La pratique du récit de vie comme outil de formation de soi - Projet de mémoire

Thèmes abordés

Récit de vie, parcours de vie, journal de recherche, formation de soi, formation, autobiographie

Résumé du document

De prime abord, raconter sa vie peut apparaître comme une pratique banale. En fait, on raconte sa vie en permanence, du moins, la version de sa vie qu'on accepte de partager avec autrui, la version qui permet d'alimenter la conversation. Mais raconter sa vie peut aussi avoir d'autres fonctions, par exemple, cela peut avoir une fonction curative et thérapeutique. Ainsi, dans le cas que je viens de pointer, raconter sa vie à un spécialiste de santé permet de chercher à cerner une problématique, essayer pour tenter de la dépasser. Par ailleurs, depuis une cinquantaine d'années, l'expression 'récit de vie' renvoie à une forme particulière d'entretien réalisé dans le champ des sciences sociales : l'entretien narratif. Dans cette acceptation, le 'récit de vie' peut avoir différentes fonctions : une fonction exploratoire, car il permet au chercheur d'explorer un terrain inconnu ; une fonction analytique qui se construit progressivement lorsque le chercheur reprend ses notes ; et une fonction expressive qui permet au chercheur d'illustrer son propos. C'est cette fonction qui est exploitée par Bourdieu et ses collaborateurs dans La Misère du monde (1993), où l'insertion de transcriptions intégrales d'entretiens donne à voir au lecteur de nombreux exemples.
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Dans le cadre de mon mémoire de Master 1, j'ai eu l'opportunité d'explorer et d'expérimenter cette dynamique de formation de soi qu'offre la pratique du récit de vie. En effet, dans ce cadre, j'avais souhaité travailler sur mon parcours de vie afin de comprendre mon engagement dans le monde associatif. Ce travail m'a permis d'éprouver le fait que la pratique du récit de vie au travers de la rédaction d'un journal puisse être créatrice de sens.

Extraits

[...] Selon lui, on retrouve des traces de cette pratique dès l'Antiquité toutefois, comme Rémi Hess5 le souligne : « Dans le domaine de la formation, cette forme d'écriture a été systématisée par Marc--Antoine Jullien dans son livre de 1808, destiné aux jeunes de 16 à 25 ans, sur «?l'emploi du temps?». Il est également intéressant de souligner que la pratique du journal a été largement employée en pédagogie par des figures comme Janusz Korczak ou comme Célestin Freinet. Qu'apporte la pratique du récit de vie au travers de la tenue d'un journal à la formation de soi ? Dans le cadre de mon mémoire de Master j'ai eu l'opportunité d'explorer et d'expérimenter cette dynamique de formation de soi qu'offre la pratique du récit de vie. En effet, dans ce cadre, j'avais souhaité travailler sur mon parcours de vie afin de comprendre mon engagement dans le monde associatif. [...]

[...] La pratique du récit de vie comme outil de formation de soi - Projet de mémoire De prime abord, raconter sa vie peut apparaître comme une pratique banale. En fait, on raconte sa vie en permanence, du moins, la version de sa vie qu'on accepte de partager avec autrui, la version qui permet d'alimenter la conversation. Mais raconter sa vie peut aussi avoir d'autres fonctions, par exemple, cela peut avoir une fonction curative et thérapeutique. Ainsi, dans le cas que je viens de pointer, raconter sa vie à un spécialiste de santé permet de chercher à cerner une problématique, essayer pour tenter de la dépasser. [...]

[...] En effet, je souhaite conserver ces matériaux afin de les mettre en résonance avec mes écrits lors de la phase d'analyse. A l'issue de tous les entretiens, j'examinerai mon journal dans son ensemble afin d'y repérer les traits saillants, par exemple les récurrences dans ma manière de prendre des notes. Ce premier travail sera compléter par une reprise de chaque moment noté et de sa confrontation avec le film réalisé. De cette manière je souhaite pouvoir observer des écarts mais aussi la mise en place de dynamiques dans la manière de faire le récit des moments d'échanges vécus. [...]

[...] Comme nous le rappelle Rémi Hess10 , des penseurs comme John Locke ou Maine de Biran se sont servis de leurs journaux pour élaborer leur pensée, précisant ainsi que «Pour eux, l'espace du journal est un espace de formation de la pensée. ». Peut-on alors imaginer qu'une pratique du journal plutôt 'intime' puisse permettre au chercheur de rendre compte d'une dimension plutôt épistémologique ? Ainsi, est-il possible qu'à partir du récit de son intime, le chercheur soit en mesure d'extraire une pensée susceptible de nourrir la réflexion collective ? [...]

[...] Perspectives de la recherche Ce que j'ai précédemment exposé permet d'étayer l'idée selon laquelle le récit de vie est un outil de formation de soi. En s'enracinant dans la pratique du journal, particulièrement dans celle du journal de moments, le récit de vie permet à celui qui le tient d'accéder à une dimension qui peut relèver de la compréhension et de la connaissance. Ce qui est compris, c'est l'objet dont traite le journal et, cette compréhension de l'objet a une dimension formatrice pour le sujet qui rédige le journal. [...]