"L’âge des foules. Un traité historique de psychologie des masses", Serge Moscovici (1981) - chapitre VI "la vie mentale des foules"

Résumé du document

L'interrogation de Serge Moscovici au sein de ce texte est simple : comment est-il possible d'un individu abandonne tout ce qu'il a d'individuel pour « exalter sa partie collective » ? Pour y répondre, il faut selon Moscovici d'abord décrire l'appareil psychique. Il est constitué d'une partie consciente propre à l'individu et d'une partie inconsciente qui contient toute notre historicité commune à une culture (on voit ici l'influence des écrits de Freud sur notre auteur).

La réflexion de Moscovici se poursuit sur le mode de l'expérience, il observe que dans un groupe, l'individu se détache de tout ce qui le rend unique pour favoriser sa partie inconsciente. Il va avoir tendance à mettre en valeur ce qui le rapproche du groupe. La pensée des foules est automatique, contrairement à la pensée individuelle, elle est très concrète, basée sur des clichés et des stéréotypes.

C'est d'ailleurs pourquoi on s'étonne parfois de l'inconsistance de certains discours politiques : c'est qu'ils sont destinés à des foules ! « La pensée des foules est toujours une pensée du déjà-vu et du déjà-connu ».

Extraits

[...] Il se rapproche selon moi de l'œuvre de Moscovici en ce sens qu'il cherche à comprendre les mécanismes qui amènent un individu, une foule à commettre des actes qu'elle ne commettrait pas en temps normal. Cet ouvrage a d'ailleurs souvent été très mal accepté par le monde judéo-chrétien. Revenons quand même à l'analyse du texte du point de vue de notre sujet, c'est-à-dire la matière Comportements et Organisations, nous nous en sommes légèrement éloignés mais il faut dire la portée universelle de ce texte semble transcender une simple analyse sectorielle. [...]

[...] Encore une fois, les mots employés par Moscovici parlent d'eux-mêmes, l'usage du champ lexical de l'automatisme et de l'accoutumance est récurrent. On a l'impression que l'individu dans une foule est un automate qui serait dirigé de loin par une commande téléguidée que l'on appelle l'inconscient. Pour comprendre ce phénomène, Moscovici analyse en détail la pensée critique de l'individu et la pensée des foules. La pensée critique de l'individu est entièrement dominée par la logique et la réalité, elle est basée sur des concepts abstraits, ce qui encourage le raisonnement et l'expérimentation. [...]

[...] La pensée des foules est toujours une pensée du déjà-vu et du déjà-connu Serge Moscovici avoue que sa thèse ne peut pas être approuvée sans difficulté. Pour lui donner de la valeur, il cite les auteurs comme Saint Thomas d'Aquin ou Giordano Bruno pour l'attester. Partie III : Le processus de la pensée automatique : la superposition et la projection. Cette partie est assez philosophique. Moscovici décrypte le processus de formation de la pensée automatique appliqué à la foule. La superposition est le phénomène qui fait que la foule associe des idées aux images sur des bases superficielles. [...]

[...] C'est là que l'exemple de Moscovici sur ce qui a pu conduire au génocide juifs montre l'importance de son engagement politique. La confusion systématique du monde intérieur et du monde extérieur est particulière à la pensée automatique. Si elle reste un handicap pour la réflexion, elle a un avantage pour la pratique. Car elle permet de passer directement de l'idée à l'acte Il faut souligner l'apparition du mot action. Les foules ne sont pas dangereuses en ce sens qu'elles ne réfléchissent pas bien mais en celui qu'elles agissent et que leur action peuvent parfois mener à des situations de barbarie. [...]

[...] Cette analyse s'inscrit dans un contexte d'évolution particulier. Les images (dans l'inconscient, les médias ) prennent de plus en plus de sens dans notre société et favorisent la formation d'une pensée automatique qu'il faut (ou non) combattre. Limites et critiques émises Faisons tout d'abord quelques remarques sur le style de l'auteur. En effet, Moscovici s'exprime de manière très métaphorique à l'instar de son homologue Gustave le Bon L'homme ne sort donc de l'état d'individu que par une seule porte, et elle ouvre sur l'inconscient. [...]