Henri Lacordaire est un religieux dominicain et un des précurseurs du catholicisme moderne. Il est né en 1802 et mort en 1861. Il a donc pu voir et observer la société durant le XIXème siècle, synonyme de la révolution industrielle et de nombreuses mutations. A surtout eu lieu l'émergence de deux classes antagonistes : une bourgeoisie entreprenante et éclairée, et une condition ouvrière malheureuse. Une démocratisation de la société corolaire à l'accroissement des libertés se développe également. Ce qui fait l'originalité de la célèbre citation de Lacordaire, c'est l'association de termes qui semblent de prime abord opposés : une liberté qui opprime, et la loi qui libère ici tandis qu'on l'associe volontiers en général à la coercition.
[...] Avec le mercantilisme, il y a également la présence d'un protectionnisme et d'une loi importante (mise en place des corn laws en GB). De manière générale, c'est d'ailleurs la présence d'une loi importante et opprimante pour une partie de la population, y compris le Tiers-Etat, qui va provoquer la Révolution industrielle. Le système féodal décrit donc bien la citation de Lacordaire sur l'idée que la liberté, offerte dans ce cas-ci surtout aux seigneurs, opprime et c'est donc la loi qui va affranchir en corolaire de la Révolution industrielle au cours du XIXème. [...]
[...] Il y a donc d'abord une bipolarisation de la société fort-faible autour d'une forte liberté devenue opprimante, et ce malgré une loi qui affranchit en partie les travailleurs. Le rapport s'inverse de nouveau avec une condition ouvrière malheureuse qui nécessite une loi et sécurité plus présente, jusqu'au nouveau tournant des années 80. Il y a d'abord une modification du rapport de force avec une condition ouvrière opprimée qui nécessite une loi, indissociable de la notion de sécurité, plus prégnante. Avec un capitalisme industriel et libéral basé d'abord sur une croissance extensive et une mobilisation intense d'une majorité de la population, on observe une condition ouvrière malheureuse et très peu protégée. [...]
[...] La nouvelle matrice de ce mode de production devient le contrat, qui peut être rompu à tout moment et est un instrument de liberté. Les salariés ont donc une plus grande liberté au niveau du travail, choix d'employeur, de la circulation, propriété privée. Cette liberté devient dès lors liée à l'émergence du capitalisme industriel. Cette liberté n'opprime plus et la loi affranchit : en matière d'éducation, les lois Ferry de 1882 affranchissent en commençant à promouvoir une méritocratie et des individus capables de s'affranchir des limites de leur condition sociale par le système éducatif. [...]
[...] Néanmoins, il y a à partir des années 80, un retour de la liberté opprimante face à la sécurité et la loi qui, sous la forme de l'interventionnisme étatique et du keynésianisme, connaissent une crise importante. On peut ici évoquer les trois crises développées par Pierre Rosanvallon avec crise d'efficacité, de légitimité, de financement auxquelles fait face l'État-Providence à partir des années 80. Une protection et sécurité couteuse devient dès lors plus complexe à mettre en place, d'autant que le paradigme néolibéral apparait et promeut plus de liberté qui peut opprimer. [...]
[...] On peut penser à la création des hôpitaux psychiatriques qui répond à la marginalisation d'une partie de la population, rejoignant la théorie du grand renfermement de Michel Foucault pour ceux n'ayant pas pu être intégrés au processus productif mis en place avec le capitalisme et libéralisme économique. Au niveau du colonialisme, il y a également une loi qui affranchit de plus en plus avec, par exemple, la loi sur l'interdiction de l'esclavage en 1848. La loi se substitue progressivement à la liberté. Il y a donc d'abord une modification du rapport de force avec une condition ouvrière opprimée qui nécessite une loi. [...]
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