Licence de sciences de l'éducation, lois Ferry, école française, institution scolaire, laïcité
Si, en France, l'école jouit des principes républicains de laïcité depuis 1882, Montesquieu affirmait pourtant que « les hommes naissent bien dans l'égalité mais (ils) n'y sauraient demeurer », L'Esprit des lois, 1748. À la lumière de cette question sur les inégalités, on peut se demander comment les Lois Ferry ont-elles, dans la pratique, mené à une démocratisation de l'école française ? L'analyse de plusieurs documents comprenant des données statistiques sur l'enseignement à la fin du XIXe siècle et l'extrait d'un livre, témoignage et apport historiographique de Roger Thabault, Mon village.
[...] Il en résulte, si l'on peut dire, le « meilleur » dans le sens où la démocratisation de l'enseignement est pleinement achevée et l'on rencontre une pluralité de pédagogie remettant, dans le même temps, l'apprenant et l'individu au chœur des réflexions sur un enseignement de qualité, accessible au plus grand nombre et de plus en plus personnalisé. Si ces documents mettent en lumière l'évolution, dans la pratique, de l'accessibilité des institutions scolaires, ils n'en relèvent pas moins la relative lenteur propre à nourrir pour un temps encore des systèmes de progression sociale clos, avec notamment la leçon de choses, qui ne sont que le simple reflet d'une évolution sociale française aussi insensible que profonde. [...]
[...] Enfin, nous pourrons retracer les grandes lignes de l'organisation actuelle des institutions françaises. D'abord, le parcours du père, Pascal Chaignon, est éclairant sur le système scolaire des années 1865-1870 où l'exigence à la sortie du système scolaire consistait à « savoir (parfaitement) lire, écrire et compter » et ouvrait, en conséquence, à un élève « remarquable », les portes d'une carrière brillante de « sous-officier » par exemple. Nous noterons également le choix fait par cet élève d'origine sociale modeste de préférer une humble carrière de facteur. [...]
[...] En effet, l'organisation actuelle des institutions scolaires, en « trois ordres » notamment, est le fruit des avancées pédagogiques passées car elle emprunte à toutes les périodes différentes des clés de compréhension de sa pédagogie actuelle : à l'Antiquité, la nécessité d'enseigner, au Moyen Age, l'enseignement individuel, aux Temps Modernes, l'ordre et la différenciation par classe d'âges, au XXe s. une pédagogie davantage centrée sur l'enfant. Ainsi, la somme des savoirs et des expériences passées ont permis de dégager à la fois les axes pédagogiques les plus pertinents et de mettre à jour de nouvelles réflexions. [...]
[...] Ces freins ne sont pas anodins. Cependant, l'entêtement du père est fort ici et souligné par la réponse faite à son employeur. Remarquons tout de même, un rapport de classe fort dans lequel, cependant, des changements s'opèrent : en effet, le facteur qui « se cambre » avec « toute fierté » à l'idée de se voir refuser l'accès au collège pour son fils, « se redresse » également devant son employeur- signe que les « gens du peuple » commencent à comprendre l'école comme moyen de réussite sociale. [...]
[...] L'assurance de ces deux hommes n'ont absolument pas la même origine : l'une est acquise, l'autre gagnée de hautes luttes. Pour autant, elle apparaît hautement signifiante. En effet, dans la même situation, vingt ans plus tard, pour son fils « brillant », le père souhaite une entrée au « collège », lequel constitue un « accomplissement », la promesse d'un emploi « supérieur » et un rêve pour une classe aux revenus modiques. Ce désir reflète ici, la notion d'ambition sociale et de « carrière » qui émerge parmi les classes modestes. [...]
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