Freud estime que les particularités et les désordres des deux sexes ont leur origine dans des tendances bisexuelles. En résumé, les difficultés psychiques chez l'homme résideraient dans la « répression de ses caractères féminins », et nombre de particularités chez la femme proviendraient de son intense désir d'être un homme. Ainsi selon Freud, l'événement le plus suggestif et le plus déterminant au cours de la formation de la petite fille, est sa découverte du pénis chez d'autres êtres, elle qui en est dépourvue. La découverte de sa castration marque un tournant important dans l'évolution de la petite fille. A cette découverte, elle réagit par un ferme désir de posséder ce pénis, et l'espoir qu'il poussera encore. Elle envie les êtres heureux qui en possèdent un. Au cours d'une évolution normale, l'envie du pénis s'effacera ; après avoir compris que ce « manque » est un fait irrévocable, la petite fille transférera ce désir du pénis en désir d'un enfant. « La possession de l'enfant constitue la compensation d'une déficience organique. »
[...] Freud pense que dans la psychologie masculine, la lutte contre le comportement passif ou féminin envers d'autres hommes est l'équivalent de l'envie du pénis. Il appelle cette crainte le refus de la féminité et le rend responsable de perturbations qui, à mon avis, font partie de la structure d'un type humain qui se sent obligé de se couvrir d'un masque de perfection et de supériorité. Freud a donné deux autres indices intimement liés concernant la caractéristique typiquement féminine : la féminité a un rapport secret avec le masochisme la peur primitive de la femme est celle de perdre l'amour, ce qui équivaut à la peur de la castration chez l'homme. [...]
[...] L'histoire prouve que beaucoup de femmes placées dans de telles conditions, sont heureuses et capables d'effort. Toutefois, ces facteurs sont responsables de la prépondérance des tendances masochistes chez la femme. La thèse de Freud (l'angoisse fondamentale chez la femme est la peur de perdre l'amour) est inséparable de celle qui voit, dans l'évolution féminine, des facteurs spécifiques prédisposant au masochisme ; elle y est même implicitement contenue. Si en effet, les tendances masochistes signifient la dépendance sentimentale envers autrui et que, par conséquent, l'un des moyens de sécurité contre la peur consiste à vouloir gagner l'affection des autres, la peur de perdre l'amour est alors un phénomène typiquement masochiste. [...]
[...] Les perturbations dans les rapports avec les hommes sont envisagées comme la dernière séquelle de l'envie du pénis. Les femmes, approchant les hommes principalement dans l'attente de recevoir un don (l'enfant-pénis) ou de voir se réaliser leurs ambitions, deviennent facilement hostiles aux hommes qui déçoivent leurs espoirs. Leur envie des hommes peut également s'extérioriser dans le besoin de les surpasser ou de les humilier d'une façon quelconque, ou encore dans l'aspiration à l'indépendance et le rejet de toute assistance masculine. [...]
[...] II est facile de trouver d'autres preuves à l'appui de la thèse : plaintes au sujet des fonctions organiques (menstruation) ; frigidité ; ressentiment contre le frère préféré des parents ; revendication de certains avantages propres à la situation sociale de l'homme ; symboles de certains rêves (femme portant une canne ou qui coupe du saucisson). En y regardant de plus près, on constate que ces caractéristiques sont aussi valables pour les hommes que pour les femmes. Le penchant vers la puissance dictatoriale, l'ambition égocentrique, l'envie et la médisance sont des caractéristiques évidentes dans les cas de névrose, si variable qu'en soit le rôle dans une prédisposition névrotique. [...]
[...] En ce qui concerne les symboles du rêve, on a tendance à surestimer l'expression des désirs virils au lieu de chercher une signification plus profonde. Ce procédé est en contradiction avec le comportement analytique habituel et ne peut être expliqué que par une forte influence des préjugés théoriques. Des patientes évoquent le manque de pénis Un autre argument en faveur de la thèse de l'envie du pénis a son origine dans l'attitude de la consultante. Si certaines femmes ne sont guère influencées quand on interprète leurs troubles par l'envie du pénis, d'autres l'acceptent volontiers ; elles apprennent rapidement à évoquer leurs perturbations avec les termes a féminin et masculin et même à s'exprimer, en rêve, à travers des symboles qui conviennent à cette manière de penser. [...]
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