Quentin Bell dans Mode et société : essai sur la sociologie du vêtement nous rappelle que « dans presque toute société, les vêtements indiquent le sexe de celui qui les porte, et distribuent les hommes et les femmes dans des catégories différentes. ». Le vêtement est en effet différencié selon les sexes, tant dans les matières utilisées pour la confection, que dans les coupes, les couleurs…
Si le corps est porteur de l'identité sexuée, comme nous le rappelle C. Detrez dans La construction sociale du corps, il ne faut pas oublier que les soi-disant évidences biologiques ne le sont pas tout à fait. L'identité sexuée ne se résume pas « à un assemblage de chromosomes ou à une énumération de différences anatomiques » (C. Detrez, op cit). L'adéquation entre le sexe et le genre n'est pas automatique, l'identité sexuée est le produit d'un processus de « sexuation ». La société entre pour une large part dans les différences existant entre les hommes et les femmes, façonnant leurs modes d'être, leurs goûts…
C'est précisément parce l'identité sexuée n'est pas innée, mais est le résultat d'un apprentissage que nous intéresserons plus particulièrement aux processus par lesquels les individus incorporent et s'approprient cette identité sexuée.
Le vêtement peut être, comme l'est le jouet , une occasion privilégiée pour observer les processus de socialisation sexuée. Le vêtement est en effet une des premières images qui, dans le quotidien, nous est donnée du sexe des individus. Il semble que le vêtement est un révélateur des représentations que la société se fait de ce que « doivent être » un homme et une femme, dans ce domaine sont rappelées sans cesse les convenances à respecter, les attentes collectives.
Ce qui est donc intéressant dans le vêtement, c'est le poids des contraintes sociales contraignant le choix des vêtements. A la différence du monde des jouets où les parents peuvent ou non respecter dans leur choix les destinations de sexe, dans le domaine des vêtements, cette question ne se pose pas. Le vêtement n'est pas questionné comme pouvant être autre pour chacun des deux sexes. Pour beaucoup, c'est un donné de la société que les filles portent des jupes et des robes ainsi que des pantalons, tandis que les garçons portent uniquement des pantalons, de même au niveau des couleurs, les gens prennent pour acquis que le rose soit une couleur de fille. Ce sont ces idées que nous avons voulu interroger dans ce projet.
Le vêtement est un indicateur très significatif des représentations et des apprentissages sexués, il est un révélateur de la socialisation sexuée au sein de la famille, et plus largement dans toute la société. Il s'agira donc d'étudier comment le vêtement peut être un indicateur significatif des représentations et apprentissages sexués des enfants dans leur famille.
Mais par ailleurs nous nous plaçons dans un milieu social particulier les classes supérieures. Ceci amène une détermination supplémentaire par rapport au choix du vêtement et de son rôle vis à vis de la construction de l'identité sexuée. En effet, dans tous les milieux sociaux, l'image de la femme et de l'homme sont différentes.
La condition de la femme diffère suivant les milieux sociaux, selon qu'elle doit ou non travailler, selon le type de travail, selon qu'elle a ou non une femme de ménage. Historiquement les différences étaient très importantes entre l'ouvrière, dont l'archétype peut être représentée par Gervaise Macquart dans L'assommoir de Zola et la bourgeoise. A chaque milieu social est associé une image de la femme.
Le poids des contraintes économiques et sociales jouant, dans deux milieux sociaux différents, le rôle du vêtement dans la construction de la personnalité sera sensiblement différent.
Nous nous sommes à dessein concentrés sur un milieu où les personnes peuvent s'offrir des toilettes, faire attention à elles. Dans le milieu des classes supérieures, le vêtement revêt une importance bien plus grande que dans tous les autres milieux sociaux. Dans La Distinction, Bourdieu oppose l'usage « réaliste » et fonctionnaliste, que font les classes populaires du vêtement à l'usage qu'en font les classes dominantes qui sont attentives au paraître. Le vêtement n'a pas, dans ces milieux, pour fonction première une fonction protectrice, il permet de reconnaître socialement les individus.
Nous partons donc de trois idées essentielles :
•Le vêtement a une influence sur la représentation des identités sexuées.
•Le vêtement est un indicateur de l'appartenance de classe.
•Les représentations des genres, des identités sexuées sont différentes suivant les milieux sociaux.
Il s'agira donc d'étudier en quoi le vêtement est un indicateur des représentations et des apprentissages différenciés selon les sexes Mais plus précisément, on se demande donc en quoi le vêtement peut être un indicateur des représentations de l'homme et de la femme dans les classes supérieures
Qu'est-ce que le vêtement révèle de la construction différenciée selon les sexes des rôles de genre dans les classes supérieures ?
On essaiera ici de saisir les variations individuelles de l'habitus vestimentaire des classes supérieures.
[...] C'est l'amorce d'une tendance à une distinction des âges qui sera de plus en plus marquée par la suite. À cette époque apparaissent les productions en série de vêtements par des manufactures et s'élabore la loi de 1841 réglementant le travail des jeunes. De même, se met en place l'enseignement supérieur pour les classes bourgeoises. En 1850, il est possible de distinguer chronologiquement les stades successifs de l'enfance à l'âge adulte en suivant l'évolution de la taille du couvre-chef chez le garçon le point de la tête nulle au chapeau haut de forme, an sens par le chapeau plat, le Spencer propre au jeune homme. [...]
[...] Mais le faut non Est-ce que vous pensez que les gens peuvent faire des erreurs dans la rue lorsque vous vous promenez avec un landau ? s'ils voient un nourrisson et que vous n'avez pas une couleur appropriée au sexe de l'enfant ? Ah, ça joue vachement. Alors là c'est clair, un nouveau né c'est super difficile de dire si c'est un garçon ou une fille. Justement il a des garçons qui sont très fins et des filles l'inverse. C'est très vexant pour des parents qu'on prenne un petit garçon pour une petite fille ou un petit garçon poutres une petite fille, donc je pense que forcément la manière dont un nourrisson est habillé est également liée à la volonté qu'il y ait une reconnaissance du sexe de l'enfant par les autres. [...]
[...] Alors que parallèlement la femme voit sa situation dans le ménage se dégrader à partir du XIVe siècle sous le renforcement de la puissance paternelle. Le sentiment de l'enfance va de pair avec celui de la famille. Il ne peut se développer qu'avec un minimum de secret. Au XVIIIe siècle, la famille refoule la société au-delà de la "vie privée" et fait du foyer un lieu de protection de l'enfant sur lequel se penchent des parents soucieux de sa santé, de son éducation et bientôt de sa sexualité. [...]
[...] Au cours des années 1940, apparaissent les robes au genou. Si on laisse de côté les détails, on peut dégager une façon quasi inchangée de se vêtir, depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin du XIXe siècle: la robe longue constituée des étoffes et des couleurs les plus variées pour les femmes, les pourpoints ou justaucorps et les chausses pour les hommes, qui n'adopteront le pantalon qu'après la Révolution française. Les transformations apportées à la vie sociale par la deuxième guerre ont donc achevé la simplification du costume de la femme que la première guerre avait amorcée. [...]
[...] On peut se rappeler l'étude de De Singly sur les capitaux mobilisés par chacune des deux parties dans la mise en couple. A travers la lecture des annonces matrimoniales, il repère les règles généralement implicites de l'échange matrimonial : la valeur sociale diffère pour les hommes et les femmes. Alors que chez ces dernières l'excellence esthétique et psychologique est mise en avant et prisée par les hommes. Les capitaux ont un sexe. Les adjectifs ou expressions associés à ma demande à la petite fille et au petit garçon se recoupent dans tout mon échantillon, même si les termes employés ne sont pas les mêmes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture