Illettrisme : note de synthèse

Résumé du document

Le corpus de textes que nous allons étudier est un ensemble composé de quatre articles de journaux, le premier étant extrait du Midi Libre, les trois autres du Monde de l'éducation. Ces articles s'espacent dans le temps, le premier ayant été écrit en 1993, le deuxième en 1997, les deux autres en 2000. Concernant les auteurs, nous pouvons noter que l'un d'entre eux est inconnu (premier texte) mais que les trois autres ont une notoriété certaine, Alain Bentolila étant (à l'époque de l'article) professeur de linguistique et commissionné par le président de la République pour effectuer une analyse de l'illettrisme en France et depuis réputé dans le monde de l'éducation pour ses nombreux ouvrages concernant cette question ; Jacques Fijalkow étant professeur en sciences de l'éducation à l'université de Toulouse et auteur de plusieurs ouvrages concernant l'entrée dans l'écrit ; Bernard Lahire étant professeur de sociologie à l'université Lumière, Lyon 2 et ayant mené des recherches concernant les liens entre la culture écrite et les inégalités scolaires.

Extraits

[...] L'illettré est celui, qui pour des raisons diverses, ne parvient pas à maîtriser ses deux compétences. D'après l'auteur, le nombre d'illettrés n'est pas aisé à connaître particulièrement dans la mesure où les personnes concernées honteuses de leur condition, ne font pas savoir qu'elles en difficulté face à l'écrit. Ainsi, les raisonnements concernant l'illettrisme en France ne peuvent-ils être qu'hypothétique, et l'auteur parle même d'illettrisme potentiel Une évaluation sur un public ciblé (les appelés au service national), menée par le Groupe Permanent de Lutte contre l'Illettrisme, a cependant pu révéler que 25% des jeunes appelés n'étaient pas en mesure de satisfaire à un simple test lecture ayant pour visée : la rapidité de lecture et la compréhension. [...]

[...] : détournement d'un vrai problème extrait de Le Monde de l'Education, mai 2000, p Texte 1 - Auteur inconnu: «Illettré, pourquoi? extrait d'un article paru dans Midi Libre septembre 1993. Analphabète: personne n'ayant jamais appris à lire et à écrire. Un quart de l'humanité selon l'UNESCO. Illettré: personne à qui l'on a enseigné la lecture et l'écriture, mais qui, pour des raisons diverses, n'a pas acquis ou conservé ces apprentissages. Nombre inconnu, car difficile à cerner. L'illettré s'arrangeant souvent pour cacher son problème. La distinction est toute récente. Pour les dictionnaires (Larousse, Robert) les deux mots étaient synonymes. [...]

[...] Ainsi, dans la quasi-totalité des cas, il s'agit de personnes non scolarisées ou mal scolarisées, pour les classiques raisons qui régissent le rapport à la scolarité des milieux défavorisés. La question de savoir si l'illettrisme existe en France, quelle est son ampleur et quels sont les publics concernés ne pose donc pas de problème majeur, si l'on veut bien passer outre une certaine imprécision. Au plan scientifique, en dépit d'un récent et appréciable volontarisme, il existe encore peu de travaux et donc pas de véritable débat entre chercheurs. [...]

[...] Bernard Lahire, va encore plus loin en nous montrant que l'origine du terme illettrisme est elle-même médiatique. D'après lui, le terme a été utilisé pour la première fois par ATD quart monde et a été relayé par les médias dés 1983 ; l'officialisation de ce terme au point de vue politique n'intervient qu'en 1984. Cependant, cette médiatisation est nuisible dans la mesure où elle donne à croire que le problème est croissant (plus on parle plus on pense que le problème se repend), et qu'elle intensifie le flou qui entoure la notion d'illettrisme, faisant de cette notion un véritable fourre-tout. [...]

[...] En effet, ces deux textes ont été rédigés avant les grandes enquêtes sur l'illettrisme. Les données sont imprécises, relatives à un public très ciblé. Le troisième texte s'offre la possibilité d'avancer un chiffre consensuel, cependant, dès la première ligne, Fijalkow précise que la mesure de l'illettrisme demeure encore incertaine. Un troisième point permet de rapprocher ces textes : le fait que la médiatisation du problème de l'illettrisme ait une influence réelle sur la perception que nous avons de ce problème. [...]