A l'heure où certaines Gaypride, marches des fiertés ou autres événements revendiquant le droit de « vivre sa sexualité » sont attaqués violemment par des skinheads et autres militants d'extrême droite (*), nombreux intellectuels s'intéressent aux questions de sexe, de genre, de désir et d'identité. Après la vague militante des années 1980 qui croit au progrès social par la législation et les théories de la post-modernité qui nous laisse penser que tous les modes de vie peuvent devenir socialement légitime, Judith Butler se donne alors comme objectif la déconstruction des notions communément admises, le bouleversement et l'éclaircissement sur les troubles du genre.
Féminisme ou homosexualité, il s'agit aujourd'hui de se donner les moyens de penser ces nouveaux modes de vie. Judith Butler est considérée comme une figure très importante des théories « Queer » et des « Gender Studies », elle les nourrit de ses remises en questions des présuppositions du féminisme occidentales. Ces deux théories sont développées aux Etats-Unis et vont ensuite se diffuser dans le monde entier. Elles ont comme point commun d'avoir un débouché politique et on peut considérer le mouvement Queer comme héritier du féminisme. Il s'agit bien aussi d'une remise en question de la place centrale de l'homme hétérosexuel comme figure du monde et de l'humanité. Tout comme le féminisme, ce mouvement a des revendications qui relèvent de l'identité d'où l'importance des revendications et des pratiques de types « coming out ». La pratique est d'ailleurs ce qui caractérise l'homosexualité à la différence des mouvements féministes dont les revendications sont également liées à des spécificités corporelles. Les Gender Studies permettent de faire exploser la notion de « sex » en introduisant celle du genre et de l'identité qui peut s'y attacher. Ces études ouvrent aussi un débat sur la langue et la représentation sociale. En s'appuyant sur des théories de la performativité, Judith Butler établira une analyse critiques des notions de genre, de sexe et de désir à partir du concept nietzschéen de la généalogie. Par la prise de conscience de la formation de ces notions, il s'agira d'instiller le trouble dans le genre.
Nous nous intéresserons d'abord à l'auteur et son parcours intellectuel pour nous concentrer ensuite sur un résumé linéaire de l'ouvrage. Nous poursuivrons par un résumé critique des trois écrits sur l'ouvrage et terminerons par un avis personnel.
[...] Elle décrit tout son travail de déconstruction et de renversement des discours sur le sexe. Pour cela Wittig s'intéresse beaucoup au langage et au je elle parle de la nécessité d'unité que doit ressentir le sujet pour s'exprimer à la première personne et de la division qu'opère la classification par genres. Butler relève cependant que si elle critique cette division, elle en reproduit une dans son discours qui distingue l'hétérosexuel de l'homosexuel. Pour Judith Butler, il y en effet des structures homosexuelles chez les individus hétérosexuels et inversement. [...]
[...] Les femmes sont le sexe tandis que les hommes sont la personne universelle, l'Homme. Pour Irigaray, la construction même de sujet est quelque chose de masculiniste qui empêche alors la possibilité d'un genre féminin. Judith Butler ajoute que de nombreuses études ont été faites pour démontrer que les associations culturelles entre l'homme et l'esprit et la femme et le corps. Pour Simone de Beauvoir la femme est effectivement le sexe tandis que pour Irigaray elle est l'Autre, elle ne représente pas le sexe mais le sexe masculin dans son altérité. [...]
[...] En passant par la déconstruction de la notion d'être en matière de sexe, Judith Butler nous explique finalement l'identité de genre est constituée par des forces performatives, l'effet de substance en est le produit. On ne doit pas voir une identité de genre cachée derrière les expressions mais comprendre leur influence créatrice. Dans le sixième et dernier sous-chapitre, Langage, pouvoir et stratégies de déstabilisation, elle aborde la question de l'homosexualité. Pour Wittig, le désir homosexuel est comme un mode qui transcende les catégories de sexe qui va permettre de remettre en questions les normes. [...]
[...] Le troisième chapitre s'intitule Actes corporels subversifs et n'est pas introduit. Dans le premier sous-chapitre Kristeva et sa politique du corps Judith Butler revient sur la loi paternelle telle que la définit Lacan, la conception du langage et du Symbolique, de la sémiotique et entreprend de remettre en question la théorie de Kristeva qui en découle. Pour elle, le langage relève de la culture et donc du paternel quand le langage poétique a pour spécificité d'être en lien avec le corps maternel et les pulsions premières qui s'y rattachent. [...]
[...] Elle dresse un constat plus général sur la psychanalyse qui ne peut concevoir la sexuation du sujet que comme un échec permanent ; échec que l'on pourrait comparer à la morale des esclaves de Nietzsche abordée au début et à la fin du sous-chapitre. Le troisième sous-chapitre Freud et la mélancolie du genre est un retour sur le complexe d'Œdipe théorisé par Freud et la façon dont il peut être producteur d'une identité de genre. Judith Butler développe les notions de perte de l'objet d'amour, de tabou de l'inceste, de mélancolie, de deuil qui s'attache au complexe. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture