« …le plaisir que prennent souvent les jeunes gens à entreprendre des choses difficiles, et à s'exposer à de grands périls, encore mesme qu'ils n'en esperent aucune profit, ny aucune gloire, vient en eux de ce que la pensée qu'ils ont que ce qu'ils entreprennent est difficile, fait une impression dans leur cerveau, qui estant jointe avec celle qu'ils pourroient former, s'ils pensoient que c'est un bien de se sentir assez courageux, assez heureux, assez adroit, ou assez fort, pour oser se hasarder à tel point, est cause qu'ils y prennent plaisir. »
Ce plaisir dont parle Descartes oblige à s'exposer à un péril. Ce plaisir était auparavant inconcevable, tellement extraordinaire à cette époque. Il apparaît donc avec l'Homme moderne.
Mais c'est seulement un siècle plus tard que l'on peut trouver une sorte de définition du
risque. C'est Jean-Jacques Rousseau qui la formule : « A l'égard du risque c'est un danger auquel
on s'expose volontairement et avec quelque chose qui nous tente plus que le danger qui
nous effraye.» Rousseau souligne le fait que le risque entraîne nécessairement l'obtention de quelque
chose à des conditions précises. Donc, le sentiment de soi, cause d'un plaisir extraordinaire évoqué par Descartes ne rentre pas dans la définition de Rousseau. Cette dernière nécessite un objet.
Mais l'Homme ne peut-il pas devenir son propre objet ?
Descartes avait assigné à l'Homme sa subjectivité par son « ego cogito ». Si l'Homme est fondé par sa subjectivité et donc, qu'il est à la base de tout ce qui peut être, cette subjectivité peut aussi concerner le Sujet qu'est l'Homme. L'Homme peut ainsi se perdre dans la relation entre Sujet et objet et devenir son propre objet.
Si le mot « risque » tire ses origines du langage maritime des romains et signifie les « écueils rocheux à contourner », Descartes fut le premier à parler de risque dans le sens de « se sentir fort par le risque ». C'est exactement dans ce but que les adolescents d'aujourd'hui adoptent des
comportements déterminés par le risque. C'est ce genre d'attitude qui est source d'inquiétudes et d'incompréhension pour les adultes.
On peut parler de risque seulement parce que l'Homme le prend. Le risque ne peut pas être sans l'Homme. Mais on peut se demander si l'inverse est aussi possible. C'est à dire, le risque serait un trait indispensable de l'existence de l'Homme. Et donc, prendre un risque voudrait dire que l'Homme se saisit d'une de ses possibilités à être.
N'est ce pas le cas des adolescents qui ont des conduites à risque ? N'est ce pas l'occasion pour eux d'être ? D'après ce constat, on ne peut guère s'étonner du fait que le risque intéresse les
éducateurs ayant en charge des adolescents en difficulté. Et, particulièrement sur la manière dont ils le détournent pour le transformer en mode de prise en charge. De là, l'émergence de l'utilisation des activités sportives à risque dans les structures
éducatives. Ces activités sont définies comme présentant un danger important pour l'intégrité physique pouvant aller jusqu'à mettre en jeu la vie des pratiquants. Les règles du jeu, essentielles, sont de ce fait, une garantie pour l'intégrité corporelle des pratiquants. Malgré tout, elles sont rarement dangereuses, non par l'absence de risque
en soi, mais parce que celui ci est repéré, signalé, contrôlé. Donc, le seuil de prise de risques humains et techniques est maintenu en deçà des chances du probable. L'objectif est donc d'extraire les jeunes de la délinquance, prise de risques incontrôlée
mais illusion d'une identité et d'une reconnaissance, afin de les inclurent dans un système de prise de risques contrôlée. Cela bouscule les repères d'identification et la manière de vivre.
Dès lors, dans quel intérêt les éducateurs vont – ils utiliser les activités sportives à risque pour intervenir auprès d'adolescents ayant des conduites déviantes (problématique), si ce n'est pour leur offrir une autre manière d'être (hypothèse) ?
Afin d'offrir aux jeunes en difficulté la possibilité d'être, les éducateurs s'interrogent tout d'abord sur le choix d'utiliser un outil telles que les activités sportives à risques et sur ce que cela engendre (1ère partie), et dépassent ensuite le cadre de la réflexion par le « faire avec » et la volonté de « faire sens » (2nde partie).
[...] De là, l'émergence de l'utilisation des activités sportives à risque dans les structures éducatives. Ces activités sont définies comme présentant un danger important pour l'intégrité physique pouvant aller jusqu'à mettre en jeu la vie des pratiquants. Les règles du jeu, essentielles, sont de ce fait, une garantie pour l'intégrité corporelle des pratiquants. Malgré tout, elles sont rarement dangereuses, non par l'absence de risque en soi, mais parce que celui ci est repéré, signalé, contrôlé. Donc, le seuil de prise de risques humains et techniques est maintenu en deçà des chances du probable. [...]
[...] Il n'était pas facile pour les jeunes et les adultes de l'assurer. L'équipe n'ayant pas su lui fournir de réponses adaptées, Cédric a fugué 3 semaines après son arrivée. Il n'a jamais réintégré le CER. Guillaume. Il était dans un état très limite à son arrivée au CER. Il était très malingre, nonchalant, faible. Personne n'aurait pensé que Guillaume tiendrait le coup du fait de sa mauvaise condition physique. Mais, Guillaume a surpris tout le monde. Il s'est très vite et très bien investi dans les activités. [...]
[...] certaines drogues illicites (cannabis) dans nos sociétés ne suffisent pas à elles seules à justifier cet intérêt. Il est vrai qu'il existe un effet de mode autour du risque, dans certaines professions ou bien dans la multiplication d'exploits où la vie est à chaque minute mise en péril, ce qui pourrait expliquer la propension des études. Les conduites à risque sont une catégorie très large qui englobe sous le même vocable des phénomènes très disparates, de manière inédite : - Des comportements : rapports sexuels non protégés, usage de drogues, imprudence routière. [...]
[...] Le jeune retrouve son environnement à la fin de sa mesure de placement et donc, un autre système de règles qui l'influencent aussi. Le relais doit donc être pris par des adultes référents stables à l'extérieur, reconnus par l'adolescent, afin de continuer ce qui a déjà été amorcé. Les activités sportives à risque offrent une dynamique de socialisation qui ne va pas que vers le conformisme social. Pour le jeune, la conformité induit la soumission aux cadres et aux normes. Or, l'activité à risque, par essence, est absence de conformité. [...]
[...] Les prises de risques délibérées ne constituent qu'une petite fraction de l'ensemble des conduites à risque objectives. Car, le plus souvent, les jeunes n'ont pas conscience du danger auquel ils s'exposent. Les jeunes impliqués dans ce type de comportement représentent une forte minorité. Ils témoignent essentiellement d'un manque à être, d'une souffrance et de la nécessité intérieure de s'affronter au monde pour se dépouiller du mal de vivre et pour poser les limites nécessaires au déploiement de leur existence19 La solution pourrait être les campagnes de sensibilisation et d'information mais les adolescents sont résistants aux messages préventifs. [...]
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