Bertrand Dubreuil, Collèges en milieux populaires, 6e chapitre "Le collège, un temps entre parenthèses ou un temps pour demain ?" (pp. 153 à 185) - « Ces mots qui veulent nous changer »

Résumé du document

L'enquête menée permet d'établir que les collégiens issus du milieu populaire ne remettent pas en cause la légitimité du collège en tant qu'établissement dispensant des connaissances et en tant que lieu où ?on doit apprendre'. Ainsi, « Le registre de la stricte acquisition des connaissances apparaît privilégié sur celui du développement des compétences personnelles et d'une démarche réflexive. » Concernant la représentation que se font les jeunes des enseignants, le registre pédagogique domine et dépasse largement le registre strictement cognitif. Ainsi : « le mot professeur est en priorité associé aux termes ?comprendre' et ?soutien' ».

Les attentes envers les enseignants se déclinent autour de trois thématiques : autorité et dialogue dans l'animation de la classe ; rigueur et souplesse dans la transmission des connaissances ; investissement personnel. L'enseignant devient "la figure de l'adulte la plus fréquentée par l'adolescent au moment où celui-ci se détache des références parentales".

Extraits

[...] Cela impose aux jeunes des milieux populaires, un véritable remaniement identitaire. Dès lors, on comprend mieux pourquoi la question du langage devient cruciale. Dans les milieux populaires, le langage est pensé au travers de son utilité directe et non au travers de sa capacité à étayer un propos spéculatif. Or, à l'école, c'est bien de cette dernière fonction dont il est question. Un savoir utile La plus grande partie des adolescents interrogés déclarent aller au collège pour obtenir un diplôme. [...]

[...] L'école est réellement considérée comme un lieu de transmission des valeurs sociales, comme un lieu de culture et d'ouverture sur la vie. . Les adolescents sont donc pris dans un discours contradictoire puisque les parents véhiculent à la fois la nécessité de travailler à l'école pour obtenir un diplôme et le fait qu'eux-mêmes se sont construits (professionnellement au moins) en dehors et au-delà de l'instruction dispensée à l'école (formation professionnelle par exemple). L'ambition du collège unique est de fournir une culture commune à tous les adolescents. [...]

[...] C'est sur son identité que l'adolescent travaille, mais au travers de son rapport au savoir scolaire, c'est-à-dire socialement reconnu. L'enseignant incarne à la fois le monde des adultes et la perspective de rejoindre ce monde. L'âge des enseignants peut alors être un facteur important dans la représentation que se font les jeunes des enseignants. Ainsi, la différence d'âge peut créer un décalage culturel et constituer un obstacle à la bonne communication entre enseignants et jeunes. Comme l'explique notre auteur, avant, les enfants issus des milieux populaires pouvaient se construire, se projeter dans l'avenir sans forcément réussir à l'école. [...]

[...] Notes de lecture: Bertrand Dubreuil, Collèges en milieux populaires, Ces mots qui veulent nous changer sixième chapitre, "Le collège, un temps entre parenthèses ou un temps pour demain (pp à 185) Rapport à l'enseignement L'enquête menée permet d'établir que les collégiens issus du milieu populaire ne remettent pas en cause la légitimité du collège en tant qu'établissement dispensant des connaissances et en tant que lieu où doit apprendre'. Ainsi, Le registre de la stricte acquisition des connaissances apparaît privilégié sur celui du développement des compétences personnelles et d'une démarche réflexive. [...]

[...] Les savoirs deviennent des ‘savoirs-objets', et l'école apparaît comme un lieu d'exercice et non d'action sur le monde. . Le décalage entre ces savoirs et leur utilité directe (dans la vie professionnelle) est à l'origine de bons nombres de ‘décrochages scolaires'. Le savoir n'a pas de valeur pour lui-même, mais se conçoit au travers de son utilité. Une pédagogie différenciée semble alors s'imposer, cependant, il ne faut pas la confondre avec une pédagogie de niveau. Finalement, il faut distinguer entre la dimension identitaire du rapport au savoir et sa dimension sociale. [...]