S.BOIMARE et F.DOLTO ont chacun consacré un ouvrage sur l'échec scolaire.
La problématique initiale est la même : pourquoi des enfants ‘intelligents' refusent-ils d'apprendre ?
Deux contradictions majeures sont présentes dans cette problématique. D'une part, il y a une contradiction pédagogique : des sujets en difficulté face à une tâche d'apprentissage, alors qu'ils ont le potentiel manifeste d'y entrer. D'autre part, on trouve une contradiction didactique : là où l'intervenant a été préparé pour réussir, il échoue (se trouve confronté à des conduites d'échec).
Face à ces contradictions, les approches de S.BOIMARE et F.DOLTO sont différentes.
S.BOIMARE se réfère à la psychopédagogie, et va se consacrer à la recherche d'une méthode spécifique face à ces enfants en difficulté d'apprentissage.
F.DOLTO se réfère plutôt à la psychanalyse. Elle va chercher à expliquer les raisons des ‘blocages' des enfants face aux apprentissages, avant de trouver des solutions.
Je propose dans cette note de recherche d'examiner les points spécifiques relatifs à chaque auteur et ceux sur lesquels ils se rencontrent, afin de voir si leurs deux approches ne sont finalement pas compatibles, voire complémentaires...
[...] Guillaume : il rejette l'opération intellectuelle qui nécessite la construction et la recherche. L'apprentissage nécessite pour lui d'abandonner ce sur quoi son organisation psychique repose. Il met en place une stratégie anti-pensée, pour protéger son équilibre précaire. Une forte curiosité sexuelle le taraude et l'empêche d'aller vers des connaissances plus socialisées. Grâce à la lecture d'un combat d'anthropophages, qui reste dans le champ de ce qui perturbe l'enfant (les origines, la mort), il va acquérir une capacité nouvelle pour traiter l'information. [...]
[...] C'est autour de la souffrance de la jalousie, que l'on peut montrer aux enfants que les adultes sont des êtres mouvants, qui ne détiennent pas la vérité. Il est important de faire sentir la différence entre des relations affectives familiales et extra familiales. A travers la situation triangulaire, grandir prend un sens. Certains parents font régresser leurs enfants, à l'époque périmée de la confusion ‘papa-maman', alors qu'ils doivent faire en sorte de tracer pour l'enfant des possibilités de chemin vers la société. [...]
[...] La nécessaire complémentarité de la clinique et de la pédagogie. On peut associer à la dynamique de l'échec, le refus de grandir et la peur d'apprendre, associés à une grande vulnérabilité du moi. Les mouvements de grandir et de penser se déroulent entre deux pôles : la capacité d'identification et la capacité de sublimation. A chaque étape du développement, l'enfant est partagé entre le principe de plaisir et le principe de réalité, principes au sein desquels se jouent les capacités d'identification et de sublimation Le pôle de l'identification et le complexe d'Oedipe. [...]
[...] La personnalité se constitue et se différencie par une série d'identifications. Dans les contes de S.BOIMARE, c'est autour des héros de la mythologie, que se fait l'essentiel des identifications des garçons dont il s'occupe. Les angoisses primaires inscrites dans un scénario donnent aux enfants une forme pour les mettre en image. Ces trois concepts permettent d'associer la compréhension de l'échec à des références de psychologie clinique autour de la construction du Moi, dont on a vu, chez les enfants dont s'occupe S.BOIMARE, les conséquences d'une élaboration archaïque. [...]
[...] La dynamique de l'échec renvoie à une position ambivalente : d'un côté, le refus d'apprendre, le rejet de l'institution et de ses règles, la fuite dans l'imaginaire ; de l'autre côté : le désir d'aller vers l'apprendre, et tentative de trouver une image unifiante de soi. Ce dernier aspect présente des atouts sur lesquels on peut s'appuyer. Ce passage entre pédagogie et clinique peut aussi être entendu dans l'espace qui existe entre l'aspect cognitif, et l'aspect affectif des situations d'apprentissage. J.BRUNER, dans Culture et modes de pensée, a consacré un chapitre sur la relation entre pensée et émotion : conséquences de l'état émotionnel ou de la motivation, sur la pensée, comme apprentissages et résolutions de problèmes. [...]
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