Qui est l'auteur ? Eric Zemmour est diplômé de l'I.E.P. de Paris. Il commence sa carrière au Quotidien de Paris où il est journaliste politique de 1986 à 1994. Editorialiste à Info Matin pendant deux ans, il est grand reporter au Figaro depuis 1996 et journaliste à Marianne depuis 1997. Il est l'auteur de six livres, parmi lesquels « Immobile à grand pas » une biographie d'Edouard Balladur et « L'homme qui ne s'aimait pas », un portrait de Jacques Chirac. Quoique loin de la sphère politique, sa dernière publication, le premier sexe s'intéresse sur les derniers changements de la polis, la cité française.
Ce livre est un pamphlet à la limite de la caricature, qui charge un fait insistant de ses dernières décennies : la féminisation des mœurs, des esprits et des idées. Le premier sexe c'est une nouvelle hiérarchisation sociétale ambiguë, selon laquelle non pas les femmes, mais l'esprit féminin détourne, détruit et peut être même castre l'humanité masculine. Ce n'est pas écrit contre les femmes, mais contre l'abandon intellectuel général à un conformisme pseudo moral. Pas de voyeurisme puisque Zemmour s'évertue à prouver que les mutations de la sphère privée se répercute dans la sphère publique. Pas de provocation gratuite, puisque l'auteur s'appuie sur des arguments historiques, sociologiques et physiques. Au nom du progrès, la société s'engage inconsciemment dans la féminisation des esprits masculins; par conséquent, la sexualité, la famille et le lien sociétal s'en trouvent déconstruits.
[...] Le respect tue la libido : jamais les problèmes d'impuissance n'ont été si nombreux depuis l'ostracisme du désir. D'où la fuite des hommes, fuite géographique avec le tourisme sexuel, et fuite mentale avec le développement de la pornographie. Echappatoire virtuelle qui s'avère être une réelle impasse, la pornographie doit son succès au besoin de désacralisation des femmes par leur humiliation. Paradoxalement, en culpabilisant le corps, le féminisme a accrue un conservatisme lourd : la sécularisation des valeurs de l'Eglise. L'Eglise a interdit les bains collectifs et criminalisé la sexualité alors qu'il était courant au Moyen Age d'offrir sa femme à son hôte. [...]
[...] En définitive, la féminisation des mœurs s'accompagne du bannissement du comportement masculin, confiné au machisme. La perte d'identité masculine est englobée par une hypocrisie croissante glorifiant un politiquement correct de bon ton. Zemmour se lève pour dire non, non l'homme doit rester homme. Ce livre est jouissif puisqu'il ne laisse pas indifférent. Zemmour pousse le lecteur à prendre parti, il argumente sans vouloir mettre le lecteur dans sa poche, il veut le réveiller en lui jetant un seau d'eau froide. [...]
[...] La presse féminine fait des ravages dans l'idéal féminin. Zemmour va plus loin, peut être même trop loin, quand il évoque une coalition officieuse entre féministes et homosexuels qui déstructure les corps, les homogénéise vers une androgynie asexuée. L'homme a perdu sa fierté depuis que sa nature est criminalisée. Car le poids du féminisme confine à une nouvelle forme de totalitarisme. Cette idéologie n'est pas critiquable ; pour Zemmour, les chiennes de garde sont les nouveaux sages, ou plutôt les nouveaux gourous qui défendent un sectarisme idéologique politiquement correct. [...]
[...] Au point qu'on finit par se demander si Eric Zemmour ne s'est pas lancé dans un jeu sophiste intellectuel. Un peu comme Erasme écrivit pour ses amis l'éloge de la folie, avant de s'apercevoir du succès incroyable qu'il provoquait. Au passage, il désacralise les relations hommes-femmes, et le lecteur y laisse quelques plumes d'espoir. Certains passages historiques, comme la légalisation de l'avortement ne sont éclairés qu'à la lumière de sa thèse : on ne les comprend bien qu'en prenant du recul, et si besoin est, en contextualisant ce qu'il dit par la lecture d'autres livres. [...]
[...] Sa première phrase est la suivante Je sais. Je sais qu'il n'y a pas l'homme et la femme mais des hommes et des femmes Mais il sait qu'il marche sur un terrain miné, et qu'il peut être taxé de réac' coincé prônant un conservatisme moribond et c'est d'ailleurs ce qui lui est arrivé. Les hommes dans leur ensemble ont perdu leur pouvoir dans les familles, les sociétés et les mentalités. Ou plutôt ils l'ont lâchement abandonné. Après la première guerre mondiale, il y eut une prise de conscience collective que les sociétés des hommes étaient des meurtrières à l'agonie. [...]
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