Illettrisme, médias, sociologie, Bentolila, Fijalkow, Lahire, éducation, citoyenneté, handicap, problème de société
Ce dossier thématique intitulé « L'illettrisme » dépasse le cadre de la définition du terme. Il présente un corpus de quatre articles qui montre l'évolution de la notion entre 1993 et 2000. Si le premier article, ouvertement polémiste, engage la responsabilité du système éducatif, les autres articles tentent d'en comprendre les origines et les implications. Le deuxième article a pour auteur Alain Bentolila, professeur de linguistique. Son article provocateur « L'illettrisme, autisme social » assimile l'illettrisme à un handicap, mais selon la définition discriminante qu'il en avait en 1997 (définition répandue et qui, fort heureusement, a évolué dans les mentalités), soit le synonyme d'un isolement social, d'une inadaptation à la vie en société. Le troisième article, rédigé par Jacques Fijalkow, professeur en Sciences de l'éducation, associe l'illettrisme à la médiatisation qui en est faite, à savoir une notion mal identifiée, car mal appréhendée, ainsi du titre ironique « Un objet médiatique non identifié », en 2000. Dans le même numéro du Monde de l'Éducation, Bernard Lahire, professeur de sociologie, publie un article intitulé « Le détournement du vrai problème » qui montre les dérives induites par le détournement de la notion d'illettrisme en France.
[...] De même, l'illettrisme est devenu un enjeu politique, comme le suggérait le texte 2 : en créant, soi-disant (rappelons qu'aucun chiffre ne l'a démontré ici) des problèmes liés à la citoyenneté et aux violences dans les banlieues (comme expliqué dans le texte c'est bien une récupération xénophobe et raciste qui s'accomplit. Le corollaire est un effet pervers : les illettrés, au lieu d'être aidés, sont devenus la cible de stigmatisations et même de violences psychologiques puisque Bentolila qualifie les illettrés de « moins bons humains », ce que dénonce Lahire. En bref, les illettrés sont devenus les victimes d'intolérance, de violences politiques, et de précarité financière : le phénomène médiatique a lui-même créé un problème de société qui n'existait pas. Documents du corpus : 1. Auteur inconnu: «illettré, pourquoi? [...]
[...] Enfin, Bentolila assimile l'illettrisme à des problèmes de citoyenneté et de violences dans les banlieues, ce que dénonce Lahire dans l'article 4. Ainsi, même si l'illettrisme peut être une problématique personnelle si l'individu ne parvient pas à trouver des stratégies de compensation, il n'en est pas pour autant, contrairement à la thèse de Bentolila, un problème de société. C'est bien plutôt une manipulation opérée par les médias : d'un problème individuel, l'illettrisme devient, par le biais des médias, un problème de société. [...]
[...] L'illettrisme, problème de société ou phénomène médiatique ? Ce dossier thématique intitulé « L'illettrisme » dépasse le cadre de la définition du terme. Il présente un corpus de quatre articles qui montre l'évolution de la notion entre 1993 et 2000. Si le premier article, ouvertement polémiste engage la responsabilité du système éducatif, les autres articles tentent d'en comprendre les origines et les implications. Le deuxième article a pour auteur Alain Bentolila, professeur de linguistique. Son article provocateur « L'illettrisme, autisme social » assimile l'illettrisme à un handicap, mais selon la définition discriminante qu'il en avait en 1997 (définition répandue et qui, fort heureusement, a évolué dans les mentalités), soit le synonyme d'un isolement social, d'une inadaptation à la vie en société. [...]
[...] Il conviendra, au regard de ce dossier, de s'interroger sur cette notion d'illettrisme, entre problème de société et phénomène médiatique. Tous ces textes s'accordent sur un point : la définition et le chiffrage de l'illettrisme ont toujours été des éléments vagues, ce qui ne permet pas toujours de conclure à un problème de fond ou à un intérêt médiatique. Dès lors, ce serait du côté des conséquences supposées de l'illettrisme qu'il faudrait se tourner : est-ce un problème qui touche la société ou s'il s'agit-il d'une thématique dont s'emparent les médias. [...]
[...] Bernard Lahire, quant à lui, dénonce le mensonge inhérent à ces chiffres qu'il qualifie de « fantaisistes ». Ainsi, si problème de société il y aucune étude précise ne permet de l'affirmer, du moins, aucun des auteurs de ce corpus ne s'y réfère avec précision, ni rigueur scientifique. Ce serait donc du côté du phénomène médiatique qu'il faudrait se pencher. Mais en étudiant les conséquences supposées de l'illettrisme, ce dossier met-il en avant un problème de société ou un phénomène médiatique ? [...]
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