Bernard Lahire, L'Homme pluriel, les ressorts de l'action
En sciences sociales, le terme ‘pratique' recouvre plusieurs significations. Chez Bourdieu, "la logique de la pratique" marque une opposition à "la théorie". Il pose ainsi une différence entre le savant et le praticien, « celui qui en situation d'analyser et celui qui est en situation d'agir ». Pour notre auteur, il faut cependant prendre en compte que le théoricien, le savant entretiennent un certain rapport avec le monde et met en œuvre un certain nombre de pratiques dans son approche de ce dernier. Ainsi : « pour être totalement acceptable, la coupure épistémologique et sociale entre le théorique et la pratique ne devrait tout d'abord pas être conçue comme une séparation ferme entre des groupes d'acteurs ». Bourdieu a construit sa théorie de la pratique et son concept d'habitus contre les théories intellectualistes de la pratique. Il refuse ainsi l'idée selon laquelle la pratique est obligatoirement intentionnelle.
[...] Pourtant, comme le précise notre auteur : les acteurs peuvent parfois développer des intentions, des plans, des projets, des stratégies, des calculs plus ou moins rationnels, dans tel ou tel domaine, à l'occasion de telle ou telle pratique »[7] . On ne peut donc poser l'intentionnalité ou l'in intentionnalité d'une action au point de vue universel. Pluralité des temps et des logiques d'action La rationalité n'est pas au principe de toute action. On peut cependant s'interroger sur la manière dont l'acteur calcule les ‘coûts' et ‘profits' de son action. [...]
[...] Fiche de lecture : Bernard Lahire, L'Homme pluriel, les ressorts de l'action; deuxième partie, chapitre « Pluralité des logiques d'action » L'ambigüité de la pratique En sciences sociales, le terme ‘pratique' recouvre plusieurs significations. Chez Bourdieu, ‘la logique de la pratique' marque une opposition à ‘la théorie'. Il pose ainsi une différence entre le savant et le praticien, « celui qui en situation d'analyser et celui qui est en situation d'agir »[1] . Pour notre auteur, il faut cependant prendre en compte que le théoricien, le savant entretient un certain rapport avec le monde et met en œuvre un certain nombre de pratiques dans son approche de ce dernier. [...]
[...] Le modèle sportif du sens pratique et ses limites Le registre des exemples sportifs est largement exploité pour faire comprendre le rapport pratique à la pratique. L'exemple des sportifs pris dans ‘le feu de l'action' offre en effet de bons exemples de la mise en œuvre du sens pratique. Le joueur ne semble pas réfléchir son action mais semble mettre en œuvre une certaine habitude de pratique acquise durant les entraînements. Cependant, aucune des théories sur le sens pratique ayant pris pour exemple le modèle ne s'est interrogée sur les limites de la comparaison sportive et sur la spécificité des exemples pris. [...]
[...] « L'urgence est donc une caractéristique importante des actions décrites »[4] . Le temps de délibération est minime. Or, comme le souligne notre auteur, l'urgence n'est pas une propriété essentielle de toutes les actions. Et « l'action n'est pas toujours réductible au geste exécuté, à la parole énoncée ou à la décision prise dans l'urgence »[5] • Les exemples choisis évoquent des actions en direct, l'erreur et la répétition ne sont pas permises et l'action doit impérativement se poursuivre. En cela, il serait préférable d'analyser l'action en dehors de tout enjeu, durant un entraînement par exemple. [...]
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