François-Bernard Huyghe, La désinformation : les armes du faux, sciences de la communication, information numérique, fact-checking, Web 2.0, crowdsourcing, whistleblower, astroturfing, enjeux géopolitiques, propagande, théorie des effets limités, pouvoir des médias, Bourdieu
L'essai théorique La désinformation, les armes du faux a été publié en 2016 chez Armand Colin. Ce livre s'attache à décoder les mécanismes de la désinformation à l'ère du Web, et particulièrement à l'ère du « Web 2.0 ». Cette notion désigne « l'ensemble des techniques et des fonctionnalités qui ont permis de rendre les contributions sur internet plus simples et plus interactives », grâce aux réseaux sociaux par exemple, en opposition avec le Web 1.0, statique, où les internautes adoptaient une position plutôt passive.
Le contexte de cet ouvrage est particulier : en 2016, les rubriques de fact-checking, qui consistent en « la vérification de l'exactitude des faits et chiffres avancés dans les médias », apparaissent massivement dans plusieurs médias américains et européens, principalement dans le domaine politique. Ces initiatives découlent d'un pic de la désinformation en 2015 et 2016, quand les sites mensongers et peu fiables ont représenté jusqu'à un quart des réactions sur Facebook et dont l'activité la plus haute remonte aux attentats de novembre 2015, avec de nombreuses rumeurs et intoxications. La désinformation commençait à cette époque à être perçue comme systématique et omniprésente.
[...] Enfin, l'auteur se penche sur le sujet des cyberattaques, en ce qu'elles peuvent servir la désinformation et être un risque important pour les États. La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à « la géopolitique du faux ». D'abord, il est rappelé qu'avec l'arrivée d'internet, les États ne peuvent plus utiliser la méthode de la forteresse, c'est-à-dire contrôler complètement l'information pour protéger la population de la désinformation. De plus, Huyghe aborde le sujet de la propagande terroriste de l'État islamique, très efficace en Europe car elle adopte les codes occidentaux (montage, images percutantes, etc.). [...]
[...] Selon lui, les médias en temps de guerre exercent une influence considérable sur l'opinion publique : montrer la souffrance de victimes innocentes au monde entier est une erreur stratégique qui peut coûter à l'armée en question sa victoire. En un deuxième temps, l'auteur se penche sur les « technologies de l'illusion ». Le Web 2.0 a instauré un climat de doute et de paranoïa concernant les informations diffusées. Cette atmosphère a renversé le constat fait auparavant à propos des récepteurs de l'information. En effet, avant le web 2.0, rares étaient les avant-gardistes qui critiquaient les médias, et les masses étaient considérées comme « anesthésiées par les médias ». Désormais celles-ci sont les plus suspicieuses. [...]
[...] L'auteur conclut en précisant que le fait même de croire que toutes les informations relayées sont fausses revient à une sorte de désinformation : le problème est la généralisation. Analyse critique Avant toute chose, il est essentiel de souligner que l'ouvrage manque de professionnalisme dans sa forme : il manque de structure logique au sein de ses chapitres. À plusieurs reprises, l'auteur passe d'un sujet à un autre sans suivre de raisonnement particulier. Ainsi, beaucoup d'explications sont répétées au fil de l'essai avec parfois même des phrases identiques. [...]
[...] L'auteur rappelle que cette surinformation encourage le récepteur au conformisme, soit à choisir l'information qui correspond le plus à ses présupposés. L'ouvrage s'attache d'abord à établir « l'histoire du faux ». En effet, il faut savoir que la désinformation a toujours existé et qu'elle ne consiste pas seulement en une fausse information relayée, mais en un système complexe avec des méthodes particulières. L'auteur explique que la désinformation est une stratégie pour vaincre un adversaire : elle cherche à rallier les citoyens à une cause définie. [...]
[...] Il est toutefois étonnant qu'il n'ait pas fait de lien avec Miniver, le Ministère de la Vérité de George Orwell, institution autoritaire en charge de la propagande et de la censure. Enfin, il faut noter que le contexte a évolué depuis 2016. En effet, le Web 2.0 et les réseaux sociaux se sont considérablement développés. Ceux-ci sont devenus une source importante d'information : en des Français affirmaient s'informer par le biais des réseaux sociaux. Le risque de désinformation s'accroît par la même occasion. En revanche, il faut prendre en compte le développement remarquable des intelligences artificielles : certains ont espoir qu'elles aident largement à réduire ce fléau. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture