Poser la question de la morale sexuelle peut paraître aller de soi. Mais dans le contexte d'une modernité post révolution sexuelle qui pense s'être définitivement affranchie de tous les problèmes de morale sexuelle, la simple idée qu'une morale sexuelle est à l'œuvre dans notre société est en soi suspecte d'être le produit d'une nostalgie réactionnaire en totale déprise avec la réalité de la sexualité moderne. Concrètement, la neutralité que revendique GUILLEBAUD consistera donc à réfuter tout au long de son livre les présupposés philosophiques et historiques de la doxa « libérée » afin tout simplement de pouvoir traiter sereinement son sujet, mais en se gardant bien de remettre en cause les acquis de la révolution sexuelle (libération de la femme, contraception, avortement, reconnaissance de l'homosexualité). En première partie, l'auteur examine la révolution sexuelle et ce qu'elle est devenue. Dans la deuxième, il revisite les lieux communs de l'histoire de la sexualité avant d'aborder enfin en troisième partie l'état de la sexualité contemporaine.
[...] L'ouvrage rappelle également que pour les Grecs, âge d'or homosexuel pour certains, la question de l'homosexualité qui fonderait une identité, est absurde. Il y avait plutôt une asexualité même si la famille traditionnelle est un principe important, et que l'homme efféminé et le sodomisé sont gravement déconsidérés. De même, GUILLEBAUD souligne que l'on devrait garder en mémoire que c'est précisément au 19ème siècle, période du puritanisme bourgeois, qu'est inventé l'homosexualité. FOUCAULT en avait bien saisi les dangers : (avant) la sodomie était un type d'actes interdits ; leur auteur n'en était que le sujet juridique. [...]
[...] Objet de l'oeuvre : La Tyrannie du plaisir se propose de faire l'état des lieux sur la place et la nature de la morale sexuelle dans notre société. Deux ambitions sont affichées : éviter tout à la fois le moralisme nostalgique et le «permissivisme sûr de lui d'une part, et effectuer une synthèse des très nombreux discours (historique, sociologique, démographique, criminologique, etc) mis en jeu par la question sexuelle, d'autre part. III. Résumé : Poser la question de la morale sexuelle peut paraître aller de soi. [...]
[...] La Tyrannie du plaisir De Jean-Claude Guillebaud I. L'auteur : Né en 1944, Jean Claude GUILLEBAUD commence sa carrière de journaliste à Sud Ouest, puis au Monde où il devient grand reporter. Il est actuellement chroniqueur au Nouvel Observateur. Membre fondateur de Reporters sans frontières, il a obtenu le prix Albert Londres en 1972. Il est aussi romancier (Le voyage à Kéren, prix Roger Nimier 1988), essayiste (La Trahison des Lumières, prix Jean-Jacques Rousseau 1995) et éditeur. La Tyrannie du plaisir obtient le prix Renaudot Essai en 1998. [...]
[...] En première partie, l'auteur examine la révolution sexuelle et ce qu'elle est devenue. Dans la deuxième, il revisite les lieux communs de l'histoire de la sexualité avant d'aborder enfin en troisième partie l'état de la sexualité contemporaine. 1ère partie : Révolution dans la révolution De nombreux symptômes révèlent que l'idéologie de la révolution sexuelle n'est plus un horizon de pensée pertinent. Avec le grand théoricien de la révolution sexuelle Wilhelm REICH (mort en 1957) est apparue l'idée que le sexe est de gauche. [...]
[...] A propos de l'homosexualité GUILLEBAUD établit d'abord un constat : peu de débats sont aussi explosifs que ceux sur l'homosexualité. Pour les homosexuels militants le traître à la communauté a tout simplement remplacé l'ennemi de classe, le bourgeois et l'exploiteur Le domaine privé est devenu celui des luttes. L'auteur fait remarquer que si les polémiques sont aussi vives, c'est en partie parce que les «conquêtes des années 1970 participant de l'individualisme sont plus fragiles qu'on ne le croit et alors que le consensus médiatique à leur sujet est presque unanime. [...]
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