Au milieu des années quatre vingt, rien ne justifiait un intérêt prolongé sur les rapports entre les universités et les villes qui les hébergeaient. La seule image qui venait à l'esprit était celle du divorce ou de l'incompréhension. En effet, les collectivités territoriales semblaient peu soucieuses du destin de « leurs » universités ; ces dernières figurant rarement dans les atouts du patrimoine local exhibés dans les brochures de présentation de la ville. Pourtant, moins de dix ans plus tard, tout a changé.
Depuis le milieu des années quatre vingt, l'enseignement supérieur intéresse un nombre croissant d'acteurs. Ainsi en France, aux côtés d'un Etat qui a conservé le monopole de l'intervention publique universitaire, de nouveaux acteurs locaux et régionaux se sont engagés dans des financements en faveur du développement de l'enseignement supérieur. Nous passons d'une situation d'isolement de l'université par rapport à des sociétés locales méfiantes, à une nouvelle ère dans laquelle les universités sont promues au rang de nouvel atout de développement local au niveau économique, culturel et social.
De nombreux programmes de développement ont été mis en œuvre comme le lancement du Plan université 2000 en 1990 qui a réconcilié la société avec ses universités comme en témoignent les importants investissements pris en charge par les collectivités territoriales (plus de 15 milliards de francs entre 1990 et 1995) ! D'autres programmes de développement se sont succédé comme les Schémas académiques et régionaux, les Contrats de Plan Etat-Région, les Schémas de services collectifs « Enseignement supérieur-recherche », U3M…S'ils ont essentiellement concerné des investissements immobiliers et d'équipements, ils ont aussi amené l'émergence de politiques régionales et locales d'enseignement supérieur.
Dans le même temps, les universités ont été conduites à mettre en œuvre les contrats quadriennaux avec l'Etat qui incluaient la définition de leur projet de développement et notamment leurs diverses relations avec leur environnement territorial.
De ce mouvement, il ressort des stratégies différenciées selon les territoires, un enchevêtrement des niveaux de décision et d'intervention et in fine, l'émergence d'un nouveau modèle de développement universitaire basé sur le modèle de la gestion publique territoriale où les politiques publiques d'enseignement supérieur ne relèvent plus de la seule intervention étatique mais deviennent le résultat d'un processus constitutif et politique territorialisé. Dans le même temps, on observe l'émergence d'une politique universitaire européenne (processus de Bologne, harmonisation européenne, réforme LMD…) qui remet en question un modèle public national et unique de développement de l'enseignement supérieur.
En rupture avec une tradition de centralisation de la conception, de l'organisation et de la gestion des systèmes éducatifs, les différentes lois de décentralisation ont accentué le rôle des proximités (régionales, locales). Parallèlement, sous l'impulsion de l'Etat, des dispositifs territorialisés sont apparus : Zones d'Education Prioritaires, Contrats Educatif Local, Réussite Educative…
La formation professionnelle connaît, elle aussi, des évolutions considérables : formation tout au long de la vie, nouvelles compétences régionales. L'Europe s'impose également pour l'enseignement supérieur. La nation n'est plus le seul niveau de référence.
La lente constitution de la carte contemporaine de l'enseignement supérieur français met en évidence un processus de densification dans l'implantation de sites universitaires (sous forme d'établissements de plein exercice ou d'antennes).
Dans chaque région, des spécificités liées à l'histoire, à la structure du tissu économique et aux dynamiques qui l'animent, à l'armature urbaine ont contribué à l'émergence de modèles particuliers. La construction de l'offre de formation professionnalisée dans l'enseignement supérieur est le résultat de coordinations complexes entre quatre catégories d'acteurs : les organismes de formation, les entreprises, l'Etat et les collectivités territoriales. La diversité de ces coordinations permet d'expliquer l'inégale répartition de ces formations entre les régions, et au sein des espaces régionaux.
Il serait donc opportun de se demander, comment se dessine aujourd'hui la carte de l'enseignement supérieur français à travers son territoire, sa dynamique de professionnalisation et son intégration dans l'espace européen ?
Dans un premier temps, nous étudierons la structuration de l'enseignement supérieur et de la recherche à travers l'implication des collectivités territoriales (I), puis dans un deuxième temps la professionnalisation de cet enseignement supérieur (II) et pour finir nous aborderons la mise en place de l'espace européen de l'enseignement supérieur (III).
[...] Le système de crédits ECTS est gardé pour favoriser la mobilité étudiante la plus étendue possible, ainsi que l structures en deux cycles dont le premier a une durée minimale de trois ans et doit donner au marché du travail au niveau européen, tandis que le second doit mener au titre de master. On cherchera la promotion de la mobilité en abolissant les obstacles à la libre circulation tant pour les étudiants que pour les professeurs, chercheurs et personnels administratifs, ainsi que la promotion de la coopération européenne en matière d'assurance qualité. [...]
[...] L'action des collectivités territoriales a une action positive de structuration de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elle favorise l'autonomie des universités. Elle a contribué à l'ouverture des universités à leur environnement socioéconomique. Surtout, elle a contribué à renforcer les secteurs d'excellence de l'université qu'il s'agisse de la recherche ou des formations professionnelles. Enfin, la qualité du partenariat passe par la définition d'une politique claire de l'Etat et par une meilleure organisation des universités sur le plan territorial. Parallèlement, la vocation de formation professionnelle des études universitaires est aussi ancienne que l'université elle-même : elle renoue aujourd'hui de manière de plus en plus dynamique depuis ces dernières années, avec une finalité qu'elle avait peu à peu perdue, à mesure qu'elle entrait en crise, crise renforcée en France tout au long du XIXème et du XXème siècle par le développement des grandes écoles. [...]
[...] Finalement, on cherchera à promouvoir une nécessaire dimension européenne en matière d'enseignement supérieur. Avant de discuter des dangers potentiels contenus dans cette déclaration, il est peut être bon de se demander pourquoi le processus de Bologne connaît un tel succès alors même qu'il n'est pas obligatoire. Il est en effet frappant de voir que de mai 1998 à juin 1999 on passe de 4 à 29 signataires (32 à Prague en mai 2001, sans compter les universités qui elles-mêmes participent activement à cette dynamique et se sont rencontrées les 29 et 30 mars à Salamanque), montrant bien qu'il s'agit là d'une initiative largement partagée. [...]
[...] En outre, le taux de professionnalisation des formations dispensées dans la sphère universitaire se situe à un niveau inférieur à celui observé dans les deux types précédents et surtout a peu évolué depuis 1996. De ce fait, les formations professionnalisantes sont largement portées par des structures extérieures à l'université : principalement les Sts mais aussi les écoles paramédicales et sociales et parfois les écoles d'ingénieurs. Au total, le taux de professionnalisation global est proche de celui observé pour le type 2 (54%à 58%). Les régions Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie, Bourgogne, sont proches de ce modèle. Groupe 4 : Enseignement supérieur professionnalisé faiblement développé L'université occupe une place importante dans l'ensemble des formations supérieures. [...]
[...] La liberté académique est une condition nécessaire de la démocratie. Comment concevoir une démocratie "vivante" si la seule transmission autorisée est celle de savoirs et de compétences utilisables sur le marché du travail ? Il est temps de sortir du matérialisme et de l'utilitarisme qui dominent toute la pensée sur l'éducation, et rappeler qu'une société ne se résume pas à l'économique. Conclusion L'université d'aujourd'hui ne peut manquer à sa mission traditionnelle mais elle doit faire face à des défis qu'elle ne connaissait pas. [...]
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