Le texte de l'anthropologue américain James Clifford, intitulé "De l'autorité en ethnographie. Le récit anthropologique comme texte littéraire" est paru pour la première fois aux Etats-Unis en 1983. Il a été traduit en français par Gérard Leclerc – sociologue qui s'est notamment intéressé à la question de l'anthropologie et du colonialisme, Patrick Menget – anthropologue à l'université libre de Bruxelles et spécialiste des Indiens d'Amérique du Sud - et Britta Rupp-Eisenreich- anthropologue également, dans l'ouvrage dirigé par Daniel Cefaï, L'enquête de terrain, publié aux éditions de La découverte-Mauss, en 2003.
James Clifford s'est spécialisé en histoire sociale et intellectuelle à l'Université de Harvard au début des années 1970. Il est aujourd'hui enseignant à l' « History of Consciousness Department » de l'Université de Californie à Santa Cruz. Ses principaux travaux d'étude portent sur l'histoire et l'anthropologie, les voyages et l'exotisme ainsi que sur l'analyse du colonialisme.
Il est également le biographe de Maurice Leenhardt, missionnaire protestant et anthropologue de terrain, qui a notamment écrit "Do Kamo. La personne et le mythe dans le monde mélanésien ", ouvrage dans lequel il s'intéresse plus particulièrement à la "mentalité primitive" mélanésienne.
Dans le texte « De l'autorité en ethnographie. Le récit anthropologique comme texte littéraire », James Clifford balaye les différents types d'autorité qui ont eu cours en anthropologie des années 1900 jusqu'aux années 1980.
[...] Le thème de l'identité sera inhérent à l'anthropologie des années 1980, que ce soit aux Etats-Unis ou en France. S'engage dès lors une réflexion plus systématique sur le processus de textualisation en anthropologie et un regard réflexif sur les travaux antérieurs. En étudiant de plus près les classiques de l'anthropologie, on constate, nous dit James Clifford, que l'ethnographe entend décrire la réalité culturelle en faisant référence à des sujets absolus Ainsi, Bronislaw Malinowski, Evans-Pritchard ou encore Marcel Griaule utiliseront respectivement dans leurs textes des propositions généralistes et englobantes telles que les Trobriandais les Nuers, les Dogons Ces types de catégorisation font entrer l'Autre dans une essence, et le retirent ainsi de l'histoire. [...]
[...] Suffit-il pour l'anthropologue d'être là et d'observer pour que le compte-rendu final soit légitime et légitimé ? Cette prétention hégémonique selon laquelle l'anthropologue nous donnerait à voir la vérité sur ces Autres va être remise en question. Ainsi, dans la continuité du texte, qui suit en fait la continuité historique, James Clifford revient sur l'autorité interprétative, en se penchant notamment sur l'un des ouvrages clés de Clifford Geertz, à savoir Bali, interprétation d'une culture, paru en 1973 sous le titre original Interpretation of cultures. [...]
[...] Ce dont le combat de coqs nous parle, c'est de relations entre rangs sociaux ; et ce qu'il en dit, c'est qu'elles sont affaires de vie et de mort (Geertz p 207). Tout comme l'Amérique ajoute-t-il, laisse émerger beaucoup d'elle-même dans un stade de base-ball, sur un terrain de golf, sur un champ de courses ou autour d'une table de poker, Bali fait largement surface dans une arène de coqs 171). La dernière partie de son livre aborde la dimension métaphorique de l'interprétation des cultures, vues comme un ensemble de textes. [...]
[...] La guerre du Vietnam va durer de 1961 à 1973, date à laquelle sera signé un accord de cessez-le-feu entre les Etats-Unis et le Vietnam. De plus, c'est également l'époque à laquelle les Nord-Américains découvrent l'Autre Amérique, celle de la pauvreté. Ces deux phénomènes déclenchent en anthropologie, mais également dans d'autres disciplines, un intérêt pour les exclus les minorités ethniques Il y à cette époque, l'idée qu'il faut rendre la parole aux exclus. Goffman s'intéressera ainsi aux institutions psychiatriques et aux personnes qui y sont internées dans son célèbre ouvrage intitulé Asiles. [...]
[...] Conclusion Il est connu et reconnu que l'anthropologie, en tant que discipline distincte, est née du colonialisme. À l'origine de l'anthropologie sociale et culturelle, l'Autre est exotique, associé au lointain, à un étranger qui n'est pas sans exercer une certaine fascination. L'altérité a toujours suscité fascination et peur à travers l'histoire. Du bon sauvage du dix-huitième siècle au racisme sanguinaire du vingtième siècle, on constate que le rapport à l'altérité est complexe et qu'il balance entre deux extrêmes que sont l'admiration et la répulsion. [...]
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