Le mot libertin vient du latin libertinus signifiant esclavage affranchi. Au XVIesiècle, le terme a une connotation fortement péjorative. Il désigne tous ceux qui n'adhèrent pas aux croyances religieuses officielles. Au début du XVIIesiècle se développe un courant philosophique dit libertin se regroupant autour de Théophile de Viau, Cyrano de Bergerac, des libres-penseurs, des athées et des déistes. Dans le même temps, est libertin celui qui se moque des dogmes et des superstitions, faisant apparaître un nouveau sens au terme, sous celui d'un esprit fort. De ce fait, le premier sens du mot se rapporte davantage à la religion qu'à l'érotisme. Toutefois, il s'agit avant tout d'une philosophie de la vie, d'une manière de penser. Mais comment, pourquoi cette évolution du terme, de sa connotation et du libertin lui-même ? Quelle représentation artistique lui consacre-t-on au XVII et XVIIIesiècle ?
Notre exposé reposera principalement sur les différentes formes empruntées au monde artistique pour définir le libertinage, à travers des extraits littéraires tirés de romans ou de pièces de théâtre, ainsi que de la peinture.
[...] On comprend alors pourquoi le libertin attache tant d'importance au corps : il est une matière lui permettant de s'éloigner de l'ennui et d'atteindre le bonheur. Cependant, il se doit de respecter certaines règles de vie : il a charge de ne jamais révéler sa vraie identité mais doit toujours se cacher derrière son masque social qu'est l'image. De nos jours, la stigmatisation libertine, définie comme l'absence de limites sexuelles, paraît bien loin de sa conception et de son contexte originels. [...]
[...] Toutefois, le libertin ne peut se contenter d'avoir fabriqué son image qui lui convient. Il doit s'en servir pour percer à jour le monde qui l'entoure. Tout en sachant que chaque personne de la société se cache derrière son image, utilisée comme un masque social, le libertin nous invite à cesser d'être égocentrique et à repenser autrui comme ayant la même personnalité que soi. Mais il serait faux de croire que le but du libertin est d'aider la vie sociale des hommes, et s'identifierait ainsi à un être vrai et désintéressé. [...]
[...] De plus, l'étymologie du mot nous renseigne suffisamment sur le pourquoi de son comportement : il souhaite s'affranchir de l'influence que Dieu possède sur ses actes pour n'agir que comme il l'entend. On comprend alors que le libertin est originellement un détaché religieux et que cela expliquera son détachement sentimental. Lors de l'acte II scène II, Dom Juan vient d'être sauvé d'un naufrage par Pierrot, un pauvre paysan. Pour Sganarelle, homme pieux, il s'agit d'un avertissement du ciel représentatif de la colère de Dieu. Cependant, Dom Juan s'en embarrasse peu. [...]
[...] Selon lui, il faut en connaître les lois et les règles. Il s'agit donc ici de l'éducation d'un jeune homme de 17 ans, ingénu, dont la formation lui permettra de perdre sa naïveté sur le désir et le plaisir. Le libertinage est alors à la fois une philosophie, un jeu, une morale inversée et un art. Le libertin pense que l'on peut maîtriser son image et la conformer par rapport à ses intérêts. Par conséquent, il doit observer certains impératifs. [...]
[...] Il en montre le rapport à la luxure, portée elle aussi à l‘excès. Ceci est normal dans le sens où le libertinage est d'abord rallié à la débauche, au libertinage de mœurs. Ce qui ne devrait pas être prôné l'est ici, à l'inverse de Vivant Denon qui énonce une règle de modération. Sade franchit dès lors une limite, considérant le libertinage extrême comme nécessaire, et ce dans tous les domaines. La recherche de l'intimité amoureuse apparaît à un degré moindre dans les peintures de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), notamment dans le baiser à la dérobée. [...]
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