Irène Cieraad est une anthropologue culturaliste chercheur au département d'architecture de l'Université de Technologie de Delft aux Pays-Bas.
Le texte que nous allons étudier est issu d'un ouvrage qu'elle a écrit en 1999 et qui s'intitule « At home : An anthropology of domestic space ». Dedans, en se focalisant sur l'histoire de l'art, la sociologie, l'architecture, l'anthropologie culturelle et la psychologie environnementale, elle s'intéresse aux pratiques et aux symboles de la sphère domestique dans les sociétés occidentales et cherche à savoir comment les différentes cultures utilisent leur habitation comme un modèle faisant référence à la structure sociale et culturelle.
Dans la partie que nous allons étudier, « Rites domestiques au XXe siècle aux Pays-Bas » Cieraad étudie de façon générale le concept de « domesticité » qui a pris de l'ampleur en occident mais qui est plus effectif aux Pays-Bas en raison de la place centrale que ce pays a occupé dans les débats internationaux. Cette notion de domesticité se forge par le creusement d'un fossé croissant entre espace public et espace privé et la montée concomitante du sentiment de « privacy » mais aussi par l'attachement de la femme représenté à son intérieur.
Par conséquent, nous pouvons nous interroger sur l'évolution de ces rites domestiques néerlandais au XXe siècle, en fonction des changements sociaux (guerre, avènement de la modernité), du genre, des mœurs sanitaires et sociales (la notion de pur et d'impur, d'intérieur et d'extérieur, les grandes lois d'habitations ouvrières…).
[...] De plus, l'utilisation du lit armoire reflète le fait que jusqu'au début du XXe siècle, dans les maisons de classes inférieures, il n'y avait pas de chambre à coucher. En effet, les lits pouvaient aussi être au grenier, directement sous les tuiles. Il n'y avait pas de salle de bain non plus, bien souvent, l'unique robinet de la maison se situait dans la buanderie qui deviendra la cuisine et les habitants n'avaient que de l'eau froide pour se laver. Le fait de ne porter aucune considération à la cuisine et à la toilette vient donc du fait que ces pratiques n'étaient jusqu'alors pas considérées comme pures. [...]
[...] Par conséquent, comme l'affirme l'auteur, ces allées et venues de la femme au foyer le long du couloir étaient un rituel domestique très fréquent jusque dans les années 60 Ainsi, le couloir desservait les pièces en enfilade. Mais comme il était unique dans les maisons de la classe intermédiaire, il était à la fois le passage obligé pour les livraisons jusqu'à l'arrière-cuisine comme pour les visites. Par conséquent, le couloir n'était plus seulement le symbole de la liaison entre l'avant et l'arrière, il assurait aussi celle entre deux mondes appartenant à des genres différents. [...]
[...] Ainsi nous pouvons observer que le concept de domesticité en rapport avec les rites domestiques change à mesure que les relations sociales changent. Par conséquent, nous pouvons nous interroger sur l'évolution de ces rites domestiques néerlandais au XXe siècle, en fonction des changements sociaux (guerre, avènement de la modernité), du genre, des mœurs sanitaires et sociales (la notion de pur et d'impur, d'intérieur et d'extérieur, les grandes lois d'habitations ouvrières L'espace domestique néerlandais jusqu'en 1960 La vie domestique jusqu'aux années 1920-1930 La première vague de modernisation (1930) II] L'apogée de la modernité dans les années 1960-1990 La seconde vague de modernisation (1960-1970) L'espace domestique néerlandais jusqu'en 1960 Jusque dans les années 1950-1960, Cieraad observe une corrélation entre la vie domestique et le statut social. [...]
[...] Nous pouvons donc dire que l'espace était agencé socialement. Toutefois, il n'était pas rare que les classes populaires ou moyennes aménageassent et utilisassent leur demeure comme le faisaient les classes supérieures afin de se projeter dans un niveau de vie plus élevé. Ainsi, l'auteur explique qu'en dépit de leur petite demeure et du manque de place, les ouvriers et la petite bourgeoisie aménageaient une des chambres en belle pièce destinée à une fonction publique, celle de recevoir .Par conséquent, cette pièce n'était que du faste et restait très peu utilisée en contraste avec la pièce du fond, où on faisait tout ce qui était en rapport avec l'eau (cuisine, vaisselle, toilettes, lessive, WC Une sorte de buanderie, insalubre et sans fioritures puisqu'elle faisait partie du domaine privé. [...]
[...] Il n'était pas rare, dans ce type d'habitation, que ces deux espaces utilisaient tout le rez-de-chaussée de la maison, la cuisine étant reléguée vraiment à l'arrière et même parfois à la cave, ce qui n'est pas étonnant vu la considération qu'on lui apportait. II] L'apogée de la modernité dans les années 1960-1990 De prime abord, il nous faut vous indiquer qu'au niveau social, les demeures ne vont plus être considérées et appelées par la fonction professionnelle du mari. Désormais, c'est le statut domestique qui va importer. On parle alors de maisons unifamiliales, d'appartements de célibataires, de logements pour personnes âgées ou d'appartements d'étudiants. [...]
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