"La place du désordre" est un ouvrage relativement tardif dans l'histoire de la sociologie, et qui fait suite à la pensée de nombreux auteurs comme Popper ou Weber souvent cités par Boudon. Publié en France en 1984 il ne peut donc pas réellement être considéré comme un ouvrage fondateur mais il demeure fondamental, notamment pour la bonne compréhension de ce qu'est l'individualisme méthodologique. Car dans son livre, Boudon se préoccupe avant tout de définir la méthode adéquate pour comprendre la société et ce qui la caractérise. Cette méthode met ici en avant l'individu et son action, indispensable pour expliquer tout phénomène social. Boudon cherche en fait à démontrer dans ce chapitre que tout changement social est produit par l'agrégation d'actions individuelles; c'est donc à la fois une tentative de définition de la sociologie en tant que science, et une réponse apportée aux limites des méthodes sociologiques déterministes. En effet en définissant la sociologie Boudon montre qu'elle ne se limite pas à un « continent » particulier, mais qu'elle peut s'intéresser aux problèmes d'autres domaines comme la démographie. Elle s'y intéresse avec ses propres méthodes qui sont elles-mêmes diversifiées, puisque l'individualisme méthodologique décrit ici Boudon n'est pas la seule méthode possible.
[...] C'est important, car cela souligne le caractère autonome des acteurs et comme nous allons le voir, c'est justement un point majeur du débat que peuvent susciter en sociologie les idées de Boudon. II/ Commentaire critique Sociologie et psychologie On a vu l'attachement de Boudon à déterminer une méthode d'explication sociologique universelle. Boudon n'en est pas moins extrêmement méfiant vis-à-vis de modèles dits universels sur lesquels on pourrait se baser pour étudier tout phénomène social. Cette idée apparaît d'abord dans la manière dont Boudon parle de la psychologie. Même si les énoncés psychologiques (sur les goûts . [...]
[...] Mais en fait même si le niveau d'encadrement dans une société varie, ce sont toujours des individus qui la composent, l'individu ne naissant pas dans une société particulière. C'est le cas en Inde, car en réalité la fécondité élevée qui la caractérise est rentable économiquement pour les agriculteurs indiens. Toutefois même si Boudon donne un sens rationnel à l'action de ces agriculteurs, il reconnaît des limites à cette rationalité. En effet au niveau agrégé il peut en résulter une surpopulation indienne qui excède les possibilités de l'Inde pour répondre aux besoins de sa population. [...]
[...] Par conséquent l'individu ne peut-il pas malgré tout être dépendant des structures sociales présentes même dans l'équation de Boudon? D'après cette formule il suffirait de se focaliser sur plutôt que sur m pour retomber dans le holisme. L'ordre macro social serait dès lors le seul vrai déterminant du changement social à travers le recours aux actions individuelles comme de simples instruments. Conclusion En fait, le choix du holisme ou de l'individualisme méthodologique paraît difficile, car il est impossible de démontrer la validité absolue d'aucune des deux méthodes sociologiques. [...]
[...] Ces limites de la rationalité permettent de mieux comprendre les actions individuelles et même leur apparence d'irrationalité sur le plan collectif. Par conséquent, Boudon tend à tout rationaliser. Ainsi, il ne parvient pas même à envisager de tradition irrationnelle, car toute tradition qui perdure est en fait préservée selon lui par son caractère rationnel. L'irrationnel On peut finalement se demander si les acteurs sont réellement toujours rationnels dans leurs actions, d‘autant plus que celle-ci est humainement ou structurellement limitée (si l‘information circule mal par exemple). [...]
[...] Cette équation résume parfaitement les liens de causalité nécessaires selon Boudon à la bonne compréhension de tout phénomène social M. Ainsi M est directement lié aux actions m des individus, même si celles-ci prennent place dans une situation S qui peut influencer les acteurs. Par ailleurs, cette situation S elle-même dépend d'autres faits macro-sociaux si bien qu'un cercle peut être tracé dans la constitution des données macro-sociales. En effet chacune d'entre elles dépend indirectement d'autres données du même type et agit à son tour de la même manière sur d'autres phénomènes sociaux pour les orienter. [...]
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