français, anglais, langue étrangère, l'apprentissage, langue, stratégies d'apprentissage, langue maternelle, cours d'enseignement, didactique contemporaine, enseignement des langues
« Apprendre une autre langue est un peu comme devenir quelqu'un d'autre » affirmait le philosophe japonais Haruki Murakami. Si c'est reconnaitre là, une spécificité extraordinaire et propre à l'apprentissage des langues étrangères que l'on connait, c'est peut-être aussi soulever un travail inhérent, pourtant souvent mésestimé, d'une distanciation utile autant que nécessaire avec la langue première ou maternelle. Alors que les cours de langue étrangère paraissent toujours pâtir d'un succès très relatif, où seulement un tiers à la moitié des étudiants d'une classe concernée parviendraient à atteindre « un niveau satisfaisant » de la langue (J, J, Asher), remettant en cause régulièrement les stratégies d'apprentissage, le recours à la langue première (L1) semble, lui, toujours s'arroger une place notable dans les processus d'enseignement d'une langue seconde (L2) - on sait aujourd'hui que de nombreuses activités langagières engagées en L2 ne sont pas des activités monolingues - qu'il s'agisse d'un choix pédagogique assumé, d'une nécessité dictée par l'hétérogénéité des parcours et des niveaux ou bien d'un tout autre motif.
[...] L'anglais se trouve, par conséquent, « à l'hypercentre » de l'enseignement linguistique en France. De même, certains linguistes rappellent que l'enseignement de l'anglais à l'école procède davantage d'un « paradigme diffusionniste » (Skuttnab-Kangas, 2000) induisant un rapport particulier à ses formes d'apprentissage. Parallèlement donc à une vision aujourd'hui largement acceptée du « déclin de l'universalisme français », une idéologie nationale déclinante bien que résistante notamment lors des réactions majoritaires quant à l'exposition massive à l'anglais, a progressé une hégémonie de l'outil anglais qu'il est convenu d'embrasser pour « avancer progresser ». [...]
[...] Cette notion, sous-jacente, place d'emblée les deux langues dans des sphères d'emprunt différentes. La notion de langue seconde que nous emploierons fréquemment ici, fait, à l'inverse, référence, toujours selon le dictionnaire Mc Millan, à « a langage that you speak but that is not your main language» (Macmillan). Il s'agit donc de la première langue étrangère dont une personne fait l'acquisition en plus, ou à coté de sa langue première. Dans une plus large mesure, nous mobiliserons également les notions de langue cible pour caractériser les mouvements cognitifs émanant d'une langue source et visant à conceptualiser des observations ou procédés généraux. [...]
[...] D'autre part, les différences émergentes entre les contextes d'apprentissage, faisant notamment se distinguer les contextes d'enseignement bilingue, ceux d'une langue étrangère et ceux d'une L2, constituent un premier effeuillage significatif quant à l'impact et au mode d'apprentissage et d'enseignement d'une langue étrangère en France. Mark Warford démontre, par ailleurs, que la notion de « dominance » d'une L1 ou d'une L2 impactera différemment l'apprentissage d'élèves dont l'une de ces langues constitue la langue maternelle ou bien la langue d'apprentissage. Bien qu'il s'agisse ici, de façon subliminale, d'une allusion à des contextes anglophone ou plurilingue caractéristiques d'Amérique du Nord, la question se pose tout de même entre la L1 d'origine et la L2 d'apprentissage ou d'approfondissement théorique, au cas par cas, pour les apprenants. [...]
[...] Il affirme encore le rôle de booster de compétences ou d'« assisted performance » (Ohah, 2001) pour les locuteurs d'une L2 ayant recours à leur L1. De même, les travaux empiriques de Upton (1997, 1998) ont mis en évidence le lien existant entre le degré de maitrise d'une langue étrangère et l'appui cognitif sur la langue maternelle, « reliance on the first language as the language of thought decreased as proficiency in the L2 increased » apportant des clés au dosage possible entre L1 et L2 en fonction du niveau acquis des apprenants. [...]
[...] Krause, & H. Brown (Eds.), JALT2014 Conference Proceedings. Tokyo: JALT CARSON, Eleanor (2015). Student and teacher (mis)matching L1 preferences over time, in P. Clements, A. Krause, H ; Brown (eds.), JALTS 2014, Conference proceedings, Tokyo, JALT. https://www.researchgate.net/project/Student-Preferences-Teacher-Beliefs-on-L1-FL-Use-in-the-EFL-Class. [...]
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