Je suis étudiant en Master « Accompagnements Professionnels et Coaching ». Ce travail s'inscrit dans le cadre de ce parcours et vient y mettre un terme.
Je suis aujourd'hui un professionnel de l'intervention et ce statut n'est pas un état, il est un processus : comme tout professionnel des relations humaines, il est fondamental et dans un souci de professionnalisation inachevable, de questionner ses pratiques. Des réseaux de labellisations et des instances de supervision viennent répondre à cette exigence professionnelle, afin de ne jamais s'enfermer dans des certitudes, pour être un professionnel réflexif.
Ce travail a comme point de départ la thématique suivante : « habiletés et ingéniosités dans l'accompagnement ». Ces termes viennent questionner mes pratiques. Une question vive se pose : comment faire preuve d'habiletés au cours d'un accompagnement ? Qu'est ce que cela engage ?
Au cours de ce travail de problématisation j'ai pu isoler deux termes contraires mais pourtant inséparables l'un de l'autre dans ma posture d'accompagnateur : L'implication et la distanciation.
L'implication agit en chacun de nous, elle est de l'ordre du replié. Dans l'accompagnement, elle peut favoriser une écoute intropathique et donner des indices et du sens sur le discours de l'accompagné.
L'implication est en lien avec la distanciation, forme de détachement. J'ai compris combien ce double processus d'implication-distanciation était fondamental pour faire vivre les problématiques du sens chez l'accompagné et que d'autre part, il fait partie intégrante du travail de professionnalisation chez l'accompagnateur.
L'axe articulatoire de ma problématique est le concept de réflexivité, comme un troisième terme qui s'est rendu indispensable pour faire vivre ces contraires. La réflexivité est au théâtre des habiletés en ce sens qu'elle prépare un terrain favorable à leurs émergences.
Au cours de ce travail autour de mon personnage professionnel, je dialectiserai expériences pratiques et savoirs théoriques pour montrer en quoi le concept de réflexivité est au cœur des habiletés mais également au cœur de ma posture professionnelle.
[...] Seul un travail de réflexivité omniprésent, se mouvant dans un processus d'implication- distanciation, permet de mener à bien une relation éducative, dans une logique d'accompagnement. Il importe donc de cultiver la surprise devant la complexité vivante. C'est pour cette raison que la surprise (entendu comme être surpris par les propos de l'accompagné), est pour moi un indicateur d'implication. Je rappelle que la distanciation ne peut se penser que dans un va-et- vient équilibré avec l'implication. Le dispositif de médiation (réflexivité) aura alors, lui aussi, pour fonction de préparer le terrain aux habiletés, de faire que le désir crée une ouverture vers le champ des possibles. [...]
[...] Le doute est moteur dans ma pratique. Ce soupçon me permet d'être sans cesse dans le mouvement, dans l'agir. Dans une réflexivité en mouvement, constamment. Alors rien n'est acquis et ni expériences, ni théories ne permettent d'appréhender totalement la complexité humaine. Mon processus de référenciation me sert seulement d'étayage dans l'agir et la nature savante de ces savoirs n'autorise en aucun cas de les appliquer tel quel sur le sujet. Le travail d'évaluation doit se situer là, en permanence, car chaque instant d'un accompagnement est singulier. [...]
[...] Autrement dit encore, faire un avec l'accompagné, faire corps avec lui. En étudiant l'intelligence des travailleurs en situation à travers la psychodynamique du travail, Christophe Dejours argumente sur un cas concret : la scène représente des ouvriers jouant aux scrabbles dans une salle de contrôle tout en écoutant, en fond, les sons de la salle de contrôle (vibrations, alarmes périodiques, ronronnement des installations, etc.). Il affirme que cette attention auditive ne s'enseigne pas : La découverte du jeu de scrabble comme régulateur du comportement dans la conduite du process ne relève pas d'un calcul théorique. [...]
[...] Comme chez les habiletés dans l'accompagnement, l'implication ne peut être explicitée, puisqu'elle nait au cœur de l'action. Mencacci (2006) affirme que ces habiletés en situation ne font l'objet d'aucun enseignement dans les instituts de formation Et il parait effectivement difficile de théoriser et de transmettre ces formes de savoirs (lorsqu'on admet la complexité du sujet), car ils sont par nature abstraits et sont en réalité que le fruit d'une capacité d'adaptation de la part des praticiens, dans un contexte singulier et à un moment T de l'entretien. [...]
[...] Et seule une posture réflexive omniprésente dans l'agir permet cet équilibre et ce processus d'implication-distanciation en mouvement. Ce processus maintenu en mouvement par la force réflexive me permet d'être ( ) sans cesse prêt à bondir ( ) et ainsi saisir l'instant opportun pour questionner l'accompagné en vue de le faire problématiser, tel ( ) l'homme de barre ruse avec le vent pour mener, en dépit de lui, le navire à bon port. (Détienne M., Vernant JP., 1974). Les habiletés s'exercent sur un terrain chaque fois unique car mouvant. [...]
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