Ce mémoire s'appuie sur l'expérience que j'ai vécue pendant mon stage long, réalisé au sein d'un foyer d'accueil d'urgence des Foyers de l'Enfance des Alpes Maritimes. J'ai pu me rendre compte que la notion d'autorité était récurrente dans la prise en charge du jeune enfant placé : réprimandes régulières, rappel du cadre, des règles. A ce propos, je me souviens d'une mère qui présentait son enfant en disant : « Il ne m'écoute pas, il fait ce qu'il veut. » Ce type d'observations émane aussi des éducateurs de terrain qui tentent quotidiennement de faire respecter une certaine paix sociale dans la structure.
En effet, la plupart des jeunes enfants placés manquaient de repères ; d'un cadre sécurisant nécessaire à leur épanouissement. Les situations familiales, souvent complexes, se répercutent sur les enfants. Les dossiers de suivi mentionnent presque systématiquement des carences éducatives qui illustrent les difficultés parentales à offrir à leur(s) enfant(s) un cadre de vie sécurisant et notamment en terme d'autorité.
Au cours de mes premières semaines de présence sur ce terrain, j'ai pu observer que les professionnels de l'équipe éducative faisaient preuve de beaucoup de fermeté auprès des enfants dont ils avaient la charge. En effet, il m'a semblé que le maître mot de la prise en charge du public accueilli était le cadre. Cependant, je fus surpris de constater que les pratiques éducatives véhiculant l'autorité adulte semblaient parfois frôler l'autoritarisme.
Les réflexions sur l'exercice de l'autorité, qu'elles proviennent des échanges avec les familles ou des professionnels de la structure, demandent une analyse des éléments et des mécanismes qui sont en jeu.
Cela me permettra de mieux pouvoir évaluer l'importance et la subtilité de l'autorité. Par le mot « autorité », je n'entends pas seulement le statut de la personne qui en est la garante, mais également les différents éléments qui interfèrent dans la relation éducative et qui rend ce thème si complexe. Je pense notamment au positionnement des professionnels concernant ce sujet : leurs postures, les mots employés, les attitudes vis-à-vis des enfants. Ma position de stagiaire m'a donné la possibilité de pouvoir me questionner quant à mes propres pratiques ainsi qu'à mon positionnement d'éducateur de jeunes enfants au sein de l'équipe. Ma spécificité professionnelle me permet de penser l'autorité en termes de confort, de sécurité et d'interactions dans le groupe.
Dans ce mémoire, je vais essayer de démontrer pourquoi et comment penser l'autorité afin que cette dernière soit rassurante et structurante pour le développement et l'épanouissement de l'enfant ; le but est qu'il devienne un être actif et trouve sa place dans la vie sociale.
Ce sujet est très vaste et j'essaierai de l'analyser avec le regard professionnel de l'éducateur de jeunes enfants.
[...] Dolto disait que la castration était . un processus qui s'accomplit chez un être humain lorsqu'un autre être humain lui signifie que l'accomplissement de son désir sous la forme qu'il voudrait lui donner est interdit par la loi Dolto a apporté une pierre supplémentaire à la notion de castration en parlant de castrations symboligènes. Par ce mot, elle signifie que les castrations sont structurantes pour l'enfant, elles l'ouvrent sur un ailleurs, elles le font grandir en lui procurant des bénéfices secondaires maturants. [...]
[...] Ainsi, cette socialisation a lieu dans un climat affectif. Ainsi comme le disaient Berger et Luckmann : Quels que soient ces derniers, [les personnes s'occupant de l'enfant et à qui il s'identifie], l'intériorisation n'apparaît qu'avec l'identification. L'enfant prend en main les rôles et les attitudes des autres significatifs, c'est-à-dire qu'il les intériorise et les fait siens. Et grâce à cette identification aux autres significatifs l'enfant devient capable de s'identifier lui-même, d'acquérir une identité subjectivement cohérente et plausible Ainsi, l'enfant construit son identité, son Moi en fonction des attitudes des personnes qui s'occupent de lui. [...]
[...] Il ajoute que les enfants doivent une obéissance absolue à l'autorité représentée par les adultes : les adultes ont forcément raison. Cependant, la réalité sur le terrain est parfois tout autre. En effet, les répercussions d'un parent manquant peuvent laisser paraître de la part de certains enfants la remise en question de cette autorité absolue qui selon moi, est discutable que l'enfant s'approprie peu à peu. Comme je l'ai présenté dans la partie précédente, le mot autorité vient du latin augere qui signifie augmenter, accroître. [...]
[...] Or, je me suis rendu compte qu'en développant mon argumentation l'autorité trouvait son intérêt dans la relation qu'elle suscite. Les notions s'enchevêtrent, se croisent, se complètent. Toutefois, les différentes caractéristiques de l'autorité laissent transparaître qu'elle est une contrainte nécessaire pour l'épanouissement de l'individu. L'autorité est paradoxale dans le sens où fait appliquer une limite libératrice pour l'enfant. Pour qu'un enfant se différencie, qu'il devienne lui, il doit se confronter à cette autorité obligeante, mais bienveillante. Le jeune enfant expérimente l'affrontement entre le plaisir et la réalité. [...]
[...] L'observation et l'accompagnement L'observation porte sur l'adaptation et l'intégration des usagers dans un groupe, leur comportement, leur évolution et leur autonomie. Sont également pris en considération, les actes de la vie quotidienne, la participation aux activités, la relation avec les adultes et les autres jeunes, la scolarité, l'évolution de la problématique familiale et la santé. Ces éléments doivent permettre de cerner les potentialités et les souhaits de la personne hébergée pour l'accompagner au mieux dans la réalisation du projet ou de l'émergence de ce dernier. [...]
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