Les violences anciennes ont fait l'objet de nombreuses recherches mais certaines d'entre elles restent obscures et peu approfondies.
Le viol est un phénomène qui a suscité peu d'intérêt comme le montre la faible bibliographie sur le sujet. D'habitude étudié au sein d'ouvrages généraux sur la violence, G.Vigarello livre ici une Histoire du viol qui demeure le seul ouvrage de référence décrivant les violences sexuelles entre le XVIe et le XXe siècle.
La première mention écrite du viol apparaît en 1750 avant J-C dans le code d'Hammourabi, l'une des plus anciennes lois écrites. Cette loi assimile le viol à l'adultère où la victime et l'assaillant sont punis de la même manière, à la discrétion du mari, dont la femme est considérée comme la propriété.
Le terme « viol » est apparu en 1647 dans la langue française mais n'est pas clairement défini par les textes de lois sous l'Ancien Régime laissant le libre arbitre aux juges de décider de la sanction.
La période 1750 – 1850 est une période charnière où la violence et plus particulièrement la violence sexuelle apparaissent comme banalisées. Cette période apparaît comme celle, où la prise de conscience collective fait passer la société d'un archaïsme dominé par l'Eglise et les nobles, à une idée novatrice de celle ci, plus égalitaire tournée vers la modernité.
Notre dossier portera donc sur l'évolution de la conception du viol dans la société durant cette période charnière de 1750 à 1850.
Pour cela nous étudierons dans un premier temps l'Ancien Régime, reflet d'une société archaïque puis nous porterons notre intérêt sur la Révolution et le changement de la vision traditionnelle de la justice et des mœurs.
[...] A cela se rajoute l'absence de punition en cas de crime non violent, comme nous le montre l'affaire du Tambour de Châtellerault qui en 1827 fut acquitté après avoir commis un attentat à la pudeur contre plusieurs enfants. Les juges ayant estimé qu'il avait commis son forfait sans violence, ils décidèrent de l'acquitter. La Révolution s'est accompagnée d'un changement de la manière de penser et pourtant la violence morale n'est toujours pas reconnue. Ce n'est qu'après 1827 et l'affaire du curé Benfeld, que ce terme fait son apparition dans les textes. [...]
[...] Ainsi les affaires de viol sont théâtralisées, mettant en scène le spectacle des cours d'assises, mettant en scène le public admis pour la première fois dans leurs enceintes, intensifiant une dramatique. La vision du viol en est bouleversée comme nous l'indique L. Ferron, le violeur n'est plus un monstre issu du monde rural ou un violeur libertin (tels Fronsac ou Sade) ni un ouvrier misérable étranger au quartier mais monsieur tout le monde, un homme ordinaire intégré parmi ses concitoyens. [...]
[...] Nous allons nous intéresser à ce que la Révolution a apporté à la société. II La Révolution, une révolution de la société ? Dans ce deuxième temps, nous nous intéresserons à une évolution partielle de la justice, puis nous analyserons la hiérarchisation des individus dans la société qui conduit à l'émergence d'une nouvelle vision du viol. Dès le lendemain de la Révolution française, le premier souci des républicains, en majorité des hommes de loi, a été de doter la France de réels textes de loi. [...]
[...] Mais après avoir étudié le sujet, on se rend compte qu'il n'en est rien. Si le Code Pénal a constitué une véritable avancée pour les textes, les mentalités, notamment au début du XIXe siècle, n'ont pas véritablement évolué, faisant encore la place belle aux agresseurs et en dénigrant systématiquement les violences subies par les victimes (cf attentats à la pudeur). Il faut attendre les années 1820 1830 pour noter une véritable évolution, engendrée par la presse mais également par le progrès scientifique en matière de médecine légale. [...]
[...] Cela s'explique tout d'abord par la perception du viol par l'Eglise. Il est vu comme une transgression morale, un blasphème, un péché (luxure). C'est un crime de mœurs qui appartient plus à l'impudeur qu'à la violence. Ainsi la victime est inévitablement liée à ce péché. Par ailleurs la religion catholique condamne fermement la sodomie assimilée à un crime de lèse-majesté divin. C'est pour cette raison que très peu de cas sont relevés sous l'Ancien Régime. Les chirurgiens refusent d'examiner cet acte contre nature rejeté par les instances de la société. [...]
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