Depuis plusieurs années, Michel Pinçon et sa femme Monique Pinçon-Charlot, deux sociologues de renom, chercheurs au CNRS, réalisent de nombreuses études liées à la question de la richesse et notamment à celle de la bourgeoisie.
L'extrait que nous avons l'occasion d'étudier ici constitue le troisième chapitre du livre "Voyage en grande bourgeoisie, journal d'enquête" publié en 1997. Sur la base de leurs expériences et de leurs études passées (tels que "Dans les beaux quartiers" daté de 1989 ou "La chasse à courre, ses rites et ses enjeux" daté de 1993), ces deux auteurs tentent de définir les difficultés à mener des enquêtes de terrain lorsque se confrontent des univers sociaux différents entre enquêtés et enquêteurs, mais également les conditions de bon fonctionnement d'un tel entretien. Il convient cependant dès à présent de définir ce terme : un entretien correspond à "l'action d'échanger des propos avec une ou plusieurs personnes ; conversation suivie sur un sujet".
Nous allons tenter ici d'extraire les idées principales de ce chapitre et ce dans l'objectif de montrer à quel point une "intégration toujours neutre" est nécessaire par l'enquêteur pour réussir au mieux son entretien.
[...] Le sociologue entre dans une sorte de théâtre social comprenant des obligations qu'il ne maîtrise pas et qu'il se doit d'étudier. Ces caractéristiques de présentation sont loin d'être négligeables, en effet les réponses données par l'interviewé feront écho à l'atmosphère de l'entretien, aux perceptions mutuelles des deux intervenants. Dans la même démarche, celui-ci devra oublier ses a priori, ses pré- notions. Il devra accepter, et ce, pour instaurer une relation de confiance, un dialogue et des propos parfois inhabituels pour lui. [...]
[...] L'extrait que nous avons l'occasion d'étudier ici constitue le troisième chapitre du livre Voyage en grande bourgeoisie, journal d'enquête publié en 1997. Sur la base de leurs expériences et de leurs études passées (tels que "Dans les beaux quartiers" daté de 1989 ou "La chasse à courre, ses rites et ses enjeux" daté de 1993), ces deux auteurs tentent de définir les difficultés à mener des enquêtes de terrain lorsque se confrontent des univers sociaux différents entre enquêtés et enquêteurs mais également les conditions de bon fonctionnement d'un tel entretien. [...]
[...] Comme nous l'avons déjà abordé dans l'introduction, un grand bourgeois est toujours bien plus que sa position professionnelle[1] et ce, par ses capitaux et son habitus. Le sociologue peut ainsi bien malgré lui se retrouver dans une situation de domination. Il ne peut oublier son origine sociale, voilà pourquoi le premier constat des auteurs porte sur la nécessité de la faire connaître à son interlocuteur. Il convient de reconnaître son influence même s' il reste indispensable de s'en détacher. En effet, pour instaurer un climat favorable, pour que l'enquêté n'adapte pas ses réponses à l'enquêteur, le sociologue devra tenir compte de sa présentation, il devra savoir se présenter, se rapprocher des normes de la classe sociale de l'interviewé sans pour autant la caricaturer. [...]
[...] Il faudra étudier le parcours de l'enquêté, son statut social et ses habitudes. Ce travail permettra une prise de contact plus rapide, un échange plus sain avec celui-ci. Nous pouvons enfin deviner, aux vues du vocabulaire utilisé par les auteurs (capitaux, classes sociales.), qu'ils défendent une inspiration marxiste de la société. Pour autant, il convient de noter une certaine limite à la vision de l'entretien des époux Pinçon, bien que d'avant-garde et efficace, elle a été mise en doute par de nombreux autres sociologues, ceux-ci instant particulièrement sur une impossible neutralité, et une très forte probabilité à la gaffe Une erreur capable de détruire très rapidement toute cette construction. [...]
[...] Dans l'objectif de diminuer ses effets, il convient donc de préparer au mieux cette rencontre et notamment de soigner la présentation de soi. Dans un idéal, ils souhaiteraient parvenir à une neutralisation. Toutefois, il est clair que malgré ses tentatives, le discours d'un individu évolue toujours en fonction de l'interlocuteur. C'est pourquoi il faut commencer par discerner la place que l'enquêté assigne à l'enquêteur et la représentation qu'il se fait de lui. Ce n'est qu'à partir de là qu'il sera possible de reconnaître les biais induits par cette représentation. [...]
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