattacher à une unité familiale pour survivre. [...]
[...] De plus, son analyse exclut les transformations que connaît le travail dans les pays occidentalisés, dans le cadre de la configuration financière de la mondialisation. Il nous semble intéressant de rapporter certains éléments non proposés et encore moins développés par Castel de façon à adopter une posture critique face à son analyse partisane vis-à-vis des politiques sociales. Le développement de la société salariale Dans le chapitre intitulé la société salariale Castel s'efforce de dégager les conditions qui ont permis l'émergence de la société salariale. [...]
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