Maître, conditions d'écoute, classe, moyens verbaux, rapport d'intériorité, rapport de continuité
Si les programmes du ministère de l'Éducation nationale nous renseignent sur les contenus d'enseignement, ils ne nous disent rien sur les moyens d'enseignement, sur la posture à adopter, celle-ci étant du ressort du maître, qui subit à la fois comme un avantage et un fardeau la liberté pédagogique. Le jeune enseignant stagiaire que je suis aurait en effet aimé être guidé par les instances officielles, et sans les conseils et remarques de mes formateurs, il aurait été difficile de trouver vite l'attitude à adopter pour gérer ma classe efficacement et faire mon métier sereinement.
[...] Sans toute cette mise en scène, je vois mal comment d'une part créer des situations motivantes et d'autre part faire comprendre certaines choses. Ainsi le geste constitue un moyen non verbal important pour créer des conditions d'écoute, et il peut se substituer au langage ou l'illustrer, qu'il s'agisse de faire respecter son autorité ou de véhiculer des contenus de connaissance. Le regard. Le regard est également utile à bien des égards et permet de soutenir le langage, voire d'en faire abstraction. [...]
[...] Je recueil les questions et y réponds. Ces quatre étapes et la dernière en particulier conditionnent la sérénité du travail à venir et permettent de laisser les élèves en autonomie dans le cas de la gestion d'un double niveau. Ces différentes étapes impliquent une mise en scène du corps du maître: posture statique et frontale, sourcils relevés, débit vocal lent et voix posée, assez basse. Mais avant même de donner la consigne, il faut que les élèves soient en position d'écoute, prompts à recevoir la consigne. [...]
[...] Avec mes élèves de CE1, je précise désormais mes consignes et prends en compte les éléments matériels (type de stylo, nombre de lignes à sauter, nombre de carreaux pour le décalage, sens de la feuille . ) et pour les maternelles que j'avais en groupé, je commençais par présenter le matériel. Aussi, sous les conseil de mon Maître Formateur, je pose ma consigne en quatre temps: Je donne la consigne. Je répète la consigne en la décomposant. Je fais répéter la consigne plusieurs fois par plusieurs élèves. [...]
[...] J'étais stupéfait de voir autant de mouvement, et j'ai compris combien cela était crucial en terme d'autorité et savoir à la fois. En jouant sur le déplacement et la posture statique alternés, j'ai créé des conditions d'écoute bien plus importantes. Pujade Renaud écrit: « grâce à son privilège de la mobilité, le maître évolue dans son territoire en amenant les élèves à le suivre tout à la fois dans son discours et dans son parcours. Le bricolage pédagogique recourt éventuellement à un jeu de cache-cache autour de « se donner à voir- se soustraire aux regards ( . [...]
[...] En d'autres termes, le fait d'avoir une voix puissante et un physique imposant ne sont des raisons ni nécessaires ni suffisantes pour maintenir le calme et se faire obéir dans la classe. Taille, force, virilité sont des critères objectifs de puissance, et en tant que tels ils n'expliquent pas sans l'usage qu'on en fait les raisons qui font qu'une séance fonctionne dans le calme. Le jeune professeur que je suis a forcément eu ce genre de pensée qui est un refuge dans la facilité: en voyant mon formateur poser la classe avec deux mots et un geste. [...]
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