« Là où l'aristocratie se distinguait par son sang bleu, la bourgeoisie est obsédée par son sperme. » A travers cette citation, Michel Foucault rappelle que si le XIXe siècle est le siècle du triomphe de la bourgeoisie, c'est aussi le siècle de l'invention du mot « sexualité ». Le mot « sexe » a toujours existé pour différencier les genres, mais l'apparition du mot sexualité au XIXe siècle ne définit encore que « la manière d'être de ce qui est sexuel », que ce soit pour une plante ou pour un animal.
Le sens que nous connaissons aujourd'hui de la sexualité – c'est-à-dire l'ensemble des pratiques qui génèrent une satisfaction sexuelle – n'apparaît qu'au début du XXe siècle. Alors qu'aujourd'hui l'historiographie considère la sexualité comme une pratique sociale et culturelle, il a fallu attendre la fin des années 1970 pour qu'elle soit envisagée de ce point de vue.
Jusqu'alors l'historiographie du XIXe et du début du XXe siècle n'étudiait la sexualité qu'à partir de ses déviances. Ainsi, Alain Corbin affirme-t-il qu'il était difficile de « pénétrer dans l'intimité des familles françaises sans être accompagné d'un officier d'État civil. » La nouvelle histoire de la sexualité s'intéresse tout d'abord à l'homosexualité, en marge du développement du mouvement gay et lesbien au début des années 1980.
Une controverse émerge alors entre les essentialistes qui considèrent la sexualité comme un phénomène anhistorique et les constructionnistes qui la voient comme une clé de lecture de la société sur une période donnée. Ainsi, les études récentes sur le XIXe siècle mettent en évidence un balancement permanent entre un contrôle accru de la sexualité dans le domaine public et une transgression grandissante dans la sphère privée.
L'approche constructionniste ayant fini par s'imposer, cette ambigüité peut être reliée aux évolutions générales d'une société en pleine mutation des années 1860 à 1914. Nous avons choisi de restreindre notre étude à la France : dégager une évolution commune dans l'ensemble des sociétés occidentales semble difficile, bien qu'il apparaisse pertinent d'établir certains parallèles avec d'autres pays européens.
[...] La jeune quant à elle ne doit pas aguicher, même si la beauté est indispensable. L'éducation sexuelle des jeunes paysans se fait de manière très empirique en observant les animaux s'accoupler ou mettre bas, tandis que les citadins ne disposent d'aucune expérience en la matière. L'éducation de la femme bourgeoise : un culte victorien Une fois mariée, la jeune fille doit se cantonner à son rôle de mère et de vraie femme c'est-à-dire une femme pieuse, douce et vertueuse conforme au culte victorien. [...]
[...] Les nus chastes trouvent des mobiles pour apparaître le plus souvent : artistique, sportif ou hygiénique. Un mouvement a tenté de libéraliser le nu et de le faire admettre dans les salles de spectacle : mais entre motivation artistique et motivation lubrique, le mouvement a échoué. L'érotisme clandestin en plein essor À la fin du siècle, la maison de tolérance devient un véritable "temple des perversions" dont la clientèle est avant tout constituée de bourgeois et d'aristocrates à la recherche d'un érotisme raffiné. [...]
[...] Le propre de la démocratie est de mettre en doctrine les bas instincts (Léon Daudet, 1910). Une réflexion encore limitée Mais s'il y a une libéralisation incontestable des mœurs au tournant du siècle, le tabou n'a pas encore totalement disparu. La psychanalyse a ancré la sexualité dans une idée stéréotypée. En effet, elle affirme que chaque plaisir est sexuel. Le domaine de la sexualité se voit donc très élargi et ne permet plus une véritable réflexion sur la nature même de la sexualité humaine. De plus, il n'y a toujours pas de véritable éducation sexuelle. [...]
[...] En effet, la sexualité était considérée comme un devoir conjugal pour 9 femmes sur 10, et s'envisageait exclusivement entre le mari et la femme. Seul le coït vaginal était pratiqué. Cette notion de devoir est bien illustrée par les procès verbaux de l'époque, comme l'ont montré les études empiriques d'Anne- Marie Sohn. Le mari pouvait ainsi faire appel à l'autorité si sa femme se refusait à lui, et même obtenir des relations par la violence : la pénétration vaginale n'était absolument pas considérée comme un viol tant qu'elle était faite entre mari et femme. [...]
[...] Cependant à partir de 1885, l'émergence du néo règlementarisme suite à l'échec du règlementarisme, et la diffusion de l'angoisse vénérienne au sein de la bourgeoisie entraînent un nouveau durcissement de la répression envers la prostitution, tolérée mais toujours sans existence légale devant la répugnance des politiques à débattre d'un tel sujet. Finalement, le terme de transgression semble mieux s'appliquer aux pratiques sexuelles déviantes qu'à la prostitution, puisque celle-ci reste institutionnalisée en France jusqu'au milieu du XXe siècle. On peut ainsi citer la sodomie, punie de pendaison jusqu'en 1861 en Angleterre. L'homosexualité, terme inventé par le Hongrois Benkert en 1869, est alors seulement considérée comme une forme de pédophilie. [...]
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