Un enfant sur deux, aujourd'hui, est hospitalisé au moins une fois avant l'âge de 15 ans et chaque année, plus d'un million d'entre eux subissent une intervention chirurgicale. L'arrivée dans l'univers hospitalier demeure toujours, pour les parents comme pour les enfants une source d'inquiétude et d'angoisse. Or, les soignants, sont parfois, pris dans l'engrenage du travail qui est très intense, et ne mesurent peut–être pas assez la déchirure de l'enfant et des parents par rapport à leur vie quotidienne quand l'enfant entre à l'hôpital. De plus, la priorité de l'hôpital et des soignants est de protéger la vie, ils vont combattre la maladie, la faire reculer et quand la maladie gagne, c'est le personnel soignant qui est vaincu. Les soignants, pris dans leurs objectifs, oublient parfois que l'enfant est une personne à part entière issue d'une famille spécifique avec un vécu, des sentiments, des peurs. Lors de mon stage à responsabilité, j'ai pu observer que l'hospitalisation a des effets différents selon l'enfant: agressivité, passivité, tristesse, pleurs, anorexie… Mais tous, en partie, avaient un point commun, le plaisir d'aller jouer, de s'évader dans la salle de jeux avec l'éducatrice. Ainsi, un matin en arrivant un peu avant l'ouverture de la salle de jeux, j'ai surpris les enfants assis dans le couloir, entrain de discuter et d'attendre notre arrivée. Une infirmière passe dans le couloir. A…., 6 ans, demande alors: « c'est quand qu'elle ouvre la salle de jeux ? » L'infirmière répond : « Bientôt, M…. et S…., l'éducatrice de jeunes enfants et la stagiaire, vont arriver ». Je m'avance alors et je leurs dis bonjour. Ils se lèvent. Je leur explique alors: « vous allez attendre encore quelques minutes, juste le temps, pour moi, d'installer la salle ». Les enfants me regardent. C…, 10 ans dit « on peut t'aider à installer, ça ira plus vite . ». Je leur réponds « oui, si vous voulez. » A la suite de cette observation, je me suis alors interrogée sur la place de la salle de jeux et de l'éducatrice pour l'enfant hospitalisé et sa famille. Ces deux éléments permettent-ils d'humaniser ce lieu où la souffrance, l'angoisse, la maladie, les soins, la mort résident ? La salle de jeux avec l'éducatrice de jeunes enfants représentent-elles des moyens pour l'enfant de se construire des repères, une sécurité affective au milieu de tous ces soignants ?
[...] De plus, j'ai pu m'apercevoir que l'intervention de personnes extérieures favorise la dédramatisation du milieu hospitalier, mais c'est surtout une initiation à la découverte du château. Il est important de souligner que l'expression élective de l'enfant est le jeu. Les enfants participant à ces activités ont en général entre 3 et 15 ans. L'enfant de 3 à 7-8 ans est capable avec l'accompagnement de l'adulte de s'évader de cet espace qui ne lui convient pas pour se réfugier dans son monde à lui. C'est le royaume de l'imaginaire, de l'invention. [...]
[...] Le jeu est considéré par les éducateurs de jeunes enfants comme l'activité la plus sérieuse des enfants et la plus importante. En effet le jeu permet : l'aménagement de la distance, des séparations : à partir du moment où l'enfant prend conscience de la séparation, c'est-à-dire à partir du moment où il sait qu'il est un corps séparé de sa mère, il va jouer la séparation, la distance. Il va mettre en place des jeux. Pour Winnicott à cet instant, il y a un espace qui existe entre soi et l'environnement qui n'existait pas auparavant : l'aire transitionnelle. [...]
[...] Ceci permet de développer le goût de l'enfant, et de réaliser lui- même ses repas et parfois de connaître de nouveaux produits alimentaires. En effet, dès la naissance, le bébé préfère déjà la saveur sucrée au salé, à l'amer ou à l'acide. La gustation, chez le bébé, est déjà développée. In utero, le bébé avale le liquide amniotique qui n'a pas toujours la même saveur selon ce que la maman a mangé. Il en est de même lors de l'allaitement, pour le lait maternel. [...]
[...] Le rôle de l'éducateur est donc de mettre en confiance les parents, de répondre à leurs inquiétudes, dans la limite de ses compétences. Il est essentiel que l'éducateur de jeunes enfants soit capable de prendre des distances, face aux questions que les parents peuvent poser et ainsi amener les parents à se diriger vers d'autres professionnels compétents et donc de passer le relais. L'accueil permet aussi d'expliquer, d'informer l'enfant et ses parents, de dédramatiser la situation sans pour autant nier la gravité réelle de la maladie, en essayant de faire ressortir les points positifs de l'hospitalisation et en mettant en valeur les compétences et les progrès de l'enfant. [...]
[...] Veiller à laisser la parole à chaque personne, ne pas vouloir imposer son idée. Cette attitude aide à aller plus loin dans la réflexion. S'il y a du respect entre les collègues, s'il y a une bonne ambiance de travail, il est plus facile de respecter les parents et les enfants. Nous ne sommes pas obligés de nous aimer pour travailler ensemble, mais de se respecter et de donner une juste place à l'autre. Ce qui est intéressant dans un travail d'équipe est de connaître et de reconnaître les qualités de chaque personne et de savoir les utiliser. [...]
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