La lecture est au cœur, certes, du cours de français, de tous les cours que suivent les élèves, mais aussi de la vie quotidienne. Cependant, nous ne pouvons que constater une déperdition de la lecture, ou tout du moins une démotivation. Les enquêtes consacrées à la lecture des livres dans la population en général et chez les jeunes en particulier corroborent ce constat en dessinant, depuis une vingtaine d'années, une courbe à la baisse. Force est de constater que nombre d'élèves rechignent à lire : la lecture est pour eux source de contraintes, une obligation instaurée par l'institution scolaire.
En tant qu'enseignantes de français, nous avons ainsi pu, à plusieurs reprises, observer, dans nos classes respectives de quatrième et de seconde, de nombreuses réactions négatives de la part des élèves face à l'annonce d'une lecture d'œuvre intégrale. Celles-ci semblaient alors réunir des sentiments divers, allant de l'indifférence totale, manifestée par un silence significatif, à une forme de répulsion assez violente (« Encore ? Oh non, madame, je déteste lire ! »), en passant par l'appréhension (« Il fait combien de pages ? »), la crainte (« Il va falloir le lire en entier ? ») ou l'aveu d'impuissance (« de toute façon, je n'y arriverai pas, je ne comprends rien quand je lis »). Il s'agit alors pour le professeur de français de s'interroger sur ce malaise face à l'acte de lire, voire au refus de lire.
Pour autant, et Daniel Pennac le rappelle dans son essai Comme un roman, tout enfant, dans ses premières années, aspire de façon assez naturelle à ce qu'on lui raconte des histoires et éprouve du bonheur à être ainsi dépaysé. De plus, les mangas, les bandes dessinées, les best-sellers pour adolescents inspirent un engouement certain. Il apparaît donc bien que si la jeunesse lit moins, elle lit. La forte tendance au rejet de la lecture scolaire ne semble pas induire celui de la lecture personnelle. Ces éléments nous ont engagées à émettre l'hypothèse non pas d'une « crise de la lecture », mais peut-être plutôt d'une mutation dans le rapport des jeunes aux livres. Quels événements ont donc pu perturber ce plaisir initial ?
Il convient donc de s'interroger ici sur les causes du désinvestissement des élèves dans la lecture au cœur même de l'institution scolaire, et ce, dans la perspective plus large de la relation qu'entretiennent, de manière générale, les jeunes avec la lecture, et de réfléchir par là même à l'apprentissage de la lecture en classe de français.
Après avoir pensé l'importance et les enjeux de la lecture, nous tenterons d'analyser, à partir des questionnaires traités, les pratiques et les difficultés de lecture. À partir de là, nous proposerons des pistes de remédiation susceptibles de motiver la lecture et de susciter le goût de lire.
[...] Lors de la remise et de la découverte des livres, des voix se sont élevées. L'écriture leur semblait incompréhensible les mots trop compliqués les phrases trop longues Face au découragement de certains et afin d'anticiper sur de probables démissions une fois le livre en mains chez eux j'ai pris l'initiative d'improviser une séance de lecture à voix haute. J'ai demandé aux élèves de fermer leur livre et de se contenter d'écouter. Un silence quasi religieux a régné tout au long de la lecture, et ce, en dépit de l'horaire (en dernière heure du vendredi avant les vacances de la Toussaint ! [...]
[...] Ce qui est essentiel aujourd'hui est d'habituer les élèves à réfléchir aux enjeux du texte en leur posant des questions qui doivent fédérer l'enseignement : pourquoi ce texte a-t-il été écrit ? Quel est l'intérêt de ce passage ? Pensons en ce sens à un cas pratique observé en classe de seconde. Lors d'une séance d'aide individuelle, je devais revoir avec Gaëtan la manière de construire un petit paragraphe de commentaire littéraire. Il s'agissait du poème Soleil couchant de Victor Hugo, extrait des Contemplations. [...]
[...] Si d'un côté, les filles semblent favoriser les romans de jeunesse ( 23.7 les romans d'amour ( 21.1 puis les romans d'aventures ( 18.4 les garçons affichent clairement leur prédilection pour les romans fantastiques ou d'héroïc-fantasy ( 37.9 tout en appréciant les romans d'aventure ( 20.7 et de science-fiction ( 13.8 Pas un de ces derniers, en revanche, n'a cité les romans d'amour, et un seul a mentionné la littérature de jeunesse. Et inversement, seuls des filles affirment lire des romans fantastiques. On remarque donc que le type de lecture personnelle est pluriel, et incontestablement déterminé par le sexe. [...]
[...] En effet, on remarque que des filles ont une représentation positive des livres, mais que d'entre elles seulement n'ont pas répondu à la question 15 et estiment par là même être des lectrices accomplies. Certaines semblent donc être influencées par une forme de sacralisation de la lecture que la société, et l'école en particulier, tend à générer. Les garçons, eux, paraissent davantage indifférents à cette image valorisante de la lecture et n'hésitent pas à affirmer leur indifférence. Une réelle crise de la lecture toucherait donc près d'un tiers des élèves, et principalement des garçons. [...]
[...] de Balzac, Etudes philosophiques : Louis Lambert, Albin Michel - Patrick Demougin, Lecture privée, lecture scolaire, La question de la littérature à l'école, CNDP - Annie Rouxel, Enseigner la lecture littéraire, PUR Christian Baudelot, Marie Cartier, Christine Detrez, Et pourtant ils lisent , Seuil p Idem, p Daniel Pennac, Comme un roman, collection Folio, Gallimard ch et 4. Pierre Gamarra, La lecture : pour quoi faire ? Le livre et l'enfant, éd. Castermann p J. Paulhan, Eléments, Mesures Cette notion est analysée par Michel Picard dans La lecture comme jeu, Les Editions de Minuit Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Combray Paris, Gallimard, Coll. " Folio " pp. 105-106. [...]
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