Adopter des soeurs, construction de la parenté, mémoires des origines, Françoise Zonabend, enfant coréen, couple français, famille nucléaire, filiation par l'adoption, lien de sang, fiction de lien naturel, biologisation
Dans un article intitulé « Adopter des soeurs. Construction de la parenté et mémoire des origines », Françoise Zonabend raconte l'adoption de trois soeurs coréennes par un couple français, originaire de la région du nord Cotentin. Nous étudierons le passage situé page 20. Ce passage marque le début de l'histoire de la fabrication de la filiation au sein de la famille nucléaire constituée des parents normands et des fillettes coréennes. Cette fabrication s'effectue par les parents adoptants d'une part et par les fillettes adoptées d'autre part.
Dans le cas de l'adoption, la présence des institutions juridiques est particulièrement visible, notamment par l'interdiction en France de contacts entre les parents adoptants et les parents biologiques. L'adoption est dite fermée ; c'est un processus dans lequel l'État est omniprésent et non un arrangement entre des personnes. Au contraire, on pourrait considérer que la dimension biologique est d'une importance moindre, puisque les enfants adoptés n'ont aucun lien de sang avec leurs parents adoptants.
[...] En dépit de l'évocation des démarches administratives, l'acceptation du dossier par diverses institutions, il dépeint « un processus de « biologisation » des liens filiaux » (Zonabend p.20). Que révèle ce processus sur le cadre juridique de l'adoption et sur les représentations de la parenté qu'a le couple adoptant ? Nous montrerons d'abord comment le contexte juridique instaure la fiction de liens naturels entre adoptants et adoptés. Puis nous décrirons la fabrication de la parenté sur le modèle biologique effectuée par les membres de la nouvelle famille nucléaire. [...]
[...] Construction de la parenté et mémoire des origines, page 20 - Françoise Zonabend (2007) - Que révèle ce processus sur le cadre juridique de l'adoption et sur les représentations de la parenté qu'a le couple adoptant ? Anthropologie du lien familial Commentaire de texte Texte choisi : ZONABEND, Françoise « Adopter des sœurs. Construction de la parenté et mémoire des origines », L'Homme, n°183, en ligne, consulté le 05/01/2020, URL : http://lhomme.revues.org/25126 Dans un article intitulé « Adopter des sœurs. [...]
[...] Bien qu'elle entretienne des liens avec sa génitrice, l'aînée, en donnant la montre d'homme qu'elle portait à son arrivée à son père adoptant, signifie à Monsieur D. qu'elle le reconnaît comme père. À l'inverse, en donnant pour la première fois une fessée à l'une des enfants, Monsieur D. crée de la paternité. De plus, les trois fillettes renaissent symboliquement en recevant des prénoms français, officialisés rituellement lors de leur baptême chrétien et juridiquement lors de l'adoption plénière. Pour conclure, l'extrait est très représentatif du fait « qu'il existe un noyau central des représentations de la filiation : le modèle réel ou mythique de la filiation biologique. [...]
[...] en ligne, consulté le 06/01/2020, URL : http://books.openedition.org/editionsmsh/623 OUELLETTE, Françoise-Romaine « Les usages contemporains de l'adoption », p.153-176 in Agnès Fine (dir.) : Adoptions : Ethnologie des parentés choisies, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme p. en ligne, consulté le 06/01/2020, URL : http://books.openedition.org/editionsmsh/621 WEBER, Florence Penser la parenté aujourd'hui : la force du quotidien, Sciences sociales, Paris, Éditions Rue d'Ulm p. ZONABEND, Françoise « Adopter des sœurs. [...]
[...] La famille étudiée par Zonabend a eu recours à une adoption plénière définie en France par la loi de 1966, forme d'adoption qui remplace la légitimation adoptive définie par la loi de 1939. L'adoption plénière vise à remplacer une filiation légitime ou naturelle par une filiation adoptive et suppose l'absence, la déchéance ou l'accord des premiers père et mère, contrairement à l'adoption simple qui ajoute la filiation adoptive à une première filiation (Weber p.237). La loi de 1966 officialise l'idée selon laquelle un enfant ne peut avoir qu'un seul père et une seule mère. [...]
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