Les rapports sociaux de sexe en sociologie: l'exemple du Viêt-Nam

Résumé du document

Après avoir présenté les enjeux et la genèse de la sociologie des rapports sociaux de sexe, nous verrons dans une seconde partie que la sociologie des rapports sociaux de sexe contribue à une analyse du social par l'objet sociologique qu'elle met en valeur au travers de l'exemple du statut social ancestral de la femme vietnamienne, puis dans une troisième partie nous verrons quels apports elle permet dans le cadre d'une analyse de l'évolution actuelle de ce statut.

Extraits

[...] En conséquence, les filles mères font l'objet de discriminations sociale et sexuelle car aucune loi ne prévoit de dérogation pour abaisser l'âge légal au mariage, par contre les garçons ayant eu des relations sexuelles avant le mariage et ayant peut-être donné lieu à une naissance ne sont pas stigmatisés. Cela est révélateur d'un affrontement entre générations et d'un processus d'évolution en marche au Viêt-Nam. En effet, l'égalité entre les sexes est toujours défendue dans le cadre du mariage où un partage sexuel des tâches s'effectue, pourtant avec le renouveau économique certaines familles se tournent à nouveau vers le mariage traditionnel, et entre différentes générations le conflit est latent. [...]

[...] De plus, dans le mariage, moins qu'une valeur d'égalité entre époux ce sont des valeurs d'entraide mutuelles et de fidélité qui sont prônées au sud du pays, bien que les deux époux puissent demander le divorce sur la base de trois motifs : la malhonnêteté, la maltraitance et la honte causée par des insultes (Blanc, 1997). Mais en 1976, une résolution (76/CP) est prise pour appliquer à tout le pays réunifié la loi sur le mariage et la famille de 1959 du nord. La conception socialiste d'une famille égalitaire est ainsi répandue au sud du pays. Mais dans la pratique ces préconisations ne sont pas toujours respectées et le gouvernement socialiste voit ce non-respect comme une entrave au développement économique du pays. [...]

[...] La rigueur sociologique peut alors se mêler à l'interaction avec d'autres disciplines afin d'éviter ce biais majeur. Dans une société ou un homme peut être qualifié de féminin et une femme de masculine, que penser d'une approche de la féminité et de la masculinité en termes de catégories différenciées de façon nette ? Il est là de façon évidente une catégorisation dont les limites sont floues et fluctuantes, ce qui décrédibilise une approche en terme d'opposition de genre franche. La question soulevée précédemment sur une approche en termes de stratégies de résistance des individus à l'imposition de normes, règles et valeurs sur ce que doit être une femme ou un homme, est prégnante dans ce contexte. [...]

[...] L'épouse reste dans les faits soumise à son mari et à ses parents, elle ne dispose pas de droits mais de devoirs et la polygamie n'est pas abolie (Blanc, 1997). Cependant, le droit français apporte quelques modifications des droits relatifs au mariage, notamment le fait de ne pouvoir se marier avant l'âge de seize ans révolus pour les garçons et 14 ans révolus pour les filles. De plus, à l'âge de 21 ans les conjoints n'auront plus à demander le consentement des parents les plus âgés pour se marier. [...]

[...] L'évolution des outils sociologiques permet dans ce cas là de nouvelles recherches co-disciplinaires sur les rapports sociaux de sexe et en ce sens cela contribue à un renouvellement de la sociologie dans sa globalité. Ce champ particulier de la sociologie a su montrer l'existence et le poids du sexe comme construit et déterminant social, prenant comme point de départ les mouvements sociaux de libération des femmes. Bien que, pendant bien longtemps, cette sociologie ait privilégié une analyse en terme de normes, valeurs et règles qui s'imposeraient aux individus par le biais d'institutions telles que l'école ou la famille, au détriment d'une approche qui laisserait plus de place aux stratégies de résistance des individus à l'incorporation de ces normes contre les assignations sociales. [...]