L'année dernière, recruté sur liste complémentaire, j'ai effectué un remplacement long de début décembre jusqu'à la fin de l'année scolaire. La particularité du poste était d'être situé sur quatre écoles pour remplacer quatre directeurs. L'emploi du temps de l'une des classes, des élèves de CM2, était celui-ci : le matin : conjugaison, géométrie ; l'après-midi : poésie, lecture, interprétation d'un roman, travail sur l'hebdomadaire de l'école. D'emblée cette
classe s'est révélée être très difficile à gérer.
Pour la poésie, l'instruction qui m'avait été donnée était de faire copier un poème aux élèves, puis de le faire réciter la semaine suivante. J'aime lire la
poésie jouant avec les mots comme celle de Raymond Queneau, Robert Desnos, Claude Roy ou Pierre Coran. J'ai donc commencé à lire et à faire réciter aux
élèves des poèmes de ces auteurs. Cette façon de faire ne me satisfaisant pas, dès la troisième séance, j'ai commencé à proposer à la classe une situation d'atelier d'écriture. La séance, devenue pratiquement hebdomadaire, s'articulait en deux
étapes : une phase d'écriture à partir d'une contrainte, suivie d'une lecture de chaque texte à l'ensemble de la classe. Je me suis rendu compte que cette séance était devenue un moment important de la journée, qu'elle était attendue et appréciée par les élèves, alors même que cette journée était caractérisée par la difficulté à obtenir un calme relatif et la mise au travail des élèves. Il m'a semblé que cela pouvait contribuer à favoriser un meilleur climat au sein de la classe avec une gestion un peu plus facile de la discipline, et donc un meilleur travail. Cet aspect positif, ajouté au plaisir personnel de jouer avec la langue, -
l'orthographe a pour moi toujours été un jeu, avec notamment la participation à plusieurs demi-finales des championnats d'orthographe (les feus Dicos d'Or),m'a incité cette année en tant que nouveau professionnel à approfondir mes connaissances sur les ateliers d'écriture et leur utilisation possible à l'école. En effet, écrire au cycle 3 est un des éléments essentiels des programmes de 2002 :
« La pratique de l'écriture poétique développe la curiosité et le goût pour la poésie. Elle doit essentiellement se présenter sous forme de jeux combinant l'invention et les contraintes d'écriture » (p. 190). Pour autant, il me semble que
ces jeux d'écriture au sein d'un atelier mené régulièrement sont des moments d'apprentissage non directement "scolaires", qu'il ne faut pas nécessairement relier explicitement aux activités d'orthographe, de grammaire et de conjugaison.
En partant de cette hypothèse, je me suis demandé alors ce que l'écriture dans les ateliers d'écriture pouvait apporter aux élèves, notamment dans le cadre d'une mise en pratique hebdomadaire en stage filé avec une classe de CM1-CM2, avec la problématique suivante : si les ateliers d'écriture supposent liberté et non « scolarisation », dans quelle mesure peut-on justifier leur mise en place dans le
cadre scolaire ?
Pour tenter de répondre à cette question professionnelle, dans un premier temps, je donnerai un rapide aperçu historique des ateliers d'écriture. Dans un second temps, à partir des séances menées en stage filé, je ferai le lien entre aspects
pratiques et aspects théoriques. Cela me permettra, dans une troisième phase, d'apporter des éléments de réponse à la question posée.
[...] - Séances 16: Jeu de collages, à partir de fables (cf Annexe A partir de journaux et magazines qu'ils ont feuilletés, les élèves ont coupé et collé des mots sur une feuille pour reconstituer un nouveau texte. A partir d'une fable de La Fontaine, les élèves ont remplacé les mots par d'autres ayant une sonorité proche. Exemple : Maître Oiseau sur une branche perché, tenait dans son plumage une myrtille, Maître Moineau par sa vue perçante (Océane) Cette présentation des séances met en évidence la variété des travaux réalisés. [...]
[...] Les textes étaient ensuite archivés dans un classeur à disposition des élèves. J'avais choisi de taper moi-même l'ensemble des textes chaque semaine. En effet, le temps qui m'était imparti ne permettait pas que les enfants saisissent eux-mêmes leurs textes. En le faisant, j'étais sûr de pouvoir donner à toute la classe la semaine suivante les textes écrits. Je rassemblais tous les textes d'une séance sur une ou plusieurs pages selon leur longueur et j'essayais de soigner la mise en page pour que la lecture soit attractive : textes précédés du ou des prénoms des enfants, textes aérés, couleur, etc. [...]
[...] Les autres élèves le remarquaient d'ailleurs aussi. L'enseignant peut évaluer à partir de critères liés aux savoirs : connaissance de tournures syntaxiques variées, des expansions du groupe nominal, enrichissement du vocabulaire, utilisation des effets sonores, visuels des textes poétiques, mais aussi à partir de critères liés au savoir-être : investissement dans un travail d'écriture, affirmation de sa personnalité et prise de confiance en soi. Je n'ai pu que percevoir certains de ces aspects puisque c'est l'enseignante titulaire de la classe qui a conduit la majorité des apprentissages Analyse des séances 4.1 La discipline de la classe Dans le cadre du stage filé, la présence de l'enseignant une journée par semaine dans l'école ne permet pas d'aborder la discipline de la classe sous les meilleurs auspices. [...]
[...] Les deux auteurs expliquent en détail quels sont les principaux acteurs des ateliers d'écriture en France. - L'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) Les membres fondateurs de l'Oulipo ont créé les premiers ateliers d'écriture. Réunis dès 1960 autour de Raymond Queneau, poète, mathématicien et romancier, et de François Le Lionnais, mathématicien amateur de littérature, les membres de l'Oulipo ont dès le départ eu pour objectif d'ouvrir la voie à de nouveaux modes d'écriture. Pour cela, ils ont inventé des séries de jeux d'écriture qui stimulent l'imagination grâce à la mise en place de contraintes ou de règles précises. [...]
[...] Dans le cas des ateliers d'écriture, la contrainte est présente et forte. L'effort à fournir est également important. Pendant la phase d'écriture, les élèves cherchent des mots, jouent à créer des phrases. Cela demande de la concentration, cela favorise l'imagination et développe ses capacités d'invention. Cela requière souvent l'utilisation d'un dictionnaire, parfois en continu, et j'ai constaté avec surprise que le jeu S + 7 était fort apprécié des élèves. Suzanne Christophe dans Jeux poétiques et langue écrite (1996, Armand Colin) cite le psychologue Henri Wallon : le jeu n'est pas essentiellement ce qui ne demanderait pas d'effort à l'encontre du labeur quotidien, car il peut appartenir au jeu d'exiger et de libérer des quantités beaucoup plus considérables d'énergie que ne pourrait le faire une tâche obligatoire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture