Le caractère reproductif de l'acte sexuel en fait une pratique inhérente à tout forme de vie animale. Il permet la survie du groupe, et répond aux instincts physiologiques. L'Homme demeure néanmoins un être social, capable de subjectiver et d'expliciter ses comportements et de mettre en regard (consciemment ou non) ses décisions et ses actions avec les valeurs et les normes du groupe. Or l'imbrication de l'acte sexuel (pratique physique), et de la sexualité (résultant de la socialisation) est l'enjeu essentiel de la réflexion portée sur la sexualité humaine. Mais outre l'aspect historique (évolution des pratiques) et médical (scientifisation clinique) de cette réflexion, la question primordiale est ici l'émergence de la construction sociale de la réalité sexuelle : pourquoi et comment la sexualité est-elle devenue un objet d'étude légitime de la sociologie et quelles en sont les conséquences quant à sa compréhension ? En d'autres termes, nous cherchons à comprendre le phénomène de sociologisation de la sexualité, de son apparition à ses enjeux méthodologiques et analytiques.
[...] Emergence et construction d'un fait social: la sociologisation de la sexualité Le caractère reproductif de l'acte sexuel en fait une pratique inhérente à toute forme de vie animale. Il permet la survie du groupe, et répond aux instincts physiologiques. L'Homme demeure néanmoins un être social, capable de subjectiver et d'expliciter ses comportements et de mettre en regard (consciemment ou non) ses décisions et ses actions avec les valeurs et les normes du groupe. Or l'imbrication de l'acte sexuel (pratique physique), et de la sexualité (résultant de la socialisation) est l'enjeu essentiel de la réflexion portée sur la sexualité humaine. [...]
[...] Pour une sociologisation méthodique, il était essentiel de se détacher de ces pré- constructions. L'apparition de la psychanalyse, qui repose sur le primat de la sexualité infantile, poursuit la médicalisation de la sexualité, alors que l'anthropologie commence à décrire la diversité des pratiques mais aussi des formations sociales, axées sur la sexualité adolescente. Mais rapidement, avec notamment l'enquête d'Alfred Kinsey (États-unis, fin des années 1940) mais surtout celles de Pierre Simon (France, 1970) et l'enquête ACSF (France, 1992)[1], la sociologie, armée d'enquêtes quantitatives de plus en plus complètes, va s'imposer pour une rationalisation et une lecture culturelle de l'activité sexuelle ; ceci rend alors nécessaire l'utilisation de nouveaux outils, de nouvelles techniques d'analyse (complexification des questionnaires d'enquête) pour pallier notamment les difficultés à nommer les pratiques sexuelles par les acteurs qui refusent l'objectivation et l'abandon des significations personnelles. [...]
[...] Le phénomène de conformation aux normes et valeurs est également illustré, entre autre, dans le décalage entre les déclarations des acteurs et les pratiques réelles : l'exemple de la masturbation féminine, sous-déclarée en raison de son inscription dans les représentations masculines, est particulièrement significatif. L'apport pour d'autres disciplines des sciences humaines, démographie ou épidémiologie, est également substantiel. Bien évidemment les analyses sociologiques, c'est-à-dire la compréhension des actes sexuels à travers des filtres comme les classes sociales, ou les représentations symboliques de distinction de genre, font l'objet d'une attention accrue[3]. La principale évolution analytique concerne l'observation de la domination sexuelle à travers les pratiques physiques. [...]
[...] M. Bozon, Les significations sociales des actes sexuels in Actes de la recherche en sciences sociales Voir Les comportements sexuels des Français : rapport, Paris, La Documentation française Voir Les comportements sexuels des Français : rapport, Paris, La Documentation française V. M. Bozon et H. Leridon, Les constructions sociales de la sexualité in Population V. M. [...]
[...] Conclusion La lecture sociologique de la sexualité a ainsi permis d'amoindrir les discours qui stigmatisent les attitudes jugées impropres ou contre-nature, bridant les corps et appuyant la soumission féminine, pour encourager une attitude rationnelle et responsable face à la sexualité. Le sida a déplacé l'analyse des comportements sexuels vers une dichotomie sûr / à risque ; seulement la stigmatisation sociale n'a pour autant disparu, s'appuyant désormais sur le sida pour désigner la mauvaise sexualité Bibliographie V. M. Bozon et H. Leridon, Les constructions sociales de la sexualité in Population V. [...]
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