Le texte à commenter est un extrait de l'ouvrage "Les Argonautes du Pacifique oriental ", écrit par Malinowski. Anthropologue, ethnologue et sociologue polonais Malinowski est connu pour avoir systématisé la pratique de l'anthropologie de terrain et avoir proposé une méthode dite d'« observation participante». Il reste également célèbre pour sa formulation d'une nouvelle interprétation anthropologique, le fonctionnalisme, qui s'oppose à la fois à l'évolutionnisme et au diffusionnisme. Dans ce texte, il nous présente un rite polynésien, la Kula.
La Kula est un système d'échanges intertribaux, qui consiste en une cérémonie où s'effectue un échange d'objets précieux. Les deux principaux articles de la Kula sont d'un côté, un brassard de coquillage blanc appelé Mwali et de l'autre, un collier de spondyle rouge appelé Soulava. Ces articles ne sont d'aucune utilité pratique, ils représentent avant tout des ornements, qui ne servent alors qu'à l'occasion des grandes fêtes.
[...] Et c'est là encore un principe fondamental de la Kula. En effet, hormis quelques biens vaygu'a très rare, aucun des articles Kula ne reste en possession d'un seul. Malinowski explique que c'est la même démarche qui apparaît dans le rite Kula que celle des sportifs qui gagnent un trophée. Le succès d'un gain Kula de haute importance, un beau vaygu'a, est imputé au pouvoir personnel spécial de l'individu qui gagne ce trophée Tout comme le trophée qui représente un exploit revient au meilleur sportif. [...]
[...] La Kula se fait entre plusieurs archipels du Pacifique, qui forme un tout circulaire. Au sein de ce cercle, les deux articles Kula suivent un parcours défini de sorte que les colliers et les bracelets ne se rencontrent pas, les premiers circulent au sein de ce cercle dans le sens des aiguilles d'une montre, et les seconds dans le sens inverse. L'échange permet alors, par le biais de la géographie, de lier deux individus étrangers. De plus, l'importance de cette contrainte géographique nous explique Malinowski, réside dans le fait que les indigènes rapportent de leur voyage en terres inconnues, des nouvelles coutumes, des nouveaux concepts qui permettent aux sociétés de s'enrichir. [...]
[...] Ce circuit d'échanges intertribaux, bien qu'il stimule les économies indigènes (il existe un troc parallèle de marchandises utiles), n'a pas de finalité économique. Il ne s'agit pas non plus de cadeaux libres et désintéressés. L'échange crée un pacte garantissant l'hospitalité et la protection mutuelles. La kula est une forme non marchande de régulation sociale. Toutes les règles de la Kula visent à délimiter les classes sociales, instaurer une règle géographique et à fixer un terme à la possession, et gèrent la vie des trobriandais. [...]
[...] Dans un premier temps, il insiste sur le caractère cérémoniel de ces objets. Ils ne sont pas utilisés en dehors des grandes fêtes, et encore leur utilisation à ses fins reste rare Ces bijoux ne sont pas acquis aux fins de s'en servir En outre, la plupart des Mwalis (brassards en coquillage blancs) ne sont pas portables car trop petit ou trop lourd. Les colliers quant à eux sont regardés comme trop riches pour êtres portés. Ces objets sont donc dénués d'intérêt esthétique, mais représentent néanmoins la valeur et la puissance d'un individu et de sa communauté Kula. [...]
[...] Voilà pourquoi, selon Malinowski, le respect du code social est nécessaire. Il n'y a aucune répression légale ni juridique, mais l'individu malhonnête serait exilé de la Kula et mal perçu par sa communauté. Ses vaygu'a ne seront plus les symboles de sa richesse personnelle mais de sa pingrerie. Voilà pourquoi le respect du code social de la Kula est essentiel chez les trobriandais, il représente l'honneur et la valeur d'une personne. Ainsi la kula est un système codifié d'échanges symboliques (des brassards et colliers de coquillages) qui donne lieu à des expéditions maritimes permettant de relier une vingtaine d'îles éloignées et quelques milliers de personnes. [...]
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